HUMEUR : ARISTOTE, LE BAL DE VAMPIRES, L’AMITIÉ TOXIQUE ET MOI

TOXIC FRIENDSHIP

« Les amis, c’est la famille que l’on se choisit ». Du moins c’est ce que l’on croit. Car si pour le commun des mortels, l’amitié est synonyme de soutien émotionnel indéfectible, il arrive que cet amour se transforme parfois en mauvais mélodrame psychologique. Car oui, l’amitié toxique existe et mieux vaut savoir l’identifier pour ne pas y laisser quelques plumes. Comme moi par exemple. Petit décryptage des profils à haute teneur en toxicité qui ont marqué ma vie. L’humeur (BFF) du mois, c’est par ici.  

Tout comme l’amour, l’amitié n’est pas un long fleuve tranquille. Il m’est arrivé au cours de ma vie de déchanter bien trop souvent en termes de relations amicales. Et pour cause. De mon adolescence, en passant par mes jeunes années étudiantes, jusqu’à mon boulot de cadre sup’ : pas une époque ne se passe sans qu’une personne que je pensais être mon ami(e) ne me fasse douter de notre relation. Et je ne vous parle pas de petits accrochages et autres engueulades de groupes WhatsApp. Non. Je vous parle de ces amitiés toxiques qui se basent davantage sur la manipulation, le chantage affectif ou la dévalorisation que sur le soutien mutuel. Des personnes au venin enfoui qui finissent toujours par vous mordre tel un chien enragé. Petit tour de piste de ces faux amis qui ont failli avoir ma peau. Et si vous cherchez les coupables, je vous préviens, les noms ont été changés. Histoire que vous puissiez aussi trouver les vôtres.


Le bal des vampires

Blair Waldorf, la fausse bienveillante : 

Soit cette copine rencontrée à un dîner entre filles organisé au sein du dernier restaurant à la mode par ma soeur. Coincée entre deux fourchettes, elle était là, tellement à l’écoute et compréhensive, qu’elle est arrivée à me faire déballer ma vie seulement 3 minutes après l’arrivée du plat de résistance. Pourquoi la mort de mon chat Minouche m’a affecté jusqu’à mon adolescence, à quel point la relation avec ma mère m’épuise psychologiquement ou encore la dernière engueulade épique que j’ai eue avec mon mec. Ce n’est que quelques semaines plus tard que j’ai appris que cette jolie brune était allée demander à BAE comment il se sentait dans son couple à deux doigts du divorce. Il a même cru qu’elle allait lui poser sa candidature pour le poste de nouvelle femme au foyer, c’est dire. Évidemment, il n’a pas hésité à la remettre à sa place. Soit près du local poubelle. Merci chéri. Conclusion, au royaume des amitiés déchues, le tberguig est roi. 


Ursula, l’hypocrite 

Proche cousine de Blair, celle-ci s’est présentée à l’époque du collège dans ma classe de 5e. Coup de foudre amical. Tout était « trop deguin », elle avait un humour du tonnerre, me complimentait sans arrêt et cherchait par tous les moyens à s’intégrer. En 3 mois à peine, elle est devenue la star de la cour et passait tout son temps avec mes amis. Un peu trop d’ailleurs… Car si dans mon monde de bisounours je ne voyais pas de mal à ça, on a fini par me prévenir. Cette pieuvre me critiquait sans arrêt derrière mon dos et cherchait par tous les moyens à me rabaisser. Et par extension à se mettre en avant à la moindre occasion, évidemment. Lors de la confrontation, face mes accusations, elle n’a pas hésité à me répondre que « de toute façon, j’étais plus moche qu’elle ». Great. Autant vous dire qu’elle est restée dans mon Panthéon des amitiés toxiques à éradiquer. 


Gaston, le héros 

Savez-vous que selon une étude, il faut en moyenne 164 heures pour qu’une relation occasionnelle se transforme en amitié à l’âge adulte ? Avec sa confiance en soi exacerbée, son franc-parler et sa haute opinion de lui-même, il a fallu beaucoup moins à Gaston pour marquer mes relations amicales dans le monde du travail. Ce jeune homme bien sous tous rapports a en effet commencé à m’humilier gratuitement devant tout l’open space au bout de 4 ans de bonne entente, d’afterworks en tout genre et de week-ends arrosés entre copains. 

Ma faute ? Je vous donne dans le mille : avoir eu une promotion. Ce personnage à l’ego surdimensionné l’a en effet pris comme une attaque personnelle et a voulu crier vengeance. Autant vous dire que l’afterwork suivant ressemblait plus à un champ de bataille en pleine guerre 14-18 qu’une discussion entre adultes civilisés. Résultat ? Double victoire. Non seulement l’homme s’est excusé mais a aussi commencé à aller voir un psy. Sans trop de succès apparemment… Sarah 1 – amitié toxique 0 ? 


Iaogo, la victime 

Dans la grande famille des amitiés toxiques, je demande l’adepte du « oui mais tu comprends… ». Vous savez, celui qui n’assume jamais ses comportements blessants et se dédouane systématiquement en vous expliquant qu’il traverse une période difficile. Ou en se victimisant par rapport à vous aussi. Bref, Iago est la dernière personne en date qui a contaminé insidieusement ma vie par son amitié toxique. Tout le temps malheureux ou en train de se plaindre, j’ai passé 6 ans à essayer de lui remonter le moral (et perdre le mien au passage). Pour quel résultat ? Rien. Il ne m’a plus parlé du jour au lendemain en m’expliquant que j’étais trop toxique pour lui. Seriously ? Quand on sait que selon une étude du sociologue Gerald Mollenhorst 7 ans est la durée maximale de certaines amitiés, je me dis que je suis dans la moyenne. 

Dans ce pot-pourri de faux amis, je vous parlerais bien aussi de « Yzma », celle qui ne tient jamais parole, et de « Ken » le mythomane notoire qui m’a menti sur la moitié de son histoire. Ou encore de la « Mère Gothel », qui a tenté de diviser mon duo avec ma BFF pour mieux régner. Mais je n’ai pas que ça à faire. Car comme le disait Aristote : « celui qui n’est plus ton ami ne l’a jamais été ». Force est de constater qu’à force de côtoyer des amitiés toxiques, j’ai surtout appris à les décoder. Et à tenir ma langue après trois verres en soirée. 

Car finalement, le plus difficile dans ce genre de relations est souvent d’arriver à les identifier. Et pour ça, la psychothérapeute et écrivaine américaine Dr Erin Leonard, dans un article publié dans la revue scientifique Psychology Today, nous rappelle qu’il est important de différencier deux types de catégories amicales. « Les émotionnellement intelligents » capables de commettre des erreurs certes, mais sachant faire preuve d’empathie et se remettre en question. Mais aussi les « émotionnellement inintelligents », capables de saboter leurs amis en toute conscience et de fuir leur responsabilité. 

Bref entre amour et toxicité, il y a un pas qui peut parfois être franchi, pour le meilleur et surtout pour le pire. Et à chaque nouvelle rencontre, c’est un peu la roulette russe. Soit le départ d’une belle histoire, soit quelque chose de potentiellement dangereux pour notre santé mentale.  Finalement, je pense que le principal après toutes ces années, c’est de continuer à croire que l’amitié, la vraie, peut toujours frapper à notre porte. Dans le cas contraire, vous ne pourrez pas dire que l’on ne vous a pas prévenu(e).

Par Sarah Kroche.

Photo (c) : Modic Magazine

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