INTERVIEW MODE AVEC L’INSPIRANTE CRÉATRICE DE LA MARQUE ZHOR & NÉMA

Si vous ne connaissez pas déjà, Zhor & Néma, c’est une marque de prêt-à-porter fondée il y a déjà 13 ans, par deux Marocaines, deux sœurs, Zhor et Néma Tiber, disparue aujourd’hui. Passionnées de mode depuis leur plus jeune âge, elles se font connaître rapidement grâce à leur travail autour de la maille, mais aussi de la dentelle, qu’elles sont les premières à appliquer sur du cachemire. Elles affectionnent également le velours, qu’elles utilisent dans leurs collections bien avant que la tendance ne truste les défilés. Zhor, qui a travaillé pour les plus grandes maisons (Nina Ricci, Jacques Fath, Jean-Louis Scherrer et Emmanuel Ungaro, pour n’en citer que quelques-unes) continue sur leur lancée en s’inspirant de l’Art moderne, avec des collections originales mais sophistiquées, sans avoir peur de s’écarter des codes du moment. Toujours avant-gardiste, elle collabore, pour la collection automne-hiver 2018, avec le célèbre peintre et graffeur Cyril Kongo – aka Kongo– dont les œuvres ont ensuite orné les silhouettes de la collection Chanel Métiers d’art 2018/19 présentée au MET à New York. Elle présentera sa nouvelle collection lors de la prochaine Fashion week de Paris, début mars 2019, et c’est en pleine préparation qu’elle a répondu à nos questions. Interview avec une vraie pionnière de la mode contemporaine.

Maille Kongo Love Zhor & Nema. Automne Hiver 2018.
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Vous vous êtes lancée dans la mode parce que votre papa en était féru et aimait habiller votre maman – sa muse. Quand vous créez votre marque, quelle femme aviez-vous envie d’habiller ?

Je pensais à la femme moderne et active, éprise de mode et qui demeure exigeante sur la qualité des vêtements qu’elle choisit de porter. Une femme qui aime oser, qui aime la couleur, qui sait ce qu’elle veut et l’assume.

Vous avez grandi au Maroc et travaillé à Paris, vous êtes désormais basée à Hong Kong, quelle(s) inspiration(s) vous apportent chacune de ces cultures ?

Bien évidemment je reste et je resterai toujours marquée par la culture marocaine. D’ailleurs, pour moi le caftan est l’un des plus beaux vêtements qui soit. Cela dit, Paris est la capitale, indiscutable à mes yeux, de la mode. Mon expérience professionnelle dans cette ville m’a permis de côtoyer de grands noms de la couture. Cela a fortement contribué à développer mon style et ma créativité. Quant à Hong Kong, j’ai choisi cette ville lorsque ma sœur a disparu, j’avais besoin de changer de vie en allant loin. L’Asie était une destination qui m’inspirait beaucoup, j’ai choisi Hong Kong et j’y réside depuis 7 ans. C’est une métropole où la culture tient une grande place dans le quotidien. Tous les mondes s’y côtoient et c’est très enrichissant.

Vous aimez jouer avec les influences pop, les matières, les couleurs et les graphismes, est-ce plus facile à faire avec vos collections hiver ou été ?

Cela reste toujours difficile. La maille (très présente dans toutes les collections de Zhor & Néma, ndlr) est une matière très technique et plus vous voulez jouer avec les couleurs et les graphismes originaux, plus vous êtes confrontés à des défis technologiques. La collection d’hiver est peut-être la plus satisfaisante car j’ai alors à ma disposition des fils de différentes grosseurs avec lesquels je peux jouer et qui permettent une plus grande créativité.

Vous avez travaillé avec l’artiste peintre et graffeur Kongo, qui a lui-même collaboré avec Chanel lors de la dernière collection Métiers d’art présentée au MET à New York, comment est née cette collaboration ?

Cyril Kongo est un ami de longue date et nous avions souvent évoqué la possibilité de faire quelque chose ensemble. Il collabore régulièrement avec de grandes maisons telles que Chanel ou Hermès, cela a donc été très facile : c’est un artiste qui a la capacité et l’habitude de travailler sur des matières très variées. Il connaît parfaitement bien l’harmonie des couleurs, nous avions donc une grande complémentarité et je suis très contente du résultat.

Kongo pour Chanel Métiers d’Art. MET de New York. 2018

Zhor & Néma a été créée il y a maintenant 13 ans, comment la marque a-t-elle évolué ?

Dès le début, ma sœur Néma et moi avions voulu créer des codes forts pour identifier notre style et nos collections. Avec une prédilection pour la dentelle de Chantilly, les coutures extérieures, les coudes en velours ou en dentelle. Mais aussi en variant les matières, incluant des broderies ou même jouant avec l’intarsia, une forme de jacquard un peu complexe. Aujourd’hui, je dirais que Zhor & Néma est l’alliance du luxe et du confort : je privilégie l’utilisation des matériaux les plus nobles, qui donnent à la femme un chic et une allure intemporels. Je suis particulièrement heureuse de savoir ma marque reconnue au Japon qui est, comme chacun le sait, un marché exigeant. Cela veut dire que nous avons réussi le pari d’une mode pointue et qualitative.

Vous vivez à Hong Kong, avez-vous de bonnes adresses mode, culture, restos et bons plans à partager avec nous ?

(Rires) Hong Kong est une ville qui change en permanence, il est donc difficile de donner des adresses branchées aujourd’hui, elles peuvent ne plus l’être du jour au lendemain. Il faut plutôt considérer les quartiers. Il faut aller boire un verre à Wyndham Street ou à Soho pour capter l’agitation de la ville. Personnellement j’aime beaucoup le MoBar dans Landmark, c’est un très bel endroit pour se poser après une longue journée. Il y a une multitude de restaurants incroyables à Hong Kong : j’adore l’ambiance et la cuisine de Madame Fu à Tai Kwun. La petite Maison à Stanley Street est également l’un de mes lieux de prédilection. Enfin,  Otto e Mezzo du chef Bombana, sert une cuisine italienne raffinée et exquise.
Zhor & Nema (Paris)
Chez L’ÉCLAIREUR
10, rue Boissy d’Anglas, 75008, Paris.
Tél. : +33 1 53 43 03 70
Liste des points de vente dans le monde : https://www.zhornema.com/boutiques.html

Zhor et Kongo.

 

Farah Nadifi

C’est d’abord à une carrière d’avocate que Farah aspire, après avoir eu son bac à Marrakech. Rapidement, néanmoins, sa passion pour la mode la rattrape. Née à Paris où elle vit jusqu’à ses 14 ans, elle baigne dans ce milieu : sa mère fait carrière dans le retail de luxe. Après être passée chez YSL, Salvatore Ferragamo, Giorgio Armani ou encore Miu Miu, elle est approchée pour diriger le premier flagship de luxe à Casablanca : la boutique Fendi. Elle la dirige quatre ans avant de devenir acheteuse pour Gap et Banana Republic. Mais au bout de 10 ans de carrière dans le retail, elle se lance dans une nouvelle aventure en s’essayant à l’écriture. C’est avec Sofia Benbrahim qu’elle collabore d’abord, pour L’Officiel Maroc, puis Shoelifer, en tant que journaliste mode et lifestyle.

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