JOAILLERIE : À LA RENCONTRE DE SELIM MOUZANNAR CHEZ NEYLEEN

À l’occasion de sa nouvelle collection, le designer de bijoux Selim Mouzannar a donné rendez-vous à sa clientèle marocaine, dans la joaillerie qui le représente en exclusivité à Casablanca, Neyleen. Il nous raconte son parcours atypique et mouvementé, entre guerre civile du Liban, voyages et explorations. Une trajectoire qui a empli ses créations de symboles de paix et de messages. Rencontre avec un créateur aussi inspiré qu’inspirant.

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Votre périple à travers le monde fait penser à celui d’Indiana Jones à la recherche d’un trésor. Le voyage était-il une étape nécessaire à la création de votre marque ?

« Oui, c’est vrai, j’aime bien cette idée d’Indiana Jones. Mais en vérité, j’ai beaucoup résisté dans un premier temps à l’idée de devenir joaillier, ce n’était pas dans mes plans. Mes parents sont bijoutiers et je dois avouer que je ne croyais pas vraiment en l’héritage professionnel. J’ai d’abord essayé de m’en défaire, je voulais être journaliste, puis la guerre civile et la providence s’en sont mêlées. De devoir quitter le Liban m’a poussé à être curieux, découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles cultures et les angles desquels ces cultures abordent ce métier. Cela m’a énormément enrichi. Et, c’est une grande satisfaction de me dire que ce chemin je l’ai tracé seul. »

La guerre de 1980 vous a fait quitter le Liban, on la retrouve qui ponctue souvent votre itinéraire. Comment aborde-t-on la beauté lorsque l’on connaît le conflit chez soi ?

« La guerre, on ne la choisit pas, en tant que civils on ne fait pas partie des décideurs. On cherche alors à évoluer dans le cyclone qu’est “l’inhumanisme”, dans un état de stress et de challenge, pour tout simplement, survivre. L’Homme est un survivant. La guerre, paradoxalement, donne de l’énergie, elle pousse à travailler plus, à travailler mieux, à créer plus. La beauté vient des gens, qui dans ce monde de violence, continuent de croire en la paix, la joie, le bonheur et les transmettent à travers leur travail. Un pays en guerre ne veut pas dire que ses citoyens sont mauvais, alors on cherche le contraste, là où la beauté fait des percées dans le chaos. C’est autant une bénédiction qu’une malédiction que de s’habituer à l’horreur, mais paradoxalement d’en avoir la force. »

Vous avez cofondé une ONG pour la non-violence, comment allie-t-on activisme et création ?

« L’activisme et la création ont beaucoup plus de choses en commun que l’on pourrait le croire. L’activisme par définition est l’opposé de l’immobilisme. Et pour sortir de l’immobilisme, il faut créer. L’activisme veut changer les choses, le créateur essaie de faire passer des messages, soient-ils engagés ou non. L’activisme est ancré en moi, dans la non-violence, la justice, dans cette partie du monde où l’extrémisme étend ses tentacules. On ne peut pas de nos jours être passif et regarder sans parler, que cela soit par la voix “politique” ou créative, tous les canaux sont bons. » 

Vous avez gagné le prix Couture Show de Las Vegas en 2016 avec le collier Amal, pouvez-vous nous en dire plus sur ce collier ?

« Amal signifie espoir en arabe. Ce collier, je dirais, est juste le fruit, de lui-même. J’ai choisi l’émeraude pour le vert, couleur de l’espoir. D’ailleurs, le genre d’émeraude que j’ai choisi pour ce collier est particulier. On l’appelle “trapiche” (du nom espagnol de la roue à 6 branches avec laquelle on extrait le sucre de la canne) et j’en suis tombé amoureux à 20 ans. Elles viennent de la mine de Muzo en Colombie et sont extrêmement rares, l’inclusion naturelle qui dessine cette étoile dans leur transparence verte les rend magiques à mes yeux. C’est un collier qui malgré sa taille symbolise la légèreté, les branches entre les pierres symbolisent la connexion entre humains, il faut qu’elle soit aérienne sans être superficielle. »

Qu’est-ce qui vous inspire aujourd’hui ?

« La nature d’abord. Je me considère en faire partie intégrante, elle me rend meilleur et heureux. On se traiterait mieux si l’on se considérait tous en faisant partie. Elle, la traiter mieux c’est indéniable, mais nous ne sommes rien à ses côtés, c’est la nature qui peut nous élever. Si l’on n’en prend pas conscience, elle ridiculisera la race humaine pour son ignorance.
Ensuite, il y a le Temps. Mon passé, mon vécu, comment mon passé m’a forgé. Je pense que chacun est principalement inspiré par ce qu’il a vécu, ce qu’il vit et ce qu’il espère vivre dans le futur. »

Vos bijoux sont portés par des stars internationales telles qu’Isabelle Adjani ou bien encore Rihanna. Y’a-t-il une icône que vous aimeriez voir porter vos créations ?

« Je suis très heureux que ces stars aient choisi mes bijoux, bien évidemment. Mais je crée pour les femmes. Et mon icône absolue est la femme qui se sent heureuse en portant mon bijou. Si porter mes bijoux lui donne un peu de joie dans sa journée, cette joie ricoche sur moi, et ce que je recherche. »

Bague Mina Collection en émeraude Emerald de la mine Muzo en Colombie, émaille ivoire et diamants.

Neyleen
8 Rue AÏn Harrouda (ex. Jeanne d’Arc), Casablanca.
Tél. : +212 5 22 36 48 04

 

Farah Nadifi

C’est d’abord à une carrière d’avocate que Farah aspire, après avoir eu son bac à Marrakech. Rapidement, néanmoins, sa passion pour la mode la rattrape. Née à Paris où elle vit jusqu’à ses 14 ans, elle baigne dans ce milieu : sa mère fait carrière dans le retail de luxe. Après être passée chez YSL, Salvatore Ferragamo, Giorgio Armani ou encore Miu Miu, elle est approchée pour diriger le premier flagship de luxe à Casablanca : la boutique Fendi. Elle la dirige quatre ans avant de devenir acheteuse pour Gap et Banana Republic. Mais au bout de 10 ans de carrière dans le retail, elle se lance dans une nouvelle aventure en s’essayant à l’écriture. C’est avec Sofia Benbrahim qu’elle collabore d’abord, pour L’Officiel Maroc, puis Shoelifer, en tant que journaliste mode et lifestyle.

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