BEAUTY FREEGANISM : FAUT-IL RENONCER AUX SAVONS ET SHAMPOINGS ?

Se savonner le corps tous les jours est une habitude bien ancrée depuis l’enfance. Cependant ce rituel (et d’autres : shampooings, crèmes…) est remis en cause par certaines pour des raisons philosophiques ou médicales. Faut-il laisser tomber nos produits de toilette ? Shoelifer démêle le vrai du faux.

Sur la toile ou ailleurs, nombreuses sont les personnes qui font un coming-out d’un genre nouveau : elles affirment ne plus utiliser de produits de toilette et disent se sentir beaucoup mieux dans leur corps… chouchouté à l’amour et à l’eau claire. Leurs arguments ? En plus d’être nocifs pour l’environnement et d’inciter au gaspillage, les produits de toilette seraient trop décapants pour la peau.
Si certains ne voient dans ce refus qu’une tendance passagère de plus à ajouter à une longue liste de lubies bobos, d’autres considèrent cet abandon des produits de toilette manufacturés comme faisant partie d’un mode de vie. Alternatif et eco-friendly, il s’inscrirait dans la nouvelle philosophie dite freeganiste qui inclut refus du gaspillage et respect de l’environnement et des animaux. Ainsi, l’huile de palme contenue dans la plupart des produits lavants, est synonyme de déforestation, travail des enfants et pesticides nocifs. Cela dit, entre le refus catégorique du gel douche et du shampooing et l’acharnement hygiénique à coups de récurages intempestifs, il existe certainement un juste milieu.

1 – Utiliser des produits de toilette contribue à la dégradation de l’environnement.
VRAI. Evidemment. Une douche nécessite en moyenne 40 à 60 litres d’eau. Un bain lui, réclame 120 à 200 litres. Se doucher sans utiliser de produits de toilette à rincer permet d’économiser jusqu’à 40 litres d’eau et d’épargner à l’écosystème les produits chimiques divers et variés, très souvent toxiques, contenus dans les gels douche et autres shampooings.

2 – Pour garder une peau saine et propre, un savonnage quotidien est nécessaire
FAUX. L’écrasante majorité des dermatologues insistent sur le fait que le savonnage quotidien ou pire, biquotidien, est nocif. Une peau frottée et nettoyée tous les jours à l’aide de détergents finit par s’irriter. De plus, ces lavages excessifs suppriment les bactéries naturellement présentes sur la peau et encouragent la prolifération de microbes agressifs et pathogènes. Face à cette hyper hygiènisation, la tendance du « cleansing reduction » est apparue récemment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, encouragée par nombre de dermatologues. Dont le Dr Casey Carlos, professeure assistante de dermatologie à l’Université de Washington à Seattle, l’une des premières à s’être exprimée à ce sujet. L’article dans lequel elle était intervenue, publié en 2015 sur today.com (elle était alors enseignante à l’Université de Californie à San Diego) avait été repris par tous les grands médias. En quoi consiste la « cleansing reduction » ? Il s’agit de se savonner le corps en entier deux à trois fois par semaine seulement et de se contenter le reste du temps d’un lavage à l’eau claire et d’un savonnage sélectif (pieds, zones intimes et aisselles).


3 – Les savons traditionnels, purs et ne contenant aucun additif sont les meilleurs pour la peau
VRAI et FAUX. Les savons purs comme le savon de Marseille ou le pain d’Alep sont fabriqués à partir d’huiles végétales et ne contiennent aucun additif. Ce sont des produits doux et parfaitement adaptés pour laver une peau normale, sans problème dermatologique particulier. A condition cela dit de bien les choisir. Il suffit de lire les étiquettes : un savon de Marseille doit contenir au moins 72 % d’huile végétale (olive ou coprah-palme). Parmi la liste d’ingrédients mentionnés sur l’emballage, doivent donc figurer les mentions suivantes : sodium palmate (huile de palme), sodium cocoate (huile de coprah), sodium olivate (huile d’olive), un peu d’eau (aqua) et des sels de soude (sodium hydroxide). Et rien d’autre. Le savon de Marseille se présente sous la forme d’un pain de couleur crème pour celui formulé avec de l’huile de coprah-palme et verte pour celui contenant de l’huile d’olive. Les savons présentant d’autres couleurs sont à proscrire. Quant au pain d’Alep, il contient environ 75% d’huile d’olive et 10 à 20% d’huile de laurier. Il est par ailleurs reconnaissable à sa couleur ocre à l’extérieur et d’un vert vif à l’intérieur. Une excellente chronique est consacrée à ce savon made in Syria et donne les tuyaux pour reconnaitre le vrai pain d’Alep.

Les peaux sèches apprécieront les savons solides ou liquides surgras formulés à partir d’une base lavande douce enrichie en huile d’amande ou en beurre de karité. Les peaux grasses quant à elles ont très souvent besoin de nettoyants sans savon, également appelés savons dermatologiques, issus de dérivés extraits du pétrole. La consultation d’un dermatologue permet de trouver le produit adéquat pour la toilette d’une peau à problèmes.

4 – On peut se passer de shampooing
VRAI.
C’est une des tendances lourdes de ces cinq dernières années et la liste des célébrités adeptes du no-poo (pas de shampooing) s’allonge au fil des saisons. Les inconditionnelles du no-poo remplacent le shampooing par du bicarbonate de soude, du vinaigre de cidre, du ghassoul, de la poudre de shikakai (de la poudre de fruits d’acacia) ou encore du bois de panama. Si les trois derniers sont inoffensifs, il n’en est pas de même pour les deux premiers dont l’utilisation prolongée est désormais déconseillée par les dermatologues qui les rendent coupables d’irriter le cuir chevelu. Alors que certaines ont définitivement abandonné le shampooing au profit d’agents lavants naturels, d’autres nettoient leur crinière avec… de l’après-shampooing. Exclusivement. C’est le cas du coiffeur de célébrités Frédéric Birault (Cut By Fred) qui a envoyé balader le shampoing en 2005, et des actrices Marisa Berenson et Natalie Portman.

Pour aller plus loin
Les maladies de la peau, de Jean-Loup Dervaux aux Editions Dangles.

Comment prendre soin de sa peau ? Avec quels produits ? Comment reconnaître et soigner ses problèmes de peau ? Quelle place accorder aux remèdes traditionnels ? Autant de questions dont on trouvera des réponses dans cet ouvrage accessible. 250 DH, chez www.livremoi.ma

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