HUMEUR: ET SI CE 8 MARS ON ALLAIT PLUTÔT VOIR CAPTAIN MARVEL ?

Le 8 mars. En réunion de rédaction déjà, le sujet n’avait pas soulevé les passions. Comment en parler sans enfoncer des portes –depuis longtemps– ouvertes? Comment ne pas tomber dans les clichés que cette journée –à notre grand désespoir– semble produire en masse? Pourtant, le sentiment de “devoir” en parler est là, parce que le 8 mars est censé servir une cause bien précise.

L’idée qui nous a toutes mises d’accord a donc été de demander à des écrivaines, artistes, créatrices, entrepreneuses ou même blogueuses, ce qu’elles n’aimaient pas dans cette journée. Résultat des courses, aucune réponse. La question n’était pas la bonne ? Aurait-il fallu plutôt demander: “Que vous inspire le 8 mars?”. Exactement le genre de banalités dans lesquelles nous avions essayé de ne pas tomber.

En fait, il semblerait que de nombreuses femmes n’ont plus très envie de s’exprimer sur ce sujet, quelle que soit la forme, tant le 8 mars a été galvaudé, devenant une réplique commerciale de la Saint-Valentin ou de la Fête des Mères. Cette journée a perdu son sens et même, son nom. Car, pour (énième) rappel, le 8 mars est la  Journée Internationale de Lutte des Femmes, pour l’Égalité des Droits. En gros, donnez-nous l’égalité devant l’héritage, gardez les chocolats, les promos et les fleurs pour une autre occasion.

C’est pour tenter d’éviter ces roses –rouges bien sûr, c’est plus romantique !– que j’ai décidé d’aller m’enfermer au cinéma. Je suis allée voir Captain Marvel, qui justement vient de sortir. Hasard du calendrier ? L’arrivée, un 8 mars, d’une nouvelle héroïne dans les rangs des Avengers (dont Thor, Captain America, Ant-Man, Iron Man, Hulk et autres “testostérone men”), et qui s’avère, au passage, la plus puissante d’entre eux, ne doit pas être une coïncidence. Surtout vu le scénario.

Il est très difficile de parler d’un épisode de la saga Avengers sans spoiler ceux qui connaissent et emmêler les pinceaux de ce qui ne connaissent pas. Mais Captain Marvel, n’est pas juste une super-héroïne, elle a été une fillette, une jeune fille, une femme. De ces trois périodes de sa vie, les moments qui lui reviennent le plus souvent, sont tous ceux où elle s’entendait dire : “Tu ne peux pas faire de baseball, tu es une fille !”, “Tu ne peux pas faire l’armée, tu es une fille !”, ou encore “Quoi ? Piloter un avion de chasse ? Va plutôt éplucher des pommes de terres !” Ce qui ne l’a pas empêchée de faire ce qu’elle voulait, avec une belle détermination, et ce, avant même d’obtenir ses superpouvoirs.

Alors oui, c’est du scénario de blockbuster. C’est du ciné à l’américaine, avec des dialogues moralisateurs et de bons sentiments. Mais qui d’entre nous peut affirmer ne jamais avoir entendu de pareilles déclarations ? Qui peut affirmer que de tels discours n’ont jamais réussi à l’atteindre ? Que l’on ait un caractère en acier trempé, que l’on soit un bulldozer ou plus timorée, plus vulnérable, ces mots ont laissé sur nous toutes des traces plus ou moins profondes, visibles. Donc oui, j’ai aimé ce blockbuster – qui promet d’exploser toutes les statistiques d’entrées. Il me rappelle que mes accomplissements ne dépendent que de ma volonté, de ma force, de ma chance peut-être, mais de la mienne, en tout cas. Comme disait Maya Angelou : “Nothing will work until you do”. (Rien ne fonctionnera à moins que vous le fassiez.)

Ce que je veux retenir de ce film, c’est l’image romancée de femmes bien réelles, des guerrières du quotidien, des tiges de bambou qui plient mais ne se brisent pas. Beaucoup d’entre nous luttent et combattent au quotidien, et je ne parle pas que de la lutte contre le patriarcat, les misogynes, et les abrutis en tous genre. Tous les jours des femmes se battent, nous nous battons, pour des choses très simples : circuler, aimer, dire non, travailler, mais aussi éduquer nos enfants, se maquiller ou s’habiller comme nous le voulons. Ou encore pour ne pas être taxée “d’hystérique” quand on a du caractère ou de “trop émotive” quand on laisse transparaître nos émotions, comme le rappelle si justement Serena Williams dans la dernière pub Nike quand elle dit “Show them what crazy can do” (Montrez leur ce qu’une folle peut faire).

D’ailleurs, si de nombreux combats restent à mener (l’égalité devant l’héritage, par exemple !), il reste de petites victoires, comme lorsque son fils de 15 ans s’exclame, en apprenant que R.Kelly est toujours en liberté après les accusations d’abus sexuels qui pèsent contre lui : “Mais il est toujours pas en prison à vie ce %$&@>+£ ?”. Et être fière, exceptionnellement, de l’entendre dire un gros mot.

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Farah Nadifi

C’est d’abord à une carrière d’avocate que Farah aspire, après avoir eu son bac à Marrakech. Rapidement, néanmoins, sa passion pour la mode la rattrape. Née à Paris où elle vit jusqu’à ses 14 ans, elle baigne dans ce milieu : sa mère fait carrière dans le retail de luxe. Après être passée chez YSL, Salvatore Ferragamo, Giorgio Armani ou encore Miu Miu, elle est approchée pour diriger le premier flagship de luxe à Casablanca : la boutique Fendi. Elle la dirige quatre ans avant de devenir acheteuse pour Gap et Banana Republic. Mais au bout de 10 ans de carrière dans le retail, elle se lance dans une nouvelle aventure en s’essayant à l’écriture. C’est avec Sofia Benbrahim qu’elle collabore d’abord, pour L’Officiel Maroc, puis Shoelifer, en tant que journaliste mode et lifestyle.

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