BBL : TOUT CE QU’ON NE VOUS DIT PAS SUR LA CHIRURGIE DES FESSES

BBL

Depuis plusieurs années, la chirurgie des fesses connaît un véritable boom. La technique du Brazilian Butt Lift, en particulier, est sur toutes les lèvres (enfin, sur beaucoup de fesses). Pourtant, le BBL n’est pas sans danger : elle peut entraîner une perte de graisse et même le décès dans les cas les plus graves. Pour en savoir plus sur le côté sombre du BBL, nous sommes allés voir Déborah Obadia, chirurgienne plasticienne de renom opérant en France, où cette opération est désormais mieux encadrée. Accrochez-vous ! Le texte est un peu long mais, promis, ça en vaut la peine !

Terminé les silhouettes filiformes, aujourd’hui, la tendance est aux formes voluptueuses. Après la poitrine, c’est au tour des fesses de s’afficher XXL. Mais pour ressembler à Kim Kardashian ou Beyoncé, pas de miracle. À moins que vous ayez la motivation d’enchaîner les squats, la solution la plus rapide (et la plus efficace, qu’on se le dise), reste de passer par la case bistouri. Et en matière d’augmentation des fessiers, une opération fait de plus en plus parler d’elle. Son nom ? Le Brazilian Butt Lift (BBL), technique qui consiste à injecter de la graisse pour un résultat bombé naturel. Elle a été choisie par de nombreuses célébrités à travers le monde : le clan Jenner-Kardashian en tête de liste, Amber Rose, Virginia Gallardo… Des stars très présentes sur les réseaux sociaux, donc très influentes, et qui sont en grande partie à l’origine de l’engouement pour le BBL. En cinq ans, le nombre d’opérations pour augmenter les fesses a doublé dans le monde. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, le nombre de consultations a encore augmenté suite au confinement, faisant du BBL l’une des opérations de chirurgie esthétique les plus demandées aujourd’hui.


Un problème, plusieurs solutions

Tout comme une petite poitrine, des fesses plates peuvent en complexer certaines (et certains). Les causes sont diverses et variées : cela peut être une question de morphologie, survenir suite à une perte de poids importante ou simplement à l’âge, qui provoque un relâchement et l’impression de fesses qui tombent. L’alimentation, le sport et les massages sont des alliés de choix, mais la transformation n’est pas radicale, et demande du temps et de l’assiduité. C’est là que le chirurgien esthétique intervient: en fonction des attentes du patient, il peut proposer 3 techniques différentes afin d’augmenter le volume des fesses. La première est la moins traumatisante pour le corps puisqu’elle consiste à injecter de l’acide hyaluronique à l’aide de micro-canules ou d’aiguilles. L’avantage de cette solution est qu’elle ne nécessite pas de grosse chirurgie -seule une anesthésie locale est pratiquée- et n’est donc pas douloureuse. Elle est aussi rapide puisqu’une intervention dure entre 30 minutes et 1h30. Seul bémol, cette solution est temporaire. Afin de garder de belles fesses bombées, il faudra réitérer l’expérience environ tous les 6 mois.

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Vive la silicone?

Pour ceux qui souhaitent un résultat plus durable, la chirurgie reste la seule solution. La plus ancienne technique est celle de la pose d’implants. Le chirurgien incise dans le pli des fesses et soulève le grand muscle fessier afin d’y introduire des prothèses en silicone cohésif. Comme pour la poitrine, on peut choisir la forme et le volume des implants selon l’effet escompté et surtout selon notre anatomie. Mais face à ce type d’opération, le docteur Déborah Obadia, chirurgienne plasticienne opérant à Paris, préfère nous mettre en garde : “La chirurgie impliquant des prothèses de fesses n’est pas très répandue parce qu’il y a un risque assez élevé de complications, notamment des infections ou encore des prothèses qui tournent. Il faut donc que ce soit fait par des mains expérimentées et surtout en connaissance de cause” alerte-t-elle. À noter que parfois, quelle que soit la technique utilisée, il est nécessaire de procéder au préalable à un lifting fessier, surtout quand la peau s’est affaissée (suite à une importante perte de poids par exemple) afin de la retendre et de redonner du galbe aux fesses. Côté convalescence, comptez deux semaines, pendant lesquelles il faut nettoyer les cicatrices et changer les pansements régulièrement. Il faut également porter un panty de contention pendant 4 à 6 semaines. On ne va pas vous mentir, cette opération fait mal, surtout les 3 jours suivants la chirurgie.


