TOUT SAVOIR SUR LA PRÉMÉNOPAUSE

La ménopause vous connaissez, mais la préménopause, cela vous dit vaguement quelque chose. De quelle période s’agit-il exactement ? Comment la reconnait-on et surtout, comment la traverser du mieux possible ? On fait le point avec le docteur Michel Mouly, gynécologue, chirurgien et cancérologue à Paris, auteur d’un livre sur le sujet. 

Arrêt progressif des menstruations, bouffées de chaleur, sautes d’humeur…les symptômes de la ménopause sont bien connus. Mais on entend de plus en plus parler de préménopause, voire même de périménopause. Qu’est-ce que cela signifie ? Y a-t-il des symptômes particuliers à surveiller ? Doit-on adapter nos comportements et modes de vie pour aborder au mieux ces périodes et préparer la ménopause ? Pour y voir plus clair, nous avons posé quelques questions au Dr Mouly, spécialiste du sujet. Il a d’ailleurs sorti un livre intitulé Ménopause : tout peut changer en octobre 2022. Selon lui, il n’est pas normal que les femmes souffrent durant cette période. Il explique qu’il existe divers moyens pour amoindrir, voire éradiquer, les effets indésirables de la ménopause. Et cela commence dès la préménopause, si ce n’est avant. Entretien.


Ménopause, préménopause, périménopause…que signifient ces différents termes ?

Il est vrai qu’il y a une certaine confusion autour de ces différents termes. Tout d’abord la ménopause. Elle survient théoriquement vers l’âge de 51 ans. Mais vous pouvez avoir des femmes ménopausées à 46 ans et d’autres à 55 ans. La préménopause concerne la période antérieure à la ménopause. Elle peut durer entre 2 et 7 ans. Donc vous pouvez avoir des femmes qui ont une ménopause à 53 ans par exemple mais qui commencent à ressentir les signes 7 ans plus tôt. Enfin, la périménopause signifie autour. Ce sont donc tous les signes qui vont apparaître l’année d’avant et l’année suivant la ménopause. 


Pouvez-vous nous rappeler à quel moment une femme est considérée comme ménopausée ?

On dit, pour simplifier les choses, qu’une femme est ménopausée dès lors qu’elle n’a plus ses règles pendant 1 an consécutif. Mais ce n’est pas la vraie vie. Par exemple, une femme qui commence à ressentir les premiers signes de la préménopause à 44 ans, pourra ne plus avoir ses règles dès l’âge de 46 ans mais sans avoir les signes complets de la ménopause, avec toujours une biologie. Elle ne sera ménopausée qu’à 51 ans par exemple. C’est vraiment du cas par cas.

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Justement, quels sont les signes de la préménopause ?

Tous les signes que l’on va trouver à la ménopause peuvent survenir à la préménopause. Le plus commun reste les bouffées de chaleur. Elles surviennent généralement en fin de journée mais vous avez des femmes qui ont des bouffées de chaleur 3-4 fois dans la journée. Vous avez également le symptôme des suées nocturnes. La femme a non seulement chaud, mais en plus elle sue. Là il faut faire attention parce que ça peut être signe d’hypoglycémie nocturne silencieuse et donc un marqueur du diabète de type II. C’est une sorte de petite lumière rouge qui dit « attention le sucre ».

À côté de ça, sur le plan cutané, la femme peut avoir de l’acné, du sébum, de la pilosité. La peau perd aussi de son élasticité. Certaines femmes peuvent également souffrir de sécheresse vaginale, de troubles urinaires, voire ressentir les signes du syndrome prémenstruel à savoir les seins gonflés et douloureux. Enfin, vous avez des femmes qui ont une vraie douleur musculaire et articulaire. Ce symptôme devrait plutôt être présent en période de périménopause mais, déjà en préménopause, vous pouvez avoir des femmes qui ont mal. Cela peut être un signe précurseur d’ostéopénie, voire d’ostéoporose.

En fait, tout signe précoce et qui dure un certain temps, c’est-à-dire au-delà de 2-3 ans, est un signe d’alerte. Comme pour les bouffées de chaleur, quand elles durent plus de 3 ans, c’est un signe d’alerte de future maladie cardiovasculaire. Autre élément très fréquent, environ 30% des femmes en préménopause développent ce qu’on appelle un brouillard cérébral. Elles vont déprimer, être tristes, avoir de l’anxiété, des sautes d’humeur, souffrir de troubles du sommeil… D’autant plus si la femme a vécu un moment difficile comme un deuil, un baby blues, du harcèlement, un viol… 

Autant de symptômes qui démontrent qu’il est très important d’être bien suivie et accompagnée avant et tout au long de cette période.


Comment se fait-il que certaines femmes ressentent plus de symptômes que d’autres ?

