EXTRAITS CHOISIS

Je ne fais (toujours) pas partie du top 500 de Forbes. Et je crois bien que je ne vais pas y arriver, comme l’écrasante majorité. Mais, ça ne m’empêchera pas d’avoir mes petits luxes. Et les parfums en font partie. Je crois même qu’il caracole en tête de liste. Le parfum, le vrai, celui grâce auquel je me sens noyé dans le luxe le plus insolent, même vêtu d’un jeans troué et d’une vieille paire de Doc Marten’s d’étudiant attardé. Le parfum dans sa version la plus concentrée, la plus noble, l’interprétation haute couture d’une fragrance que j’affectionne : voici mon luxe. Pourquoi l’extrait ? Pour la gestuelle old fashioned d’abord. Il n’y a rien de plus sensuel que de déposer une goutte sur son torse, son poignet et sur sa nuque. Pour la tenue, exceptionnelle, ensuite. Pour la fragrance enfin, parfaitement fidèle à la composition du parfumeur. Car le nez travaille d’abord sur l’extrait. C’est son bébé.


La puissance des aldéhydes, la suavité de la vanille

Le N°5 de Chanel reste pour moi et pour des millions de femmes (et d’hommes !) l’extrait le plus émouvant et le plus fascinant. Outre son abstraction, c’est aussi son côté bipolaire qui m’émeut et me fascine. Au creux du poignet ou sur le revers d’une veste, il balance entre son côté floral aldéhydé savonneux et son aspect animal. Tout en gardant son équilibre. Pendant longtemps, le N°5 était le seul extrait que j’utilisais. Jusqu’à ce que je reçoive un flacon de Sidi Bel-Abbès, de Serge Lutens. Oui, il s’agit d’un extrait dont la concentration en essence doit avoisiner les 30 %. Non, le flacon ne dispose pas de vaporisateur (ouf !). Sidi Bel-Abbès est une vanille saupoudrée de tabac et enrobée de miel. Si au début, la vanille joue les entêtantes, elle s’assagit et devient sucrée juste ce qu’il faut. Enfin, les notes de tabac viennent donner à l’ensemble un aspect à la fois gourmand et fumé, sexy aussi bien sur le torse d’un homme que sur le décolleté d’une femme.

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Über féminins

Je reste convaincu que le parfum n’a pas de sexe. Il prend la personnalité et le genre de celle ou celui qui le porte. Cela dit, certains extraits ont un genre féminin bien affirmé. Ce sont des parfums destinés à trôner sur des coiffeuses laquées, à accompagner un brushing glamour et à accessoiriser des fourrures hors de prix. Fracas de Robert Piguet est de ceux-là, il rentre directement dans le vif du sujet. On a l’impression que la tubéreuse, note dominante dans Fracas, parle littéralement, disant quelque chose comme « Je suis la plus glam’ » ou (plus osé encore) «Je suis irrésistible». Habillée de santal lacté, de violette et de jasmin, cette fleur blanche narcotique devient d’une sensualité hors norme. Vêtue de Fracas, la peau dégage ce parfum sexy caractéristique d’un corps enduit de crème solaire et réchauffé par le soleil.
Must de Cartier n’est pas en reste. On ne peut décemment pas parler d’extraits sans citer ce cas d’école de la parfumerie contemporaine. Le départ de Must est étonnamment très vert grâce au galbanum d’Iran. Ceci dit, cette introduction sage herbacée puis florale n’est que de courte durée puisque le parfum s’enflamme littéralement dans une explosion de vanille, d’ambre, de bois et de musc. Sur la peau, Must est un petit bijou : il pulse, se faisant tour à tour rond, chaud et animal.
Enfin, impossible de passer outre un des plus grands floraux de ces 20 dernières années : J’adore de Dior. Si Fracas met en scène la tubéreuse, J’adore opte pour une autre fleur blanche : la champaca. Si le parfum de la tubéreuse est ouvertement narcotique, celui de la champaca, proche du jasmin, joue dans le registre de la douceur et possède des notes miellées, caramélées et amandées. J’adore évolue tout en douceur et nous laisse le temps de le décrypter. Dans ce parfum, la fleur de champaca est d’abord pétillante puis fruitée avant de se réchauffer grâce au musc et au bois d’amarante pour un sillage sophistiqué, chic, très « français ».
Bref, Fracas est à la fois cash et hyper élégant ; J’adore est aussi bien doux que chaud, Must balance entre le vert et l’animal. Et ce sont justement les contrastes qui, souvent, font les grands parfums.

Chanel N°5 – 7,5 ml – 119 euros (env.1295 DH) sur www.chanel.com 
Serge Lutens  – Sidi Bel Abbas – 50 ml – 450 euros (env. 4890 DH) sur www.sergelutens.com
J’Adore de Dior – L’Extrait – 15b ml – 208 euros (env. 2260 DH) sur www.dior.com
Must de Cartier – Extrait de parfum – 50 ml – 190,50 euros (env. 2067 DH) sur www.cartier.fr
Fracas de Piguet – Parfum – 50 ml – 400 euros (env. 4350 DH) 

Shoelifer Team

Professionnels de la mode et du luxe, ils sont journalistes, stylistes ou photographes et surtout aguerris de longue date à l’exercice du style et de la création. Ils ont participé à la genèse de ce site et collaborent au quotidien, avec fraîcheur et non sans esprit critique, à forger son caractère. Découvrez la petite famille de Shoelifer.

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