LA CHASSE AUX SORCIERES EST-ELLE VRAIMENT TERMINÉE ?

L’existence du livre Sorcières, la puissance invaincue des femmes nous est arrivée aux oreilles par plusieurs membres du même coven que nous, férues du même genre de lecture. Car entre la sorcellerie et le féminisme, il y a un lien, selon l’essai de Mona Chollet, qui vient de dépasser les 100.000 ventes en moins d’un an. Il faut dire qu’avec une bonne dose d’histoire, quelques brins d’humour et une marmite pleine d’anecdotes, la potion est réussie.


Halloween vient de passer et avec lui les innombrables déguisements de sorcières, effrayantes, sexy –ou les deux. Mais lorsque l’on enfile robe noire et chapeau pointu, que l’on arbore un balai ou que l’on place une énorme mouche sur notre joue, savons-nous seulement d’où viennent ces références ?


Des bûchers aux réseaux sociaux

Dans Sorcières, la puissance invaincue des femmes, qui, depuis sa parution en septembre 2018, connaît un succès certain, la journaliste et essayiste Mona Chollet, traverse les époques pour raconter l’histoire des sorcières les plus célèbres. Elle revient surtout sur la persécution et l’extermination de dizaines de milliers de femmes, en Europe, aux XVIe et XVIIe siècles, en raison de leurs supposés “agissements diaboliques” : des femmes libres, célibataires, âgées, autonomes, puissantes et érudites, qui souvent soignaient les malades ou aidaient  les mères à accoucher.

Ces chasses aux sorcières “ont contribué à façonner le monde qui est le nôtre” aujourd’hui, explique l’auteure, qui démontre que le féminisme et la sorcellerie ont longtemps été synonymes. « La sagesse et l’expérience sont valorisées chez les hommes mais redoutées chez les femmes.  Il y a une peur misogyne des femmes qui prennent trop de place ou parlent trop haut » avance-elle encore au micro de l’émission radio d’Augustin Trapenard ce jeudi 31 octobre.


Voile ou balai ?

Pour la journaliste, que ce soit les sorcières au Moyen Âge, les féministes dans les années 70, ou bien encore les femmes qui “dérangent” de nos jours, on n’a jamais cessé de mettre toutes sortes de femmes sur le bûcher. Au sens propre comme au figuré; ainsi aujourd’hui, de celles qui sont clouées au pilori sur les réseaux sociaux, pour ne citer qu’eux.

Mona Chollet rappelle, exemples à l’appui, que femmes d’esprit, militantes ou même actrices et humoristes, il n’a jamais été de bon augure d’être une femme dont la voix porte : l’épithète de sorcière ou d’hystérique – les deux si la passion s’en mêle – n’est jamais loin.

Aujourd’hui en France, par exemple, l’auteure fait le lien avec l’hystérie qui gagne le pays sur le voile. Elle estime qu’à l’instar des sorcières à qui l’on prêtait des pouvoir maléfiques, les femmes voilées, qui en sont tout autant dépourvues, sont tout de même “accusées de miner la société.

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Super-sorcières

Le point positif ? À travers le prisme de légendes, de contes mystérieux ou même de la pop culture (par exemple le personnage de Maléfique), les femmes sont en train de faire de la sorcière un symbole de force : « Aujourd’hui, il y a une désinhibition de l’affirmation d’être sorcière.  Le rapport au monde technicien purement rationnel montre ses limites. La sorcière, elle, propose un autre rapport au monde, plus attentif à la nature qui nous entoure. »


Et chez nous ?

Ceci ne figure pas dans le livre de Mona Chollet, mais nous tenions à faire le rapprochement avec notre culture. Vous en gardez certainement des souvenirs d’enfance : Aïcha Kandisha, la sorcière démoniaque aux pieds de chameaux (de chèvres selon les régions) a effrayé des générations d’enfants mais aussi… d’adultes.

Pourtant, la légende d’Aïcha Kandisha pourrait avoir une origine historique. La demoiselle aurait été une résistante marocaine de la région de Mazagan qui, pour se venger des soldats portugais qui avaient tué son fiancé, usait de ses charmes pour les attirer, la nuit, et les assassiner.

Après avoir lu l’essai de Mona Chollet, on peut facilement imaginer comment la légende de cette guerrière, dérangeant les mœurs et les codes de l’époque, a été déshumanisée et l’héroïne, transformée en ogresse meurtrière qui hante les cauchemars des enfants…

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SORCIÈRES

Farah Nadifi

C’est d’abord à une carrière d’avocate que Farah aspire, après avoir eu son bac à Marrakech. Rapidement, néanmoins, sa passion pour la mode la rattrape. Née à Paris où elle vit jusqu’à ses 14 ans, elle baigne dans ce milieu : sa mère fait carrière dans le retail de luxe. Après être passée chez YSL, Salvatore Ferragamo, Giorgio Armani ou encore Miu Miu, elle est approchée pour diriger le premier flagship de luxe à Casablanca : la boutique Fendi. Elle la dirige quatre ans avant de devenir acheteuse pour Gap et Banana Republic. Mais au bout de 10 ans de carrière dans le retail, elle se lance dans une nouvelle aventure en s’essayant à l’écriture. C’est avec Sofia Benbrahim qu’elle collabore d’abord, pour L’Officiel Maroc, puis Shoelifer, en tant que journaliste mode et lifestyle.

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