Lorsque vous entrez en période de préménopause, votre progestérone commence à baisser. Les œstrogènes eux peuvent continuer à être présents mais de façon intermittente. Dans certains cas, ils peuvent monter, descendre, monter, descendre, monter, descendre. Pour d’autres, ils diminuent aussi progressivement. Donc il y a vraiment plusieurs tableaux. Les femmes chez qui il y a fluctuation ne seront pas bien. Celles où ça diminue progressivement n’auront pas tous les signes parce qu’elles auront toujours une dose. 


Comment différencier la préménopause d’un problème thyroïdien ?

Ce ne sont pas tout à fait les mêmes signes. Mais il est vrai que cette période entraîne une fragilité de la thyroïde. Donc on a souvent en préménopause, ce qu’on appelle une dysthyroïdie c’est-à-dire un défaut de fonctionnement de la thyroïde. Et ça peut nous tromper. C’est pour ça qu’on demande systématiquement un dosage de la TSH. Il ne faut pas passer à côté. 


Qu’en est-il de la prise de poids et du petit ventre qui peut apparaître à cette période ? À quoi cela est-il dû ?

Effectivement, c’est quelque chose qui fait peur à une bonne majorité des femmes. Normalement, jusqu’à 45 ans, elles sont capables de brûler autant de calories qu’elles veulent. Mais plus elles prennent de l’âge, plus cela devient difficile. Le corps va donc les emmagasiner. J’ai beaucoup de patientes qui viennent me voir me disant qu’elles n’ont rien changé à leur manière de manger et ne comprenant pas pourquoi elles grossissent. Justement, je leur explique qu’il va falloir changer le contenu de l’assiette et surtout augmenter leur activité physique.

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Concrètement, cela consiste en quoi ?

À partir d’un certain âge, les femmes souffrent de fonte musculaire. Donc pour maintenir leurs muscles et éviter que la masse maigre se transforme en masse grasse, elles doivent absolument leur apporter des protéines. Manger des fruits et des légumes c’est bien parce que ça contient des antioxydants, des vitamines etc. Mais passé 40 ans, ça ne vous empêchera pas de grossir. Il faut absolument manger des protéines (animales et végétales) deux fois par jour à partir de la quarantaine.

Ensuite, l’absence d’œstrogènes va transférer le gras du bas en gras du haut. La femme va avoir une forme gynoïde avant la ménopause et préménopause, puis va petit à petit dériver vers une forme androïde, comme un homme. Donc si vous ne voulez pas faire de gras, il faut manger des protéines et faire de l’exercice musculaire. Alors, ça ne sert à rien de faire plusieurs séries d’abdominaux si vous ne travaillez pas avant les fesses et les cuisses. C’est avec le bas du corps que vous brûlez des calories. Il faut également choisir une activité qui va augmenter votre rythme cardiaque pour faire travailler le cœur.

Donc en plus d’une bonne alimentation, faites de la marche rapide, du vélo, de l’elliptique, montez les escaliers à pied etc. Si vous suivez tous ces conseils, que vous avez une bonne hygiène de vie dès la préménopause (l’idéal étant toute la vie), vous aurez une belle ménopause. 


Quels sont les aliments à privilégier et ceux à éviter ?

Quand on dit protéines on pense aux viandes maigres, à la volaille, aux œufs, etc. Mais vous n’êtes pas obligée de manger 2 fois par jour de la viande. Vous trouvez également des protéines dans le quinoa, les lentilles, l’épeautre, le chou Kale… Privilégiez aussi les poissons gras qui sont anti-inflammatoires et vont apporter oméga 3 et vitamines, c’est bon pour l’organisme. Les légumes verts et légumineuses, comme par exemple le brocoli, l’épinard, le cresson sont également très sains. Tout ce qui est fruits à coques, oléagineux, noix, noisettes, amandes…c’est très bien aussi. J’ai également beaucoup travaillé sur le pollen. C’est une excellente source de protéines végétales qui contient également un tas d’éléments intéressants comme des vitamines, des oligoéléments, anti-oxydants et des omégas 3.

Concernant les aliments à éviter on retrouve les farines blanches. Il vaut mieux se tourner vers des farines complètes. Évitez également les graisses saturées, polysaturées, c’est-à-dire tout ce qui est plats cuisinés, en conserves… Le sel bien sûr et le sucre en excès sont à proscrire. Attention aussi aux soupes. Beaucoup de patientes pensent bien faire en mangeant une soupe et une salade le soir. Mais c’est une erreur parce que c’est comme si on buvait de l’eau salée. Donc ça fait gonfler. C’est ce qu’on appelle de la cellulite aqueuse. La soupe fait libérer tout le sel qu’il y a dans les légumes. Le mieux, c’est de les manger al dente ou à la vapeur.

Bien entendu, on évite le tabac qui va avancer l’âge de la ménopause d’à peu près 3 ans parce qu’il diminue le taux d’œstrogènes dans le corps. Et l’alcool aussi, à consommer avec modération. 


Si malgré tous ces conseils, la préménopause est difficile à vivre, y a-t-il un traitement à suivre ?

