SOPHIA MIKOU : DU STYLISME À LA CRÉATION

Des capes aux matières nobles, des vestes chiquissimes entièrement perlées mais aussi du beachwear : la styliste et journaliste mode Sophia Mikou développe sa ligne de prêt-à-porter marocain. L’aboutissement d’un rêve qui a commencé avec son inscription au collège Lasalle où elle complète une formation de designer mode, contre l’avis de ses parents (pour leur faire plaisir, elle s’inscrit également en fac de droit). Et finalement, la casablancaise a été bien inspirée. Après un détour (de quelques années) dans la presse, elle est revenue à ses premières amours, et ne le regrette pas : pour nous, elle revient sur son parcours, ses envies et ses références, dans une conversation, à bâtons rompus, inspirante.


Après des études de design, pourquoi vous être dirigée vers la presse ?

En fait, c’est le journalisme de mode qui est – en quelque sorte – venu à moi. Je participais à l’une des toutes premières présélections pour le défilé Caftan (de Femmes du Maroc, ndlr) en 2004. Je ne suis pas du tout dans le caftan mais justement, le challenge me plaisait. Je n’ai pas été retenue, en revanche, j’ai fait de belles rencontres. Notamment l’équipe de Femmes du Maroc de l’époque, auprès de qui j’ai appris le stylisme mode, le fonctionnement d’un magazine… et surtout l’univers féminin de mon pays que je connaissais paradoxalement peu : les inconvénients d’être scolarisée en système français. J’ai donc fait du stylisme, écrit d’abord de petites brèves, puis des articles et des dossiers entiers. Je suis devenue journaliste. Après 4 ans au sein de cette rédaction, j’ai décidé de travailler en freelance, de me lancer dans d’autres aventures. J’ai alors été consultante pour la télévision, j’ai fait des costumes pour des spots publicitaires, entre mille autres choses.


Alors pourquoi être revenue au design ?

Tous ces projets étaient très excitants, amusants même et ça m’épanouissait totalement. Mais bizarrement, il y avait toujours un fond d’insatisfaction, un vide qui cherchait à être comblé. J’ai donc décidé de reprendre ma marque exactement où je l’avais laissée, environ huit ans auparavant. En 2012, j’ai refait de ma passion première mon activité. Ma première (ré)apparition a eu lieu au Riad Art Expo à Marrakech où j’ai fait la rencontre des équipes du Four Seasons Hotel de la ville. J’ai d’abord dessiné les silhouettes des uniformes de l’hôtel, puis mes collections ont été distribuées chez eux, puis au Four Seasons Hotel Casablanca : j’ai une relation particulière avec eux. Depuis, je suis également distribuée au Royal Mansour, à La Mamounia, au Tigmiza…


Pourquoi avoir choisi de faire des capes ?

Les capes viennent compléter une collection déjà assez large dans laquelle on retrouve surtout des vestes, que j’aime faire à col rond, près du corps, mais aussi des serouals, du beachwear et même des sacs (en perles, faits à la main). Pour revenir à la cape, je trouve que c’est une pièce qui fini parfaitement un look, elle a un style majestueux, à l’image de nos grands-pères quand ils enfilaient leur selhams avant de sortir, comme des super héros.


En vous en lançant vous avez fait le parti pris du prêt-à-porter plutôt que celui de la couture, pourquoi ?

Je dirais que j’ai mixé les deux, plutôt que de faire un choix qui m’enfermait dans l’une ou l’autre de ces cases. Je propose du prêt-à-porter mais je tiens à emprunter à la couture son sens du détail. La sfifa qui finit mes pièces et l’a3kaad sont faits main, les doublures sont taillées dans la soie ou des brocards nobles. De même, le perlage est dessiné en amont et chaque perle est cousue une à une. Il y a aussi ma ligne de pièces uniques, qui s’apparentent beaucoup plus à la couture car leur réalisation demande beaucoup de temps et de soin. Et parallèlement, parce que je suis une insatiable de création, j’ai crée S by Sofia, la petite sœur de la marque Sophia Mikou, où l’on retrouve des pièces plus légères, plus accessibles.


Quelles sont vos plus grandes sources d’inspiration ?

Tellement de choses, de petits riens. C’est tout ce qui m’entoure, une dégaine repérée dans la rue ou une belle assiette réalisée par un chef (je suis passionnée de cuisine). Cela peut aussi être une réflexion ou un dessin de mon fils. Voire un dessin-animé. Oui, oui ! (rires). Coco, par exemple, est extrêmement inspirant, par ses couleurs, sa philosophie… Vraiment, l’inspiration est partout.


Vous avez élargi votre ligne, créé une nouvelle marque : quelle est la prochaine étape ?

J’ai très envie d’exporter ma marque. J’en ai fait l’expérience dans un concept store à Genève qui a malheureusement fermé ses portes depuis. À choisir, j’aimerais m’exporter vers Paris, Londres, Miami. On m’a souvent encouragée à aller plutôt vers les Émirats, mais c’est une région que je ne connais absolument pas, j’ai du mal à y projeter mes créations. J’aimerais aussi me tourner vers notre continent, l’Afrique, ça ferait plus de sens à mes yeux.

Farah Nadifi

C’est d’abord à une carrière d’avocate que Farah aspire, après avoir eu son bac à Marrakech. Rapidement, néanmoins, sa passion pour la mode la rattrape. Née à Paris où elle vit jusqu’à ses 14 ans, elle baigne dans ce milieu : sa mère fait carrière dans le retail de luxe. Après être passée chez YSL, Salvatore Ferragamo, Giorgio Armani ou encore Miu Miu, elle est approchée pour diriger le premier flagship de luxe à Casablanca : la boutique Fendi. Elle la dirige quatre ans avant de devenir acheteuse pour Gap et Banana Republic. Mais au bout de 10 ans de carrière dans le retail, elle se lance dans une nouvelle aventure en s’essayant à l’écriture. C’est avec Sofia Benbrahim qu’elle collabore d’abord, pour L’Officiel Maroc, puis Shoelifer, en tant que journaliste mode et lifestyle.

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