JO 2024 : NOUS AVONS RENCONTRÉ LA CAVALIÈRE NOOR SLAOUI

noor slaoui

À 29 ans, Noor Slaoui va représenter le Maroc au JO 2024 en concours complet, la discipline d’équitation la plus technique. Entre deux séances d’entraînement, Shoelifer a pu lui poser quelques questions. Interview. 

En devenant la première cavalière marocaine à être qualifiée pour les JO 2024 en concours complet, Noor Slaoui inscrit son nom (en grand) dans l’histoire équestre. Cette discipline, qui consiste à enchaîner les épreuves de dressage, cross et saut d’obstacles, est l’une des plus exigeantes mais aussi l’une des plus spectaculaires. En pleine préparation, Noor Slaoui nous raconte comment elle aborde la compétition. 


Les épreuves du concours complet vont avoir lieu du 27 au 29 juillet 2024. Ce sont vos premiers JO 2024. Dans quel état on se sent à un peu plus d’un mois de la compétition ? 

En réalité, je suis très excitée, j’ai vraiment hâte de prendre part à ces JO 2024 car ils sont l’aboutissement de nombreuses années de travail. C’est une étape importante dans mon parcours professionnel, qui va me permettre de me développer en tant que personne et de gagner en expérience pour m’améliorer dans les années qui suivent.  


Un peu de stress aussi j’imagine ? 

Bien sûr ! Le stress peut être bon pour faire monter l’adrénaline mais j’essaie de l’utiliser positivement pour ne pas perdre mes moyens. C’est surtout le jour J que tout se joue, mais pour l’instant je gère bien. 


Vous avez des tips particuliers pour gérer le stress pendant une compétition ? 

Lâcher prise et être dans le moment présent ! Car une fois qu’on est dans la compétition, ça ne sert à rien de se projeter dans le passé ou le futur, autant se concentrer sur ce moment présent. Tout a déjà été fait en amont et on peut juste faire de son mieux. C’est ce que le sport de haut niveau m’a appris, savoir déterminer ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. 


Le concours complet est très exigeant. Quelle difficulté représente la combinaison de trois épreuves ? 

La principale difficulté du concours complet, c’est l’hyper polyvalence. Pour cela, il doit y avoir une bonne connexion entre le cavalier et le cheval. Cela demande beaucoup de travail sur les trois disciplines, mais l’épreuve phare du concours reste le cross. Car pour sauter des obstacles fixes dans la nature que le cheval n’aura jamais vu avant, il faut un bon partenariat avec son cavalier et surtout beaucoup de travail en amont. 

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Comment se prépare-t-on physiquement ? 

Dans les écuries j’ai une quinzaine de chevaux à monter, ce qui me maintient dans une bonne forme physique ! Et celui que j’emmène aux JO, je l’ai depuis six ans… Son programme d’entraînement répond à l’objectif des JO. Je suis aussi un programme fitness de renforcement musculaire, à raison de cinq séances par semaine. 


Et mentalement ? 

J’ai un super coach, Rafiq Benjelloun, avec qui je fais des séances en visio. J’ai la chance d’avoir une super équipe autour de moi, à savoir mon amie Deborah, qui m’aide beaucoup mentalement, les vétérinaires mais aussi la fédération qui a été exceptionnelle avec moi au cours de ces six dernières années. Un travail qui se construit sur le long terme et qui contribue à créer un écosystème de confiance. 


Et le cheval, comment se prépare-t-il ?

Il a lui aussi son programme !Un jour il va travailler son cardio, un autre le saut d’obstacle, un autre jour le dressage… Il a un jour de repos par semaine. Tout son programme d’entraînement a été conçu en vue de cette compétition. Une fois qu’on trouve un système qui marche avec un cheval, on ne change pas. Donc on essaie de maintenir le cap jusqu’aux JO. 


À quel âge avez-vous commencé l’équitation ? 

Très tôt, à l’âge de 4 ans ! Mais une équitation de loisirs, j’étais loin de penser à la compétition. J’adorais aller faire des randonnées à la ferme équestre de Dar Bouazza… Cela m’a donné l’amour du cheval. L’amour du sport est venu après. Mais j’ai toujours su que les chevaux feraient partie de ma vie. 

Après mon bac, je suis partie en France pour m’entraîner. Je suis restée un an et demi au Cadre Noir de Saumur (une école nationale d’équitation qui forme les écuyers, NDLR). Je m’y suis inscrite pour devenir monitrice et pour en savoir plus sur le milieu professionnel équestre. Mais dans le même temps, j’étais inscrite en sciences politiques à l’université en Angleterre. Sous la pression de mes parents, j’ai poursuivi mes études là-bas. C’est là que j’ai découvert le concours complet.


Et l’envie de faire de la compétition, comment est-elle venue ?

C’est à 19 ans que j’ai commencé la compétition, donc très tard ! Je dois dire que ça a été un peu la douche froide au début car j’ai dû tout apprendre dans un espace temps très réduit. Mais j’ai toujours eu la passion de ce sport et je pense que c’est ce qui m’a aidée à gravir les échelons. 


Quel a été le déclic ? 

En fait c’est tout bête ! Mon université en Angleterre se trouve dans le fief du concours complet, où sont disputés les plus grands concours du monde. À l’époque je ne connaissais rien de cette discipline, je ne savais même pas qu’elle existait. Un jour en allant en cours, alors que je conduisais, j’ai vu ces compétitions et je me suis dit « je veux faire ça » ! 


Quels sont vos projets après les JO ?  

Côté pro, pour l’instant mes projets sont tournés autour des écuries de production et de valorisation de chevaux. Des propriétaires nous confient leurs chevaux afin qu’on les mette en valeur à travers les années pour des objectifs sportifs ou de revente. Côté sportif, les JO 2024 de Paris sont un super objectif mais j’ai envie de continuer à me challenger pour progresser dans mon sport. 

Photo (c) : Noor Slaoui

Fatima Haim

Après des études d’histoire et de journalisme, elle est tombée dans la marmite de la pub et de l’édition, un peu par hasard, en collaborant avec différentes agences. Une fois dissipé l’effet « potion magique », le journalisme la rattrape. Elle papillonne alors dans différents supports : FDM, Afrique Magazine, L’Officiel… Car en 2014, cette parisienne (d’adoption) s’était rendue à Casablanca pour y passer quelques jours. Elle y est encore! Toujours en quête d’air pur (et iodé), pour buller en terrasse ou se déconnecter à coups de longues marches.

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