Lorsqu’une femme souffre d’anxiété, de troubles du sommeil, de sauts d’humeur voire de dépression, beaucoup donnent des anti-dépresseurs mais selon moi, ce n’est pas la solution. Si la femme est dans cet état-là, c’est à cause de ses hormones qui fluctuent. Il faut donc d’abord essayer de voir si on ne peut pas la rééquilibrer, hormonalement parlant. Tout commence par un entretien durant lequel on écoute la patiente, on tient compte de ses antécédents et de son état actuel. C’est un long interrogatoire. Ensuite, en fonction de chaque cas, on décide du traitement. C’est vraiment du sur-mesure. Comme pour une robe de mariée. Il y a d’abord les essayages puis les retouches.

Donc lorsqu’on choisit un traitement, on demande ensuite à revoir la patiente dans 3-4 mois afin de juger s’il est nécessaire d’apporter quelques rectifications. On peut commencer par de la naturopathie par exemple. Il y a des produits à base de bourrache, d’onagre, de sauge, qui peuvent aider. Si vous voyez que ça ne marche pas, il y aussi la pilule contraceptive. Bien sûr, dans ce cas elle ne va pas jouer le rôle de contraceptif mais va aider à équilibrer et éviter les variations hormonales.

Enfin, si malgré tout ça la préménopause est très difficile et que la femme souffre, on peut éventuellement donner un traitement hormonal de la ménopause, mais à dose minime. C’est-à-dire, des œstrogènes par voie cutanée et de la progestérone naturelle.


Le traitement hormonal pour la ménopause a longtemps eu mauvaise presse. Pourquoi ?

Il n’y a que 5% des femmes en France qui sont traitées pour leur ménopause. Une réticence qui s’explique en grande partie à cause de la fameuse étude américaine « Women’s Health Initiative Study » de 2002 qui accusait le traitement hormonal de la ménopause (THM) de donner le cancer du sein. Alors oui, il donne le cancer du sein si vous l’administrez sur des femmes à risques avec des hormones à l’américaine. Maintenant, le traitement hormonal ne provoque pas le cancer du sein, il le révèle plus tôt. On sait même qu’il ne l’augmente pas. Au contraire, il va réduire la mortalité.

En France par exemple, vous avez 60 000 femmes qui contractent un cancer du sein chaque année et vous en avez à peu près 12 000 qui vont en mourir. Grâce au traitement hormonal de la ménopause, on va réduire de 50% la mortalité par cancer du sein. C’est énorme ! On va alors faire en sorte que le cancer soit plus gentil, moins agressif et avec une mortalité moindre, par rapport à une femme qui ne prend rien. 

Donc en 2002 il y a eu toute cette polémique autour du cancer du sein. Sauf que les médias ont oublié de voir la page derrière qui expliquait que le traitement protège contre les cancers colorectaux, le cancer du pancréas, de l’œsophage et de l’estomac. Ensuite, l’étude disait que le THM augmentait les maladies cardiovasculaires. Bien sûr, si vous donnez le traitement à une femme de 65 ans obèse, qui est diabétique, hypertendue et fumeuse, c’est sûr que ça ne va pas améliorer sa condition. On a donc des paramètres de prescription.

Il faut aussi garder en tête que les hormones européennes, notamment françaises, ne sont pas les hormones américaines. Les nôtres sont naturelles. On passe les œstrogènes par voie cutanée contrairement aux américains qui les font passer par la bouche. Et chez eux, les hormones viennent des urines de cheval. La progestérone, quant à elle, est une progestérone de synthèse alors qu’en France, elle dérive du yam, une plante connue depuis les aztèques. L’association de nos molécules naturelles qui ne passent pas par le foie font qu’on n’a pas d’augmentation du risque cardiovasculaire si on respecte les doses. Au contraire, on a même une protection cardiovasculaire.

Il aura fallu attendre juillet 2022, soit 20 ans, pour que les Américains avouent s’être trompés. Ils recommandent d’ailleurs maintenant de traiter les femmes à la française le plus tôt possible.


S’agit-il d’un traitement à vie ?

Il n’y a pas de limite de durée. La ménopause concerne 100% des femmes et dure toute la vie. Beaucoup pensent que c’est une mauvaise période à passer, que ça dure 4-5 ans, mais non, c’est jusqu’à votre dernier souffle. Il faut savoir également que 80% des femmes vont mal vivre cette période et auront besoin d’un traitement pour éviter toutes les pathologies citées plus haut.


Un dernier conseil ?

Vous l’aurez compris, pour préparer au mieux votre ménopause, cela commence dès la préménopause. Il faut changer votre alimentation, faire de l’activité musculaire et surtout être bien accompagnée. Vous devez être briefée et informée des différentes options qui s’offrent à vous. Le plus important, c’est la prévention. En théorie les femmes sont suivies, elles vont voir un gynécologue une fois par an pour un contrôle, consultent pour leurs grossesses. Donc c’est important d’en parler. Il faut agir avant le signe.

Photo (c) : Vogue

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