LOUVRE ABU DHABI, UN MUSÉE POUR LES NOUVEAUX RICHES ?

Le -très attendu- Louvre Abu Dhabi, inauguré ce 7 novembre, fait débat. Les Émirats Arabes Unis sont pointés du doigt, accusés notamment de vouloir en mettre plein la vue en achetant à coups de pétrodollars une culture qui n’est pas la leur. Shoelifer ne partage pas cet avis et vous dit pourquoi, en 5 points.

1. Une médina-musée signée Jean Nouvel

On a beaucoup parlé du coût, astronomique, du « Louvre du désert », qui avoisinerait les 600 millions d’euros et des retards du chantier, l’ouverture du musée était initialement prévue pour 2012. Mais l’attente en valait la chandelle, et le résultat est époustouflant. Un musée d’eau, de pierre, de métal et surtout de lumière, conçu par l’architecte français Jean Nouvel, qui a, faut-il le préciser, signé l’Institut du monde arabe et la Fondation Cartier à Paris (entre autres). L’édifice a été imaginé comme une ville-musée, ou plutôt une médina-musée, avec un dôme de 180 m de diamètre serti de 7850 étoiles en métal qui filtrent la lumière.

2. Une collection impressionnante

Mais comme, ce qui compte vraiment, c’est la beauté intérieure, intéressons-nous aux 620 œuvres proposées, réparties en douze galeries : des pièces archéologiques, des objets d’art, des peintures de maîtres modernes. On peut admirer entre autres, La Belle Ferronnière de Léonard de Vinci, prêtée par le Louvre parisien, une sculpture de Ramsès II, un Buddha de la dynastie Wei qui date du 6e s, une huile de Mondrian, etc. La collection est ainsi composée de nombreux achats, de prêts de fondations ou musées étrangers, et de prêts ou de dons émanant de collectionneurs privés. Mohammed VI, invité à l’inauguration avec une délégation de personnalités marocaines, a ainsi offert plusieurs objets datant du 19e s : un manuscrit du Coran, un fusil (Mokahla), un sabre incrusté de fils d’or et d’argent mais aussi une paire de vantaux de porte en bois de cèdre de Fès, « une très belle porte assez spectaculaire, de 4 mètres sur 3, qui date de la fin du 18e s. Une porte chargée en symbolique, qui ouvre vers le savoir et la culture », nous explique Mehdi Qotbi, Président de la Fondation nationale des Musées, qui faisait partie de la délégation marocaine.

3. Un défi pour les émirats : faire d’Abu Dhabi une destination culturelle.

Premier musée universel du monde arabe, le Louvre Abu Dhabi n’a rien d’un simple « trophée » ou d’un caprice extraordinairement cher. Il s’inscrit dans une politique d’ouverture à grande échelle. L’objectif est de faire de l’émirat une destination culturelle de qualité. L’île de Saadiyat, sur lequel le Louvre Abu Dhabi est construit, doit également accueillir un Guggenheim, conçu par Frank Gehry, et le Zayed National Museum confié à Norman Foster.

4. Un parcours thématique pour promouvoir la tolérance interconfessionnelle

Un Coran datant du 7e s, un Christ en bois du 16e s et une Torah du Yémen. Qu’ont-ils en commun ? Ils sont présentés dans la même salle du musée émirati. D’ailleurs, plutôt que de regrouper les pièces par civilisation, le Louvre a choisi l’ouverture avec un parcours chronologique ET qui met en lumière « les jeux d’influences ou les métissages entre les cultures ». Une manière d’établir des passerelles. « La paix, la tolérance ne viendront que par la culture, l’art et la lumière. Car c’est la culture qui va nous permettre de construire des ponts et des passerelles entre les individus de toutes les cultures. C’est le plus beau signal envoyé aujourd’hui pour la tolérance, la coexistence entre les religions et aussi la compréhension entre les peuples » résume Mehdi Qotbi.

5. Des œuvres picturales au pays des Malékites 

Dans un émirat « conservateur » où les mannequins féminins, sur les publicités, sont rhabillés digitalement, on peut saluer l’ambition de faire rayonner l’art sous toutes ses formes, en mettant en avant des œuvres picturales : statues, portraits, paysages, etc. Il y a même de chastes nus !

Ouverture officielle : le 11 novembre.

 

Fatima Haim

Après des études d’histoire et de journalisme, elle est tombée dans la marmite de la pub et de l’édition, un peu par hasard, en collaborant avec différentes agences. Une fois dissipé l’effet « potion magique », le journalisme la rattrape. Elle papillonne alors dans différents supports : FDM, Afrique Magazine, L’Officiel… Car en 2014, cette parisienne (d’adoption) s’était rendue à Casablanca pour y passer quelques jours. Elle y est encore! Toujours en quête d’air pur (et iodé), pour buller en terrasse ou se déconnecter à coups de longues marches.

Pas Encore De Commentaires

Laisser une Réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

@shoelifer

Instagram