HUMEUR : LA RENTRÉE SCOLAIRE? BIENVENUE EN ENFER

À chaque rentrée, je me pose la même question : pourquoi les mamans semblent ravies que leurs enfants retournent à l’école ? C’est vrai, j’entends et lis très souvent cette phrase : « Ils retournent à l’école, nos vacances peuvent commencer ! ». Alors oui, je peux comprendre que ne plus les avoir dans les pattes toute la journée, les entendre se plaindre sans cesse «  Je m’ennuie », « Ch’ais pas quoi faire », « J’ai pas de copains ici, c’est nul », ça nous arrange pas mal. Mais toutes ces phrases que l’on peut faire semblant de ne pas entendre sont remplacées par d’autres, toutes aussi entêtantes et auxquelles il faut trouver des solutions concrètes. Et pas le moindre répit, ça commence dès le jour de la rentrée : « La prof de français a dit que si je n’avais pas mon livre demain, je ne rentrais pas en cours ». Suis-je la seule à vivre ce grand moment de solitude devant mes ados ? Moment pendant lequel j’hésite entre deux réponses : « Bouge pas je vais chercher ma baguette magique pour te sortir un manuel de français ! » et « Tu diras à ton prof de français qu’on est en 2018, qu’il n’y a plus d’arbres pour imprimer son satané livre. »

Pendant des années j’ai écrit des mots d’excuses me justifiant sur l’absence de tel ou tel livre. Certes, je ne suis pas de celles qui font leur shopping rentrée le 15 juin – avant les vacances, comme la femme du « Blond », de Gad El Maleh qui fait tout comme il faut-, mais c’est comme ça et pas autrement. Cette année, quand j’ai entendu de nouveau cette phrase à propos de je ne sais quelle matière, sachant que j’avais écumé les librairies de la ville la veille, et qu’elles étaient toutes en rupture de stock jusqu’à nouvel ordre, l’idée m’a traversé une demi-seconde de demander au libraire – voire à tous – de l’écrire lui même, le mot d’excuses. Ce serait une sorte de formulaire qui servirait de mot d’excuses aux parents. « Cher M. le Professeur de physique, madame Unetelle, maman de l’élève Untel, n’a pu se procurer le livre du parfait petit physicien parce que je n’étais pas sûr de tout vendre, alors je n’en ai commandé que 10 pour un lycée de 800 élèves, Merci de votre compréhension, signé M. le Libraire. » Parce qu’après tout, il est responsable aussi, responsable de ne pas commander assez. Mauvaise foi ? Mais tout à fait, et mauvaise foi assumée en toute tranquillité.

Dans un autre genre, le début des organisations entre copains, ou plutôt, le retour des associations de malfaiteurs. Je précise : ce week-end quand vous aurez prévu de vous faire un footing, votre marché, un déjeuner en famille, une sieste (quelle ambition !), un apéro, un bon bain puis un bon film, eux (oui, parce qu’ils sont nombreux), devront aller «commencer un exposé chez untel », se rendre « à l’anniversaire d’unetelle » (donc acheter un cadeau…), passer prendre la BFF (best friend forever, ndlr) pour « faire un tour au mall », retrouver son meilleur pote – pour la version garçon- pour « aller jouer au foot » et la liste pourrait continuer comme ça des kilomètres. Ce qui est certain, c’est que tout sera mis en œuvre pour qu’aucun de vos plans ne se passe comme prévu. Des exemples tels que ceux-ci, qui rendent les premiers jours du mois de septembre infernaux, il y en a bien une bonne cinquantaine.

Et puis, cette satisfaction des autres mamans de « rendre » leurs mioches au corps enseignant, d’où peut-elle bien venir ? Parce que qui dit rentrée, dit contact avec ce-dit corps enseignant : réunions parents-élèves, réunion en « one to one » entre professeur et parents… En quoi tous ces rituels sont-ils censés être une bonne nouvelle ?

J’ai vraiment retourné la question dans tous les sens, en toute bonne foi, et j’ai eu la réponse la veille de la rentrée de mes ados, qui se passait le jour d’après celle des autres enfants, plus petits. En allant au bureau, j’ai vu, vision horrible, des cartables plein les rues, des maîtresses sur leur 31, des parents tout sourire. C’est là que ça m’a frappé. Le problème ne vient pas de mes ados, mais bien de moi, ou du moins de moi à 14 ans, qui a toujours haï la rentrée, ces heures entières à attendre son tour à la librairie pour s’entendre dire : « Désolé, cet ouvrage n’arrivera que le 5e jeudi du mois d’octobre ! ». Octobre ? Mais j’aurai déjà été punie 12 fois d’ici là !!! »… L’indifférence était totale.

En somme, la bonne nouvelle dans cette histoire de rentrée au final, c’est que l’ado en moi est toujours là quelque part, avec ses angoisses certes, mais avec toutes ses qualités aussi. Comme disait Alain Souchon : « Laissez moi rêver que j’ai dix ans ! ».

Farah Nadifi

C’est d’abord à une carrière d’avocate que Farah aspire, après avoir eu son bac à Marrakech. Rapidement, néanmoins, sa passion pour la mode la rattrape. Née à Paris où elle vit jusqu’à ses 14 ans, elle baigne dans ce milieu : sa mère fait carrière dans le retail de luxe. Après être passée chez YSL, Salvatore Ferragamo, Giorgio Armani ou encore Miu Miu, elle est approchée pour diriger le premier flagship de luxe à Casablanca : la boutique Fendi. Elle la dirige quatre ans avant de devenir acheteuse pour Gap et Banana Republic. Mais au bout de 10 ans de carrière dans le retail, elle se lance dans une nouvelle aventure en s’essayant à l’écriture. C’est avec Sofia Benbrahim qu’elle collabore d’abord, pour L’Officiel Maroc, puis Shoelifer, en tant que journaliste mode et lifestyle.

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