HUMEUR : CLONES DE KARDASH’

Instagram est un merveilleux miroir de la société. Si vous passez le côté « je croise les jambes comme si je me retenais de faire pipi mais en vrai c’est parce que ça mincit la cuisse » vous y verrez un changement radical dans l’idéal du physique féminin. Bien sûr, la liane aux jambes fines comme des spaghettis existe toujours, c’est la modeuse radicale, mais une autre espèce est arrivée, photocopie de K.K.

Faux cils, sourcils fournis, brossés, teint pain d’épice, chevelure longue ondulée (ou la version carré court ultra plat), bouche pulpeuse (à coup d’injections) et silhouette Orangina. L’émergence d’une nouvelle perfection accessibles à toutes ? On pourrait se réjouir de voir réapparaître des hanches, des fesses, des seins, après une ère de cintres à cheveux. Le bémol ? Cette homogénéisation du nouveau sexy qui caricature le corps de la femme. En somme, tu dois avoir une bouche « pneu Michelin », un popotin large comme Zerktouni, une taille de guêpe sous acide, et des seins de mère allaitante, sans oublier un visage photoshoppé au réveil.

Du coup, à l’heure où les magazines en Europe sont désormais obligés d’indiquer si des retouches ont été faites, sur nos clichés on use des filtres à l’infini. Teint amélioré, cuisse affinée, pommettes saillantes, tout est désormais à portée de clic. Alors qu’un corps plus pulpeux semblait être une bonne nouvelle, le naturel est chassé afin de lisser les différences et transmettre un idéal de beauté unique. Avant, seules les mannequins étaient soumises à un objectif de perfection, maintenant nous sommes toutes mannequins du quotidien, adoptant des réflexes de retouches automatiques pour paraître sous notre meilleur jour aux yeux de nos followers.

On a fustigé la maigreur, le danger de vouloir ressembler « aux filles des magazines », mais l’on ne voit pas – encore – les travers de cette nouvelle hégémonie du fake. Car oui, on vous dira que ce nouveau corps c’est la féminité enfin assumée, alors même que toutes ses créatures aux cils qui chatouillent les nuages sont loin de mettre en avant l’authenticité du corps féminin mais bien d’user de subterfuges ultra artificiels pour y tendre. Et en scrollant vous voyez mille visages, lissés à souhait, qui tentent une duck face épineuse (le botox, ça tire), le corps moulé dans l’uniforme cropped-top, legging, baskets, réincarnations d’un croisement hasardeux entre un manga et une chanteuse libanaise. Si la féminité c’est de se muer en exagération d’un corps ultra sexualisé, se transformer en poupée gonflable vivante, et bien je me dégonfle, sur le champ.

Photo de Une : ©Vogue

Soraya Tadlaoui

Amoureuse de mode et d’(entre)chats, Soraya Tadlaoui a étudié à Paris la conception rédaction et la danse. Après une première expérience auprès du service de presse de Burberry, elle fait ses armes à la rédaction d’ABCLuxe, au Glamour, en tant que styliste photo auprès du Bureau de Victor agence de photographe, puis à L’Express.fr/Styles. En 2009, elle s’envole pour New York à la poursuite de ses deux passions, avant de tenter l’aventure casablancaise en 2011. Elle intègre alors la rédaction de L’Officiel Maroc. Depuis, professeur de danse, styliste, rédactrice freelance pour différents supports de presse, éditrice de contenus en communication éditoriale et rédactrice web pour le webzine nssnss.ma, elle surfe sur la tendance et sur les petites vagues de Dar Bouazza.

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