Shoelifer fait le point avec Samya El Mousti, directrice de SOS Villages d’Enfants Maroc. L’ONG a installé des camps provisoires pour accueillir les enfants devenus orphelins suite au séisme ainsi que les femmes seules. Elle se mobilise aussi pour protéger les enfants d’éventuels abus. Une réponse aux directives de Sa Majesté le Roi, qui fait de la prise en charge de ces enfants un « sujet prioritaire et crucial ».
Nous avons tous en tête les images impressionnantes de kilomètres de convois acheminant denrées alimentaires, kits de première nécessité et autres vêtements. La solidarité et la générosité du peuple marocain n’a jamais été aussi remarquable. Parmi les ONG mobilisées, SOS Villages d’Enfants Maroc est bien évidemment sur le terrain pour aider les victimes, jeunes et moins jeunes. Si les chiffres officiels ne sont pas encore connus, l’association estime à peu près à 40 le nombre d’enfants rendus orphelins par le séisme, pour le moment dans le Haouz. Explications avec Samya El Mousti, directrice de l’association.
En quoi consiste l’intervention de SOS Villages d’Enfants ?
L’intervention de l’association consiste à fournir une réponse dans l’urgence et le respect des normes humanitaires fondamentales. SOS Villages d’Enfants agit pour prendre en charge les familles et les enfants touchés par le tremblement de terre. Dans un premier temps les équipes distribuent nourriture, médicaments, kits d’hygiène, couvertures, matelas… Ensuite, lorsque les besoins des populations sinistrées sont identifiés, nous mettons en place une prise en charge psycho-sociale pour les enfants qui se retrouvent sans soutien familial et les familles ayant perdu des membres ou dont les maisons ont été détruites. L’action de l’association ne s’arrête pas là, puisque l’intervention s’inscrit dans la durée.
« Notre action ne s’arrête pas là, puisque notre intervention s’inscrit dans la durée. »
Comment sont gérés les orphelins ?
Notre devoir est de les protéger et de leur garantir un environnement sécurisant. Nous avons une marche à suivre dans ce genre de situations et nous nous engageons à respecter toutes les procédures, pour le bien des enfants. Nous avons déjà installé deux camps d’urgence dans le village d’Aït Ourir. Ils se préparent à accueillir des enfants seuls ainsi que les femmes seules en détresse, pour une prise en charge temporaire. Dans un second temps, nous ferons les démarches nécessaires pour les prendre en charge dans le cadre d’une solution plus durable. Tout cela est fait dans le respect le plus strict de la réglementation en vigueur.
Quels sont les dangers et les pièges à éviter ?
Dans ce genre de situation, il faut faire attention à ce que les enfants ne soient pas exposés à du harcèlement sexuel, de l’exploitation et toutes formes d’abus. Pour cela, nous appliquerons les mécanismes et les politiques de la Fédération internationale SOS Villages d’Enfants en matière de sauvegarde et de protection. Il faut savoir que nous recevons beaucoup de messages qui nous interpellent sur la situation des enfants. Il est extrêmement important de signaler toute situation anormale ! Il n’y a que grâce aux signalements que les autorités peuvent agir. L’ONDE (Observatoire national des droits de l’enfant) dispose d’un Numéro Vert, le 25 11, qu’il ne faut pas hésiter à appeler.
Mais seules les autorités locales, comme la gendarmerie, sont habilitées à agir dans ces cas-là et doivent donc aussi être prévenues. Aucune association ne peut intervenir en cas de danger pour les enfants. Une procédure légale et judiciaire doit être entamée et il faut passer par le juge des mineurs, le procureur de Sa Majesté le Roi avant de prendre en charge un enfant. Je me permets justement de rappeler ici qu’il ne faut pas prendre les enfants en photo. Personne n’a le droit de toucher les enfants, de les embrasser ni de les prendre dans sa voiture. Tout cela est strictement interdit par la loi !
« Personne n’a le droit de toucher les enfants, de les embrasser ni de les prendre dans sa voiture. Tout cela est strictement interdit par la loi ! »
Comment peut-on venir en aide à ces enfants ?
Toute aide est la bienvenue, les enfants n’ont plus rien et ont besoin d’être rassurés. Mais cette aide doit être organisée et structurée, toujours dans l’idée de protéger les enfants fragilisés par le drame qu’ils ont vécu et aussi par leur condition d’enfants seuls, sans soutien familial. C’est pourquoi les équipes de SOS Villages d’Enfants Maroc, formées à ce genre de situation, vont apporter des réponses adaptées et parfaitement éprouvées.
« Toute aide est la bienvenue, les enfants n’ont plus rien et ont besoin d’être rassurés. »
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Que prévoyez-vous pour faciliter l’accueil des enfants qui ne pourront pas vivre dans vos villages ?
Nous sommes sur le point d’élaborer un plan d’action à long terme pour prendre en charge ces enfants dans les meilleures conditions en leur garantissant tous les droits. Le droit à une famille, à la santé, à l’éducation, le droit à une vie digne. Nous avons paré au plus urgent, maintenant nous tenons des réunions quotidiennes avec les autorités locales et les institutions de protection de l’enfance pour répondre à ce besoin.
SOS Villages d’Enfants
www.sos-maroc.org
Tél. : 05 22 80 10 81
Numéro vert signalement onde : 25 11
Photo (c) : Saouri Aissa/Xinhua
