ÊTRE FICTOSEXUEL, OU TOMBER IN LOVE DE LA FICTION

Avez-vous déjà eu un crush pour un personnage de fiction ? Oui ? Alors vous avez été au moins une fois fictosexuel. Kézako ? Shoelifer vous explique tout sur cette forme d’amour (impossible).

«Ado, j’étais encore amoureuse de Kocoum dans Pocahantas». Cet aveu, formulé juste avant le décollage de l’avion (coucou le stress), a été fait à l’autrice de ces lignes par sa meilleure amie, au retour de vacances d’été olé olé. Bizarre ? Non. Car être fictosexuel est un phénomène ultra-courant et universel. La preuve, il porte même un nom (cette nouvelle mode de donner un nom à absolument tout).

Mais alors, qu’est ce qu’être fictosexuel ? C’est tout simplement le fait de ressentir une attirance sexuelle et/ou des sentiments amoureux pour un personnage de fiction. Honnêtement, dites-nous que vous n’avez jamais eu le cœur qui s’emballe pour Batman ?


Orientation ? Fictosexuel

Il s’agit donc d’une véritable orientation sexuelle, révélée au grand jour à la faveur des réseaux sociaux. Et tout particulièrement le réseau Reddit. C’est également un phénomène étudié très sérieusement à l’université. Notamment par Tanja Valisalo, chercheuse à l’Université de Jyvaskyla (Finlande). Elle en a même fait un livre intitulé Fictosexualité, fictoromance et fictophilie : une étude de l’amour et du désir pour les personnages de fiction.

Dans cet ouvrage, la chercheuse explique notamment : « L’objet du désir peut être un personnage de livre, bande dessinée, télévision, cinéma, jeux ». Pour autant, « la fictosexualité n’exclut pas forcément d’autres formes de sexualité ou d’attirance envers de vraies personnes ».


Trois nuances de fictosexualité

Par ailleurs, il y a plusieurs nuances de fictosexuel. Car la fictosexualité se décline à tous les genres de fictions. Ainsi, on parle de :

  • gamosexuel, pour les personnes qui aiment un personnage de jeux vidéos.
  • cartosexuel pour celles et ceux étant attirés par les personnages de dessin animé ou de bande dessinée (mangas, comics).
  • et enfin, de novelosexuel pour l’attirance concernant les personnages de romans.

 

Si vous n’en aviez jamais entendu parler auparavant, c’est normal. Les fictosexuels se retrouvent avant tout sur la Toile, à l’abri des moqueries et autres jugements. Souvent, ils / elles forment des groupes fermés sur Twitter, Facebook et Reddit, pour échanger entre eux. Mais aussi pour faire « vivre » leur fantasme, en écrivant par exemple des « fan fictions ».


Un mix entre pop-culture et culte de la célébrité

Pourquoi être fictosexuel n’est pas si surprenant ? Tout simplement parce que la pop-culture fait partie intégrante de notre quotidien. Et qu’il est donc parfois difficile de séparer la réalité de la fiction. D’autant plus que dans le monde actuel, anxiogène, il est tentant de se réfugier dans son imaginaire.

Dans le British Journal of Psychology, les sociologues Lynn E McCutcheon, Rense Lange et James Houran font aussi un lien avec le culte de la célébrité. Un phénomène bien ancré dans la pensée collective. Selon ces universitaires, cette notion se décline en trois étapes :

  • entertainment social (le fait de vouloir en savoir plus sur une célébrité et d’en discuter).
  • intense personal (développer des sentiments intenses ou compulsifs pour une personnalité).

borderline-pathological. Là, c’est grave docteur, puisqu’il s’agit d’une obsession qui vire à l’érotomanie. Ce qui paraît tout de même compliqué pour un fictosexuel selon Tanja Valisalo.

Souvent, un fictosexuel est assimilé à un fan hystérique. Or ce n’est pas le cas. Selon cette dernière, la plupart des fictosexuels adultes se questionnent énormément sur leur santé mentale. Et leur épanouissement personnel dans le monde matériel.


Des rôles créés pour attirer

Être fictosexuel (le temps d’un instant en tout cas), c’est quasi inévitable. Littérature, cinéma, jeux : tous ces univers maîtrisent les rouages de l’attachement, et s’en servent allègrement. Sinon, ils n’auraient pas survécu.

La sexologue Chloe Scotney, qui s’est penchée sur la fictosexualité, l’explique bien. « La plupart du temps, les personnages sont développés pour mettre en valeur les éléments les plus intéressants et les plus charismatiques de la nature humaine. Des choses que nous n’avons tout simplement pas tendance à rencontrer dans la vraie vie ». Même les défauts sont romancés.

Ainsi, cela suscite l’attachement, l’empathie et donc une forme de résonance. Mais si cela vient à prendre trop de place, prenez du recul. Ou bien déguisez votre moitié en Kocoum. 

Photo(c) : La Chronique des Bridgerton, Netflix

Pas Encore De Commentaires

Les commentaires sont fermés

@shoelifer

Instagram