FACE TWO FACES PAR LAMIA MIRIAM SKIREDJ : L’EXPO À NE PAS RATER

La saison des expos bat son plein. Mais s’il en est une à voir absolument, c’est la dernière exposition de Lamia Miriam Skiredj chez Amadeus Art Gallery, qui débute ce jeudi 30 mars à Casablanca et que nous avons pu découvrir en avant-première. Après ses fourmis bicolores, réaliste représentation des relations sociales dans un environnement 2.0, l’artiste continue avec Face Two Faces d’étudier le rapport à soi et aux autres. Sa galerie de portraits outranciers et décalés qui dénoncent avec humanisme certains travers de notre époque (les selfies, le jeunisme, le Botox) nous a séduit. On vous donne trois raisons d’aller y jeter un œil et de vous laisser séduire, à votre tour.

1 – Difficile d’être plus en phase avec l’actualité. Cette série de visages très –trop– maquillés aux regards tantôt amusés, tantôt effrayés nous renvoie sans détour à l’appétit frénétique de notre époque pour un certain exhibitionnisme. Ou un exhibitionnisme certain. Comprenez la folie des selfies. L’artiste appuie là où ça fait mal : même si vous vous entêtez à montrer votre meilleur profil, votre regard finira toujours par trahir votre nature profonde. L’enfilade des portraits en devient presque dérangeante et c’est ce qui rend cette exposition captivante.

2 – « Face Two Faces » : Lamia Miriam Skiredj évoque-t-elle un visage à deux faces ou plutôt deux faces en une ? Visibles, cachées, conscientes, inconscientes ? Non, il s’agit plutôt d’un déni. L’artiste matérialise ce déni par une palette de couleurs franches qui renvoient à une gaieté forcée. Ces dernières contrastent avec les masques noirs et le maquillage parfois presque obscène des personnages. Une manière agressive de figurer l’angoisse quasi générale de nos sociétés à l’égard du temps qui file trop vite. La folie du jeunisme, emmenée par le roi Photoshop et le prince Botox, et rattrapée au quotidien par la réalité inflexible du miroir vérité.

3 – On ne reste pas de marbre devant le portrait d’un Trump (à découvrir dans le slider), clown dictateur, regard d’acier et moue contrariée. On en rit, presque aussi jaune que le tableau lui-même.

En somme, comme le dit si justement l’écrivain et chroniqueur Driss Jaydane, « Face Two Face est, par excellence, l’exposition de nos surexpositions. » On court donc la voir afin d’apprécier pendant quelques minutes une pause drôle mais salutaire dans nos vies pressées, au rythme toujours plus effréné. Une pause qui se terminera peut-être par un selfie très second degré, posté sur Instagram, Snapchat ou Facebook !

Du jeudi 30 mars au samedi 29 avril 2017 à l’Amadeus Art Gallery.
10, rue Mozart, Casablanca. Tel. 05 22 36 80 76 / 86.

Fatima Haim

Après des études d’histoire et de journalisme, elle est tombée dans la marmite de la pub et de l’édition, un peu par hasard, en collaborant avec différentes agences. Une fois dissipé l’effet « potion magique », le journalisme la rattrape. Elle papillonne alors dans différents supports : FDM, Afrique Magazine, L’Officiel… Car en 2014, cette parisienne (d’adoption) s’était rendue à Casablanca pour y passer quelques jours. Elle y est encore! Toujours en quête d’air pur (et iodé), pour buller en terrasse ou se déconnecter à coups de longues marches.

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