3 ARTISTES AFGHANES QUI DISENT NON À L’OPPRESSION

artistes afghanes

Depuis quelques semaines, avec le retrait des armées américaines et étrangères et l’arrivée au pouvoir des talibans, l’Afghanistan vit des heures sombres. Sombrissimes. Tandis que toutes les Afghanes redoutent la perte de leurs droits et libertés, les artistes afghanes, en particulier, sont ciblées et menacées. Pourtant cela n’empêche pas certaines d’entre elles de continuer à faire entendre leur voix. Shoelifer vous présente trois talentueuses artistes afghanes au courage remarquable, qui disent non à l’oppression. 

Dimanche 15 août 2021, les talibans reprennent le pouvoir en Afghanistan. Ils annoncent alors l’interdiction de l’art sous toutes ses formes. Plusieurs artistes afghanes – dont la situation était déjà difficile avant le retrait de l’armée américaine- n’ont ainsi pas eu d’autre choix que de fuir leur pays. Selon le ministère de l’Intérieur afghan, plus de 180 tentatives d’assassinat ont ciblé des journalistes, des universitaires, des militants et des artistes, des femmes surtout. 

Pourtant, qu’elles soient encore en Afghanistan ou obligées à l’exil, certaines artistes afghanes continuent, malgré les menaces, de militer pour leurs libertés et celles de toutes les femmes. Leur arme ? L’art. Photographes, peintres ou encore graffeuses, elles montrent au monde entier leur force, leur insoumission et leur soif de vivre. Chez Shoelifer, nous tenons à les soutenir et vous présentons aujourd’hui trois artistes afghanes puissantes tant par leurs réalisations que leur discours.


Shamsia Hassani : dessiner l’espoir

À seulement 33 ans, l’artiste et professeure d’art Shamsia Hassani est la première graffeuse afghane à avoir exposé ses œuvres dans plusieurs pays, notamment l’Inde, la Suisse, l’Allemagne, l’Italie ou encore l’Iran. Suite à un atelier en street art organisé par un célèbre graffeur anglais à Kaboul en 2010, elle commence à son tour à pratiquer sur les murs de la ville. Craignant ensuite les agressions, elle décide d’exposer ses graffitis sur internet, depuis son studio à Kaboul. Sur les réseaux sociaux, ses dessins sont partagés en masse. Sur Instagram, sa page rassemble ainsi une communauté de plus de 237.000 personnes, et le hashtag #shamsiahassani a été utilisé pas moins de 3000 fois. Sa muse ? La femme afghane tout simplement. Elle aime la montrer insoumise et pleine d’espoir, dans un univers coloré. Cependant, les dernières œuvres de l’artiste traduisent les heures toujours plus sombres que traverse son pays depuis la montée le retour des talibans. Une vraie femme courage à qui l’on souhaite tout de simplement de rester en vie aujourd’hui.


Kubra Khademi : l’art féministe

Artiste plasticienne et performeuse de 32 ans actuellement réfugiée à Paris, Kubra Khademi est également une militante féministe. D’abord étudiante aux Beaux-Arts de Kaboul, elle a ensuite fréquenté l’université de Beaconhouse à Lahore. En 2015, Kubra décide de dénoncer le harcèlement que subissent les femmes dans la rue à travers une performance artistique intitulée “Armor” : elle s’est promenée dans Kaboul portant le “hijab” traditionnel ainsi qu’une armure prenant la forme de seins et fesses. Cette performance a contraint l’artiste à fuir son pays et à se réfugier en France. Aujourd’hui, Kubra Khademi continue de militer, rappelant que le corps de la femme n’a jamais été censuré dans la tradition afghane avant l’émergence du mouvement taliban. Et dénonce l’oppression des femmes dans des peintures mettant en scène des corps féminins nus, dans des positions explicites, s’inspirant des vers érotiques de Djalal Al-Din Rumi.


Rada Akbar : Focus sur l’héritage

Récemment exilée en France, Rada Akbar se définit comme une « artiste conceptuelle ». Cette peintre et photographe de 33 ans crie haut et fort que les Afghanes ne doivent pas être seulement considérées comme des victimes. “Nous avons un long et riche passé auquel les femmes ont toujours contribué, comme souveraines ou comme combattantes » dit-elle. L’artiste donne un bel exemple de courage et de détermination en continuant à publier ses photographies, qui représentent la réalité de son pays, malgré les nombreuses menaces qu’elle reçoit. On aime son autoportrait en Frida Kahlo, s’affichant couronne sur la tête, regard perçant et gros collier traditionnel en argent autour du cou. Ou encore le portrait poignant d’une femme dont le visage complètement déformé raconte l’histoire de son agression suite à un mariage forcé. Bref, ses œuvres dérangent. Fuyant devant l’arrivée des talibans à Kaboul, Rada a réussi à quitter l’Afghanistan : elle est arrivée en France le 19 août. 

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