BIEN ÉDUQUER SON ENFANT ET ÊTRE UN BON PARENT, ÇA VEUT DIRE QUOI ?

éduquer son enfant

L’éducation positive, la parentalité bienveillante, l’épreuve du numérique… Bien éduquer son enfant n’a jamais été aussi difficile. Mais concrètement, être un “bon parent”, ça veut dire quoi ? Ghita Alami, psychologue clinicienne, spécialisée dans l’accompagnement thérapeutique des enfants et adolescents, nous aide à y voir plus clair (et à déculpabiliser). 

Selon une étude Ipsos réalisée en France en 2017, 93% des parents estiment qu’il n’y a pas de plus grande réussite dans la vie que celle d’être un bon parent. Mais existe-t-il un modèle de parentalité ou des règles universelles pour bien éduquer son enfant et le voir s’épanouir ? Une chose est sûre : le sujet passionne, car sur le site Amazon, plus de 60.000 ouvrages de conseils sur la parentalité sont proposés. Parallèlement, près d’un parent sur deux se déclare stressé et 85% affirme avoir besoin de lâcher prise. Car la pression peut être difficile à gérer. Ghita Alami, psychologue clinicienne spécialiste des enfants, ados et parents à Casablanca, répond à nos questions sur la parentalité et nous aide à retrouver un peu de sérénité. 


Est-ce qu’on peut définir ce qu’est un bon parent ? 

Non, c’est très compliqué de définir ce qu’est une bonne mère ou un bon père. Il y a mille manières de vivre la relation avec son enfant. Ce qui est sûr c’est qu’on peut déculpabiliser tout de suite. Le parent parfait n’existe pas. 


La notion de “bonne éducation” a-t-elle évolué avec les générations ? 

Oui, bien éduquer son enfant aujourd’hui ne signifie pas la même chose que pour nos grands-parents. Au fil des années, la notion d’éducation et de relation systémique a profondément changé. Depuis les années soixante, et grâce à de nombreux psychanalystes, on a compris que l’enfant n’est plus seulement le fruit d’un désir parental mais aussi un être désirant à part entière. S’il a des obligations, il a désormais des droits vis-à-vis de ses parents et de la société.


Et les critères qui définissent un “bon parent” sont-ils les mêmes ? 

Il y a 50 ans, les critères pour définir la parentalité étaient collectifs. Être un bon parent cela se résumait à nourrir son enfant, le vêtir, lui apporter une protection et lui permettre de faire des études. À présent, les critères individuels priment. Les parents veulent rendre heureux leur enfant. Mais c’est une notion propre à chacun. Se sentir responsable du bonheur d’autrui, c’est très lourd à porter. À vouloir trop en faire, on peut aussi l’étouffer. Le manque, l’attente et même la peur sont des notions essentielles pour qu’un enfant puisse prendre son autonomie. 

Le rôle du père a aussi changé… 

On donne en effet plus d’importance au rôle du père qui délivre, entre autres, l’enfant de la relation imaginaire mère-enfant et qui pose un cadre. Il a un rôle structurant, signifie la loi, et enracine l’enfant dans une identification et une filiation à travers le nom de famille qu’il transmet.


Certains parlent d’un déclin de l’autorité, est-ce vrai ? 

On ne peut pas faire de généralité. Mais on a compris que cadrer ne signifiait pas frapper, encore moins agresser verbalement. Ce qui a donc changé, au fil des générations, c’est qu’aujourd’hui les parents le savent. Mais certains ont du mal à poser des limites à leurs enfants, parce qu’ils ont peur de perdre leur amour. Or, pour structurer sa personnalité, un enfant a autant besoin d’amour que de cadre.


Être un bon parent c’est subjectif mais y-a-t-il des points sur lesquels tout le monde s’accorde pour bien éduquer son enfant et s’assurer de son épanouissement ?

Oui, et dès la naissance. Avec la présence et la constance de la mère pour les besoins physiologiques du bébé (notamment avec le sein). Ainsi que son maintien physique et psychique. La manière avec laquelle les parents le lavent, le bercent et le changent permet “la personnalisation”, c’est-à-dire l’union du corps et de l’esprit chez lui. Les premiers mois, les parents –et particulièrement la mère– doivent s’adapter tant qu’ils peuvent aux besoins de l’enfant pour qu’il puisse se construire et être épanoui.


Et lorsqu’il grandit ? 

On retrouve toujours les besoins physiologiques : manger, dormir et l’hygiène. Et puis viennent les besoins de sécurité, stabilité, et de communication. Au fur et à mesure qu’il grandit un enfant a besoin de jouer, explorer, découvrir et expérimenter. Il a besoin de prendre plaisir pour apprendre et s’éveiller. Un enfant a donc besoin d’être stimulé dans un cadre positif. Enfin, il y a les besoins affectifs. Être respecté et aimé inconditionnellement pour ce qu’il est. Être écouté, apprécié pour ses qualités. Et enfin accompagné, encouragé dans les différentes étapes de sa vie.

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On trouve énormément de livres de conseils pour bien éduquer son enfant. Est-ce qu’il est prouvé que certains comportements parentaux aboutissent à de meilleurs résultats ?

Ce serait trop facile ! Mais ce qui a été démontré c’est qu’éviter certains comportements permet d’éviter certaines problématiques. Par exemple, on sait que si un parent manifeste un niveau d’exigence trop élevé envers son enfant, comme lui demander constamment d’avoir de bonnes notes et le comparer aux autres, il y a de fortes probabilités pour que cet enfant développe une personnalité anxieuse. C’est dans ce cadre qu’il peut être intéressant de lire des ouvrages. Mais pas la peine d’espérer y trouver des recettes magiques pour devenir des parents parfaits. Et encore moins pour produire des enfants modèles.


Dans nos sociétés modernes, on parle beaucoup de culpabilité parentale à cause du manque de temps… 

Pourtant la quantité de temps n’a pas d’importance pour bien éduquer son enfant. Il a besoin d’une disponibilité physique et psychique du parent. C’est-à-dire être là pour l’écouter, l’observer et lui transmettre des choses. Plutôt que de s’enfermer avec lui dans une chambre et de prendre son téléphone portable alors qu’il joue par exemple.


Finalement pour être une bonne maman, on ne doit pas s’oublier en tant que femme…

Exactement. Pour être apte à donner de l’amour, la maman a besoin de prendre aussi du temps pour elle. Elle a besoin d’être bien dans son couple et de ne pas être en souffrance. Une maman qui travaille trop, qui est épuisée ou qui souffre de conflits conjugaux aura beaucoup de mal à donner ce dont elle manque. C’est un juste équilibre familial à construire et à réadapter constamment.


Et du point de vue de l’enfant, qu’est-ce qu’un bon parent ? 

Selon les dires des enfants que j’ai rencontré en thérapie, c’est le parent aimant, empathique, soutenant, qui sait écouter et qui ne fait pas que parler et conseiller. 


Du coup, quels conseils pouvez-vous donner aux parents pour faire au mieux ?  

Le meilleur conseil serait de donner du temps pour écouter son enfant, de lui donner de l’amour et de l’affection. Un bon parent c’est être suffisamment présent émotionnellement pour son enfant. C’est lui donner qualitativement du temps et lui transmettre du savoir. Un bon parent protège, accompagne et cadre son enfant. Il lui verbalise son amour, mais lui pose aussi des limites. L’enfant comprend alors très tôt qu’il est aimé pour ce qu’il est, et qu’il sera soutenu par son parent à tout moment.

Photo (c) DOLCE & GABBANA.

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