DÉCO : 5 QUESTIONS À TOM DIXON

Tom Dixon, le dandy so british du design effectue une tournée mondiale. Nous avons donc sauté sur l’occasion de le rencontrer lors de son passage le 28 juin à Casablanca dans le très pointu Clay Concept Store. Rencontre en 5 questions avec celui qu’on appelle aussi le “Starck anglais”.

Tom Dixon pourrait être un vrai cliché british, un humour cinglant, un buveur de thé féru d’art comme de punk music. Il abandonne sa formation au Chelsea College of Art and Design après s’être fracturé le bras en moto. Rock’n’roll jusqu’au bout des doigts (il est guitariste dans un groupe de rock), il récupère du métal, des poêles à frire, des freins de véhicules dans les rues de Chelsea pour en faire des objets design. Des “sculptures fonctionnelles”. C’est ainsi que naît l’une de ses créations iconiques, une chaise singulière, qu’il qualifie lui-même de dangereuse : la S-Chair, dont la base est un volant de Volkswagen. Alors qu’il fait un passage remarquable et remarqué de 1998 à 2008 chez Habitat ; il crée également sa propre maison d’édition, qui porte son nom.


On vous présente souvent comme « un rebelle de l’avant-garde ». Que pensez-vous de cette description?

J’ai eu plusieurs vies, professionnelles et personnelles, un peu comme un chat. J’ai traversé des périodes très différentes, c’est vrai. Et peut-être que l’on peut qualifier mes débuts de “rebelles” parce que j’ai appris mon métier tout seul. Je sortais des sentiers battus et cela pouvait être vu comme tel. Mais plus tard, chez Habitat, j’ai traversé une phase plus “establishment”, qui m’allait aussi parfaitement. Je ne peux donc pas vraiment m’identifier à ces étiquettes puisque ce qui m’intéresse c’est d’être en mouvement ; un mouvement constant. Si je suis figé, je suis fini. Même dans l’avant-garde, ce qui, a priori, est un joli compliment. Pour résumer, ce qui m’intéresse toujours, c’est la prochaine aventure. [Il sourit].


Décrivez-nous votre enfance… Certaines de vos oeuvres sont exposées dans des musées un peu partout dans le monde. Quelle place tient l’art dans votre création ?

C’est très simple, je porte un amour fou aux musées. Je considère qu’ils sont à l’origine de ce que je suis aujourd’hui. J’aime le musée des Sciences de Londres, celui d’Anthropologie de Mexico, je m’efforce toujours de trouver un musée à visiter quand je voyage. D’ailleurs, il y a quoi à voir à Casa en ce moment ? [Rires]. Du point de vue du design, mon travail consiste d’abord à créer une fonction, mais il est très important pour moi –et c’est là que l’art entre en jeu– de donner à l’objet une forme spéciale, reconnaissable. Comme lorsque l’on reconnaît une œuvre de loin dans une expo. C’est pour cela que j’aime vraiment ce métier, qui, il n’y a pas si longtemps, était un “fourre-tout” de métiers. Le terme “design” est jeune. Auparavant on disait plutôt “arts décoratifs” ou “ingénierie”, voire “sculpture” dans le meilleur des cas.


Vous avez été guitariste de rock dans les 80’s. Est-ce-que la musique peut avoir une influence – voire inspirer – le design ?

Oui, bien sûr, mais peut-être pas dans le sens où vous l’entendez. Mes quelques années dans la musique m’ont surtout appris à être indépendant et autodidacte. Il faut trouver son style musical, trouver un style vestimentaire propre à son groupe. Nous étions dans les années 80, les hippies, le rock, le punk… faisaient fureur. Alors, il fallait se distinguer parmi des centaines de groupes plus talentueux les uns que les autres. Il fallait aussi faire sa publicité soi-même, lorsque l’on passait sur scène quelque part. Faire en sorte que cela se sache. Une sorte de mini-business, qu’il fallait réussir à faire marcher…Voilà l’influence non négligeable que la musique a eu sur mon travail : elle m’a surtout appris à avoir une attitude, une esthétique.

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Comment décririez-vous votre style ?

Comme je vous l’ai dit, j’essaie de ne pas me confiner dans un style particulier. Mais je dirais tout de même que la marque Tom Dixon revendique une singularité dans l’esthétique qu’elle propose. Il s’agit de travailler les luminaires, les assises, et jusqu’aux vases ou les services à café, en étant aussi expressif que minimal. Quand les formes se trouvent dans des situations ou des mises en scène différentes, qu’elles sont associées à des objets différents, elles prennent également un aspect différent. Je fais des objets… “caméléon”.


Vous découvrez la boutique qui représente Tom Dixon à Casablanca, que pensez-vous du paysage design au Maroc ?

Je ne connais pas profondément ce paysage. Du peu que j’ai vu, les petites marques d’objets de déco ou de mode exploitent les réseaux sociaux pour se faire connaître. Et faire passer leur message… Je trouve ça très positif. À l’époque où j’ai commencé, trouver un support financier était aussi compliqué qu’aujourd’hui. En revanche, nous n’avions pas les outils de communication actuels. Les jeunes ont entre leurs mains une arme puissante pour faire face aux géants de l’industrie du design. Grâce à ces outils, ils peuvent se faire une place dans le paysage international.

Farah Nadifi

C’est d’abord à une carrière d’avocate que Farah aspire, après avoir eu son bac à Marrakech. Rapidement, néanmoins, sa passion pour la mode la rattrape. Née à Paris où elle vit jusqu’à ses 14 ans, elle baigne dans ce milieu : sa mère fait carrière dans le retail de luxe. Après être passée chez YSL, Salvatore Ferragamo, Giorgio Armani ou encore Miu Miu, elle est approchée pour diriger le premier flagship de luxe à Casablanca : la boutique Fendi. Elle la dirige quatre ans avant de devenir acheteuse pour Gap et Banana Republic. Mais au bout de 10 ans de carrière dans le retail, elle se lance dans une nouvelle aventure en s’essayant à l’écriture. C’est avec Sofia Benbrahim qu’elle collabore d’abord, pour L’Officiel Maroc, puis Shoelifer, en tant que journaliste mode et lifestyle.

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