DÉPÔT-VENTE : RIEN NE SE PERD, TOUT SE TRANSFORME

Le dépôt-vente les plus connus au monde se trouve à New York (on peut même dire que c’est là qu’est né le concept, dans les années 70) et se nomme What goes around comes around. Littéralement, “ce qui part dans un sens, revient de l’autre”. C’est finalement l’idée de base du dépôt-vente. La mode est un éternel recommencement et un article qui sort d’une boutique peut avoir plusieurs vies. Surtout, chiner dans les boutiques de dépôt-vente n’est plus réservé aux modeuses fauchées. Pour des raisons économiques ou écologiques, le phénomène prend de plus en plus d’ampleur. Le “vieux” n’a jamais été aussi tendance. Analyse.


Investir dans un sac ou dans une maison ?

C’est une question sérieuse qui a été soulevée par une banque de Wall Street. Si si. Ces dix dernières années, l’accessoire le plus prisé de l’industrie de la mode a vu ses prix s’envoler. Pas –encore– au point d’atteindre ceux d’un appartement, certes, mais suffisamment pour devenir un réel investissement. Les chiffres le prouvent, le marché de la vente de sacs de seconde main est passé de 5 millions de livres (pas des bouquins, non, des livres sterling sonnantes et trébuchantes) à 26 millions en sept ans. Il est donc devenu intéressant de se procurer un produit qui se revendra facilement, la demande ne cessant jamais sur certains modèles (suivez mon regard, vers un certain Birkin). On pourrait également parler de chaussures ou de prêt-à-porter même si les sacs restent les plus demandés.

Or, parallèlement à la hausse des prix de ces sacs, les budgets, eux, se resserrent. Accéder directement au Saint-Graal dès sa sortie est presque devenu mission impossible. Vous pensez Chanel ou encore Hermès ? Regardez-donc en direction de jeunes marques à la mode comme Jacquemus : son Chiquito Micro, dans lequel ne rentre pas le plus petit iPhone, vaut 395 euros. Cela pousse naturellement vers les vide-dressings entre copines ou les dépôts-ventes. Les voies du luxe sont de plus en plus impénétrables.


L’anti fast fashion

Mais tout ne se résume pas à des raisons financières, loin de là. Un autre enjeu, de taille, donne au “deuxième main” toute son importance. La fast fashion, ça vous dit quelque chose ? Les grands noms de la distribution multiplient les collections en boutiques, de luxe ou pas, rendant nos achats de plus en plus éphémères. Nos aînés achetaient basiques et pièces fortes, souvent de grande qualité, qui traversaient les âges. Nous, nous cédons au chant des sirènes de la consommation de masse. Dans le retail, moyen de gamme ou dans le luxe, on ne sait finalement plus si on investit dans le style du moment ou dans la qualité du style et la matière. Cathy Horyn, critique mode du New York Magazine, écrivait ainsi lors du départ de Raf Simons de Dior qu’elle “l’avait senti frustré”. Le créateur lui aurait confié qu’il manquait de temps pour créer. Et la critique de commenter: « Quand vous préparez six défilés par an, vous n’avez pas assez de temps”. Propos jamais confirmés par l’intéressé, mais qui peuvent se comprendre.

Les extrêmes amenant les extrêmes, un courant inverse est né, s’opposant au rythme effréné de la fast fashion, la bien nommée slow fashion. Il s’agit, côté créateurs, de revenir à un rythme classique de sorties de collections (printemps-été, automne-hiver) et, côté consommateurs, d’arrêter les achats compulsifs et autres caprices dont on peut aisément se dispenser.

C’est là, encore une fois, qu’entre en scène la mode d’occasion. Revendre des pièces que l’on ne porte plus, que ce soit pour faire le vide ou réinvestir dans une nouvelle pièce, participe à une économie que l’on appelle circulaire. Circulaire, comme un cercle vertueux. Un nouveau modèle économique qui vise à se débarrasser de la notion de déchet. L’objectif est de produire tout en limitant la consommation, le gaspillage des matières premières et les sources d’énergies non renouvelables.

La slow fashion, dont fait partie la revente et l’achat de deuxième main, s’inscrit dans une démarche durable. 

S’habiller en faisant des économies ET en respectant son environnement, c’est peut-être ça, la vraie tendance en 2019. De nombreuses start-ups l’ont compris en créant des dépôts-ventes en ligne, à l’instar de Vestiaire Collective (qui aurait dépassé les 140 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2017) ou de Grailed. Car, on ne cesse de vous le répéter, la mode est un business sérieux.

Une adresse validée à Casablanca :
Spot ! Allée Romandie I.
Sur Instagram : @videdressingdescopinesbyaudrey

Farah Nadifi

C’est d’abord à une carrière d’avocate que Farah aspire, après avoir eu son bac à Marrakech. Rapidement, néanmoins, sa passion pour la mode la rattrape. Née à Paris où elle vit jusqu’à ses 14 ans, elle baigne dans ce milieu : sa mère fait carrière dans le retail de luxe. Après être passée chez YSL, Salvatore Ferragamo, Giorgio Armani ou encore Miu Miu, elle est approchée pour diriger le premier flagship de luxe à Casablanca : la boutique Fendi. Elle la dirige quatre ans avant de devenir acheteuse pour Gap et Banana Republic. Mais au bout de 10 ans de carrière dans le retail, elle se lance dans une nouvelle aventure en s’essayant à l’écriture. C’est avec Sofia Benbrahim qu’elle collabore d’abord, pour L’Officiel Maroc, puis Shoelifer, en tant que journaliste mode et lifestyle.

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