Le BBL, meilleur allié de la silhouette en sablier?

Le Brazilian Butt Lift est donc la dernière technique, venue tout droit d’Amérique latine. Le BBL s’appuie sur la méthode du lipofilling. Celle-ci consiste à prélever de la graisse sur une autre partie du corps (ventre, hanches, culotte de cheval, cuisses, bras, genoux, bas du dos…) pour ensuite la réinjecter dans les fesses. Le principal avantage de cette technique est qu’elle offre un résultat naturel et bien galbé. On peut donc réduire la taille de notre abdomen et gagner en rondeurs au niveau du derrière, atteignant alors une silhouette en forme de sablier très en vogue en ce moment. “L’intérêt du BBL est que l’on peut vraiment mettre la graisse où l’on veut, ce qui permet de procéder à un remodelage de l’anatomie. Souvent, on a dans le quart supérieur de la fesse une petite dépression qu’on aime bien combler. Cela va être possible avec la technique du lipofilling. À l’inverse, avec une prothèse de fesse, on ne peut pas réellement choisir où ajouter du volume” confirme la chirurgienne. Elle prévient néanmoins : “Oui, le BBL en tant que tel, c’est vraiment l’augmentation importante des fesses à la Kim Kardashian en termes de projection et de largeur de hanches. Ça donne une silhouette assez particulière qui est effectivement à la mode en ce moment… mais qui ne le sera peut-être plus dans 10 ans


Une technique qui ne convient pas à toutes les morpho

Aussi, le fait de ne pas introduire de corps étranger (implants en silicone) rassure beaucoup de patients. Néanmoins, la technique du BBL n’est pas sans risque et présente certaines limites. “La limitation principale du BBL c’est que pour avoir une augmentation des fesses conséquente, il faut injecter beaucoup de graisse, et il faut en prélever quasiment le double. Ainsi, pour réinjecter 500 ml de graisse, on va en prélever 1 litre pour chaque fesse parce qu’il y a beaucoup de pertes de liquides, du plasma, de l’huile… Or prélever 2 litres de graisse chez un patient n’est pas évident, il faut que cette personne ait vraiment des formes. Si la patiente est trop mince, certains chirurgiens vont aller gratter dans plein de zones, faire des trous, des irrégularités et donc abîmer ce qu’on appelle la zone donneur. Il est vrai que le BBL est à la mode, il y a beaucoup de demandes, mais il y a finalement peu de patientes qui ont une morphologie qui leur permette de faire cette opération, avec un bon résultat au niveau des fesses ET un prélèvement qui n’abîme pas les autres zones du corps”, nous explique le docteur Déborah Obadia. Autant dire que la technique du Brazilian Butt Lift n’est pas à la portée de tous. Mais plus grave encore, celle-ci et arrive en tête des chirurgies esthétiques les plus dangereuses.


Des contraintes

En incisant le corps à plusieurs endroits (au niveau des parties où l’on prélève la graisse et au niveau des fesses), le post-opératoire d’un BBL reste douloureux. Les fesses restent enflées et sensibles pendant plusieurs semaines après l’opération. Il est donc impossible de s’asseoir pendant une quinzaine de jours et il faut dormir sur le côté ou sur le ventre jusqu’à ce que les douleurs s’estompent. La chirurgienne plasticienne parisienne nous en dit plus : “On conseille de ne pas s’asseoir sur la zone traitée pendant 3 semaines parce que si on écrase les cellules graisseuses, il y en a une partie qui va mourir. Car lorsqu’on injecte 50 ml de graisse, 3 mois plus tard,  il n’en reste que 50 % en moyenne. Et si en plus on écrabouille des cellules graisseuses en s’asseyant dessus, il ne va plus rester grand chose. On conseille également de ne pas pratiquer de sport sur cette zone pour ne pas brûler les cellules graisseuses qui sont en train d’être vascularisées. Pour avoir le résultat définitif, il faut attendre 3 mois. C’est le temps nécessaire pour que l’œdème se résorbe, que les cellules graisseuses restantes prennent bien et que les cellules mortes soient éliminées”. 


