COMMENT AIDER NOS ENFANTS À SURMONTER LE CHOC APRÈS LE SÉISME ?

Même loin de l’épicentre, le choc après le séisme du 8 septembre est palpable chez beaucoup de nos enfants. Que faire, que dire pour éviter le traumatisme ? Voici quelques pistes qui contribueront à apaiser le stress des petits… et aussi des grands.

Sentir la terre trembler, même lorsqu’on a la chance de vivre dans une zone épargnée par les effondrements, peut s’avérer traumatisant. En particulier chez les enfants, bien souvent extirpés de leur lit par des parents plus ou moins paniqués. Évacués ou non, dans le calme ou non, les enfants ont tous brutalement appris à composer avec un nouveau danger. Ils ont découvert que la terre peut trembler si fort que nos maisons, nos immeubles, ne suffisent pas à nous protéger. Au contraire : ce qui représente d’ordinaire notre espace de sécurité devient dans ce cas une menace.

Le choc après le séisme peut se manifester plus ou moins rapidement, parfois même après plusieurs jours, semaines. Chaque enfant est bien sûr différent et la réaction ne sera pas la même en fonction du vécu ou de la personnalité de chacun. Chez certains, le trauma peut en réactiver d’autres et ainsi déclencher des réactions plus ou moins intenses. Il n’y a donc pas de solution universelle pour les aider à retrouver la voie de l’apaisement. Parfois, l’aide d’un thérapeute sera nécessaire si les symptômes persistent plusieurs semaines : problèmes de sommeil, baisse d’énergie, difficulté de concentration, perte d’appétit, hypervigilance… 


Favoriser la parole

L’outil privilégié pour éviter que le choc après le séisme ne se transforme en traumatisme durable, c’est la parole. En voyant l’adulte se placer à sa hauteur pour l’écouter, l’enfant se sent validé dans son ressenti. Il est alors en confiance pour libérer l’émotion que l’événement a provoqué en lui. Cette décharge est nécessaire pour évacuer les tensions qui se sont accumulées dans le corps et alimentent le stress. 

Pour lancer la conversation, on privilégie les questions ouvertes (éviter les questions auxquelles on répond par oui ou par non, qui orientent la réponse). Les « pourquoi ? » ajoutent au stress, car ils nous font monter dans le mental en nous obligeant à réfléchir. On leur préférera les « comment ? », qui invitent à décrire. Et donc à se connecter au corps, au ressenti. Par exemple : « Comment c’était pour toi quand tu m’as entendu crier ? », « qu’est-ce que tu t’es dit quand tu m’as vu venir te chercher dans ton lit ? », etc.

Pour être efficace, l’écoute doit rester silencieuse. Les commentaires, les phrases destinées à rassurer pourraient couper l’enfant dans son élan. Et lui paraître décalées par rapport à son propre ressenti. L’émotion, quand elle advient, s’accueille elle aussi en silence afin de pouvoir se libérer pleinement. À ce moment-là seulement, on reprend la parole pour reformuler avec empathie ce que l’enfant a dit, toujours sans jugement. « Tu as eu peur de…. », « Tu as cru que…. », « C’est dur pour toi de… ».

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…tout en la dosant

On le disait au début, le choc après le séisme ne va pas se manifester chez tout le monde de la même manière. Si l’enfant ne semble pas débordé par l’angoisse, mieux vaut ne pas insister. Le risque serait alors de créer un traumatisme là où il n’y en avait pas. Sur ce principe, on évitera aussi d’exposer les enfants aux paroles et images anxiogènes. On éteint les chaînes d’infos en continu et toute autre source d’information difficile à contrôler.

Passer par le dessin est une bonne solution pour les enfants qui ont des difficultés à verbaliser. À condition là encore de n’émettre aucun commentaire, ni jugement. On observe juste le processus et on le nomme : « tu appuies fort », « tu mets beaucoup de vert », « tu prends du temps pour dessiner ce personnage », etc… L’objectif est toujours le même : se mettre à hauteur d’enfant, le rejoindre dans son ressenti, créer un cadre sécure pour laisser l’émotion advenir. 

Un enfant réticent à parler le fera plus facilement dans une situation de jeu. S’il est encore petit, passer par le truchement d’une peluche ou d’une poupée est une façon ludique (et moins confrontante avec l’adulte) d’engager la conversation. Il sera plus enclin à parler avec son doudou, surtout si vous l’animez comme une marionnette en lui donnant une voix rigolote.


Reprendre le contrôle

Pour pouvoir se rassurer, l’enfant a besoin d’être informé. On peut lui proposer de faire ensemble des recherches sur la façon dont se déclenche un tremblement de terre, quels sont les gestes à faire en cas de secousse… Tout en soulignant que ce genre d’événement reste exceptionnel.

Restaurer la confiance de l’enfant, c’est aussi favoriser le sentiment de pouvoir personnel dans toutes les activités de la journée. Y compris celles qui n’ont rien à voir avec le choc après le séisme. Pensez par exemple à faire une place à vos enfants dans les tâches du quotidien, voire à les laisser les accomplir seuls, selon leur âge. Cela peut être préparer le petit-déjeuner, faire une course à l’épicerie seul pendant qu’on le surveille à bonne distance, avoir la responsabilité de nourrir le chat, remplir et programmer le lave-linge, etc. Autant que possible, proposez-lui de prendre des décisions (encore une fois adaptées à son âge et à ses capacités).

C’est aussi le moment de s’accorder une pause de qualité avec nos enfants. Un temps où l’on lève le nez de notre téléphone, où l’on est pleinement présent, même si ce n’est que 20 minutes. Car en remplissant leur réservoir affectif, on nourrit leur sentiment de sécurité intérieure. Et pendant qu’on y est, on en profite pour introduire des outils anti-stress. Il existe diverses ressources pour réguler le système nerveux : respiration profonde et cohérence cardiaque, yoga, méditation, massages, balades dans la nature… 

En temps qu’adultes, nous sommes là pour écouter, guider, mais aussi (surtout !) donner l’exemple. Si l’on est soi-même affecté, verbaliser ce que l’on ressent permet de modéliser auprès de l’enfant. En prenant garde toutefois de rester ancré dans une posture rassurante pour l’enfant, afin d’éviter la contagion émotionnelle. Si le parent se sent lui-même débordé par l’angoisse, passer le relais à un autre adulte peut s’avérer nécessaire. Rappelons-nous des consignes à bord d’un avion : en cas de dépressurisation de la cabine, l’adulte doit d’abord enfiler son masque à oxygène avant de positionner celui de son enfant. C’est valable au quotidien : pour pouvoir prendre soin du stress des plus petits, nous avons d’abord besoin de prendre soin du nôtre.

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