N.f., Si le Larousse est laconique au sujet de la guêpière, simple « sous-vêtement baleiné qui affine la taille », dont l’étymologie est « taille de guêpe », Shoelifer ne badine pas avec la séduction. Cette pièce de lingerie est le trois en un historique de la corsetterie : elle soutient les seins, souligne la taille et suspend les jarretelles. Elle couvre le bas-ventre, remonte jusqu’à la poitrine, et ne comporte pas forcément de bretelles. Elle fait son apparition après la Seconde Guerre mondiale : pour contrer les années d’austérité et de restrictions, la mode (re)met en avant une féminité exacerbée, comme le fait Christian Dior avec le New Look, emblématique de cette tendance. S’inspirant du corset, la guêpière doit marquer le plus possible la finesse de la taille, l’exagérant à l’extrême. Elle remplace, à son arrivée, le corset rigide, le fameux soutien-gorge conique et le porte-jarretelles. On attribue son invention à Michel Rochas qui l’aurait imaginé pour la très blonde et très provocante actrice hollywoodienne Mae West. Pièce de lingerie quotidienne, fabriquée dans une multitude de matières –de la dentelle au nylon– elle est améliorée sans cesse. Comme en 1956, avec l’invention du soutien-gorge à armatures qui, intégré à la guêpière, offre un décolleté pigeonnant. Mais avec la révolution féministe, dans les années 60, elle devient le symbole de la « femme-objet » et est assimilée au coercitif corset, cet « outil de torture » qui provoquait syncopes et évanouissements au 19e siècle chez les « martyres consentantes » qui le portaient trop serré. Le corps des femmes une fois « libéré », la guêpière, sa remplaçante plus confortable, est depuis cantonnée à un rôle très codifié, celui d’accessoire de charme.