Et des risques

Mais ce qui inquiète les spécialistes, ce sont plutôt les chiffres liés au taux de mortalité de ce type d’opération. Des décès sur la table d’opération, dus à une embolie. Et malheureusement, ces cas graves sont moins rares qu’on ne le pense. Le taux de mortalité pour cause d’embolie graisseuse suite à un BBL est estimé à un cas sur 3 000. Un chiffre énorme et surtout inquiétant ! “C’est une des seules chirurgies, avec peut-être la plastie abdominale (mais à des pourcentages beaucoup moins importants), qui peut générer un risque de mort (tout comme certaines lipoaspirations massives). Pour les raisons qu’on a évoquées juste avant. Pour avoir un vrai BBL, et donc une forte augmentation du volume des fesses, il faut injecter beaucoup de graisse. Pour injecter beaucoup de graisse, il faut injecter plus profondément et qui dit plus profond, dit gros vaisseaux qui passent dans les muscles fessiers. Mais si on injecte de la graisse dans un vaisseau, on peut faire ce qu’on appelle une embolie graisseuse” prévient la chirurgienne. Et d’expliquer que si l’embolie arrive jusque dans les poumons ou dans le cerveau, elle peut bloquer l’oxygénation du corps “et provoquer le décès du patient sur la table. Il y a eu pas mal de cas en Amérique du Sud, notamment au Mexique, parce qu’ils font des injections de plus d’un litre par côté, ce qui est énorme et majore donc le risque de complications, y compris d’embolie graisseuse. Les cas graves existent aussi en France, il y en a eu plusieurs ces dernières années, si bien que certains collègues français ont arrêté de faire des BBL” explique Déborah Obadia.

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Vers une évolution du BBL

Si certains chirurgiens décident tout de même de pratiquer le BBL, beaucoup suivent les recommandations de la Société Américaine de Chirurgie Plastique qui conseille de n’utiliser cette technique qu’en sous-cutané. Cela limite le risque de complications mais limite aussi le volume que l’on peut ajouter. C’est pour cela qu’aujourd’hui, la tendance est au remodelage des fesses qui est d’une part plus joli et d’autre part, qui ne sera pas démodé dans quelques années parce qu’on respecte la silhouette normale de la patiente”, assure la chirurgienne plasticienne. Et d’enfoncer le clou: “Anatomiquement et génétiquement, personne n’a une taille super fine et des hanches hyper larges, donc revenir à quelque chose de plus raisonnable, de plus joli, de plus équilibré et bien entendu, de moins risqué est une bonne chose pour moi”


Et demain?

Mais qu’en est-il des techniques de demain ? Déborah Obadia nous éclaire : “Il y a à peu près deux trois ans, un Américain a mis au point une technique de réinjection avec un appareil de lipoaspiration assez répandu qui s’appelle le PAL (de la marque Microaire). Ce dernier utilise un système de vibration de la canule qui permet d’aspirer plus facilement la graisse. Cette technique est déjà utilisée depuis plusieurs années. Mais il a réussi à mettre au point un système de réinjection de la graisse avec cette même canule. Résultat, la vibration permet de créer de l’espace sous la peau et donc d’injecter plus de graisse, sans forcément aller plus profondément dans les tissus. Ce docteur a ainsi fait évoluer la technique”.


Alors, le BBL est-il pour vous?

Donc tout n’est pas à jeter dans le BBL, loin de là, conclut le Dr Obadia. “La technique du lipofilling est en soi très intéressante puisqu’elle permet d’harmoniser la silhouette quand on fait une lipoaspiration du bas du dos, des hanches ou du ventre par exemple et de réinjecter un peu de graisse où on le souhaite, notamment dans cette petite dépression assez classique du cadrant supérieur externe ou dans les capitons. Cela permet d’avoir quelque chose de plus harmonieux en terme de silhouette et je pense qu’en France et même en Espagne, on tend plus vers ce type de pratique et d’injections.” Vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire si vous souhaitez augmenter la taille de vos fesses sans démesure et surtout sans risques ! Vous l’aurez compris, la technique du BBL ne s’adresse pas à tout le monde. Et comme avec n’importe quel acte de chirurgie esthétique, avant de sauter le pas, il faut prendre le temps de bien se renseigner sur l’opération et ne pas hésiter à aller voir plusieurs chirurgiens afin de comparer leur discours, leur mode de fonctionnement, l’explication de la procédure, etc. On tient à nos lecteurs!

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