Nous y voilà : le stress hydrique n’est plus une menace mais une réalité, nous obligeant à revoir à la baisse notre consommation d’eau. Maintenant qu’on ne peut plus faire comme si on ne savait pas, il va falloir y mettre du sien à la maison aussi. Comment ? C’est ce qu’on vous explique ici.
Dans nos conversations sur la pluie et le beau temps, le réchauffement climatique s’est fait une place de choix. Impossible aujourd’hui d’ignorer ses effets, alors qu’on enregistre des températures printanières en plein mois de février et que nos clémentines sont de moins en moins juteuses. On voit même les briques de jus d’orange se raréfier au supermarché, signe que la production n’arrive plus à tenir le rythme. À la campagne, l’agriculture et l’élevage paient un lourd tribut à la sécheresse qui sévit depuis cinq ans. Et cela ne va pas s’arranger en 2024. Le 16 janvier, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, annonçait un déficit pluviométrique de 70% par rapport à la moyenne.
Quelques semaines auparavant, une circulaire du ministère de l’Intérieur encourageait les gouverneurs et les walis à prendre au plus vite des mesures drastiques pour réduire la consommation d’eau. Interdiction d’arroser les espaces verts, de nettoyer la voie publique à l’eau, de remplir les piscines publiques et privées plus d’une fois par an, réduction des jours d’ouverture des hammams et des stations de lavage automobile… Plusieurs villes du royaume sont déjà passées à l’action, comme Tanger, Rabat, Casablanca, Marrakech, ou encore Taroudant et Beni Mellal.
C’est donc toute une culture de la préservation de l’eau qui est appelée à s’instaurer dans l’espace public. Et à la maison ? Même topo : on fait le deuil d’un gazon bien vert et on cesse de nettoyer le sol à grande eau (potable !). Voici quelques automatismes à adopter (et à prêcher dans toute la maisonnée !) pour participer à l’effort collectif.
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Dans la salle de bains
On est tous d’accord pour dire qu’on ne laisse pas couler l’eau pendant qu’on se savonne les mains ou qu’on se brosse les dents, encore moins sous la douche, n’est-ce pas ? Mais il y a d’autres gestes qui peuvent aider à réduire sa consommation d’eau. On peut par exemple placer un pommeau de douche économique qui réduit de 50% le débit. La pression, elle, ne change pas, car l’eau est comprimée et éclatée en fines gouttelettes.
Pour éviter le gaspillage, on pense à placer un seau dans la douche. Il permettra de recueillir l’eau qu’on laisse habituellement partir dans le syphon en attendant qu’elle chauffe. Ce sont 2 à 4 litres d’eau qui sont ainsi récupérés à chaque douche et qui peuvent être réutilisés. On s’en sert par exemple pour laver les sols, arroser les plantes ou remplacer une chasse d’eau…
À propos, il faut savoir que les toilettes représentent 20% de la consommation d’eau potable d’une maison. L’idéal, ce sont les toilettes sèches, mais c’est plus facile à dire qu’à faire ! On peut déjà s’assurer que nos WC comportent un bouton de chasse d’eau à double commande, afin de pouvoir choisir le débit selon les besoins. Si vous n’avez pas la foi pour modifier votre système, une astuce simple consiste à placer une brique dans le réservoir de la chasse. Le volume d’eau sera automatiquement réduit par l’espace occupé. Une (ou deux) bouteille en plastique remplie d’eau et fermée peut aussi faire l’affaire.
Dans la cuisine
Même combat que dans la salle de bains : on évite au maximum de laisser partir l’eau dans le syphon ! L’eau de cuisson des pâtes et des légumes peut tout à fait être récupérée pour arroser les plantes. Mieux encore, on investit dans un cuiseur vapeur qui nécessite beaucoup moins d’eau pour cuire les légumes, poissons, et même les pâtes et le riz (si, si !). Bonus : la vapeur aurait la vertu de débarrasser les aliments des résidus de pesticides grâce à la sudation qu’elle provoque. Les nutriments sont également mieux préservés.
Pour maîtriser sa consommation d’eau, il existe aussi des embouts à placer à l’extrémité des robinets (on appelle ça des « mousseurs ») pour réduire le débit. Mine de rien, ce système permet d’économiser 30 à 50 % d’eau. Il existe même des robinets spécialement conçus pour économiser l’eau. Si vous faites la vaisselle à la main, remplissez les deux bacs de l’évier : un avec de l’eau savonneuse pour laver, un avec de l’eau claire pour rincer. C’est deux à trois fois plus économique que de nettoyer les assiettes directement sous le robinet. La meilleure solution étant d’utiliser le lave-vaisselle (oui, oui, ça consomme moins !).
Partout dans la maison
On adopte un nettoyeur vapeur : mini consommation d’eau, maxi efficacité ! Désincrustant et désinfectant, il peut à lui tout seul assurer le ménage complet de la maison, du sol au plafond : sanitaires, sols, vitres… C’est valable aussi pour laver la voiture ! Si vous n’avez pas envie d’investir dans un tel objet du désir (compter en moyenne 2500 DH), on rappelle à toutes fins utiles qu’il est possible de nettoyer un sol sans y déverser 5 seaux d’eau. Une simple serpillère essorée, arrimée à un balai-brosse, fait amplement l’affaire.
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Enfin, en achetant son lave-linge ou son lave-vaisselle, on jette un œil à l’étiquette énergie. À titre indicatif, un lave-vaisselle économe ne doit pas dépasser 10 litres d’eau par lavage. Et on fait tourner la machine uniquement quand elle est pleine pour ne pas multiplier inutilement les lavages. Enfin, on vérifie régulièrement sa consommation d’eau sur la facture afin de détecter toute augmentation anormale. Elle pourrait être le signe d’une fuite dans une canalisation ou dans les WC. Sachant qu’une chasse d’eau qui fuit consomme 25 litres d’eau par heure !
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Dans le jardin
Pour maîtriser sa consommation d’eau dans le jardin, on choisit des plantes connues pour résister à la sécheresse. Un jardin planté de cactées a l’avantage de rester très verdoyant tout en mobilisant une infime quantité d’eau. Ce concept de “jardin aride” a notamment été développé par les paysagistes Eric Ossart et Arnaud Maurières dans la région de Taroudant. Pour maîtriser sa consommation d’eau tout en continuant à arroser le jardin (sauf si un arrêté préfectoral l’interdit dans votre région), on commence par choisir son heure. On évite donc le soleil de midi pour des raisons évidentes d’évaporation et on attend le soir. Toujours dans le souci d’éviter le gaspillage, on troque le tuyau d’eau par un bon vieil arrosoir. Quant au rythme, il vaut mieux arroser abondamment mais moins souvent, de façon à humidifier la terre en profondeur. Et bien sûr, on utilise l’eau récupérée sous la douche et dans la cuisine.
Les adeptes de potager recouvriront leurs plates-bandes de paille ou autres feuilles, herbe tondue, etc., qui auront l’avantage de retenir l’eau plus longtemps et donc mieux hydrater la terre. C’est aussi valable pour les massifs de plantes et les arbustes. Une autre astuce pour éviter de trop arroser consiste à biner la terre : ainsi fractionnée, elle absorbera mieux l’eau. Quant aux heureux propriétaires d’une piscine, ils devront se contenter de la remplir une fois par an pour se conformer aux mesures préconisées par le gouvernement.
Cerise sur le compteur d’eau : toutes ces astuces mises bout à bout peuvent vite rejaillir sur le montant de la facture. Et si on en profitait pour s’acheter ce beau nettoyant vapeur dernier cri ?
Photo (c) : Debora Brune
