ROUTINE BEAUTÉ : LES CONFIDENCES D’UNE TEYYABA

Pro du gommage et du massage, Souad travaille dans un hammam : c’est une teyyaba. Après New York, Shoelifer pose ses bagages à Rabat pour une deuxième étape de son voyage à la découverte des routines beauté. Rencontre avec une actrice incontournable de l’univers du hammam.

La teyyaba est au hammam ce que l’esthéticienne est à l’institut : la cheville ouvrière, la professionnelle à qui l’on confie son corps et bien souvent ses secrets aussi, le temps d’une mise en beauté. Or, ce personnage, on en parle très peu. Pour en savoir plus, nous sommes partis à la rencontre d’une teyyaba exerçant dans un hammam situé dans un quartier résidentiel de la périphérie de Rabat.

Pourriez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Souad (le prénom a été changé, ndlr). J’ai 36 ans. Je suis mariée et maman de quatre enfants. J’exerce le métier de teyyaba depuis quatre ans.

Comment êtes-vous devenue teyyaba ?
Ce n’était pas une vocation. J’ai arrêté l’école à 15 ans. Je me suis mariée un peu plus tard. Après la naissance de mon quatrième enfant, le salaire de mon mari ne suffisait plus à faire tourner le ménage. J’ai pris contact avec une teyyaba célèbre à Rabat qui m’a prise sous son aile et m’a appris les ficelles du métier. Cette formation a duré un peu moins de trois mois. Ensuite, j’ai volé de mes propres ailes. On m’a offert une place dans le hammam où j’exerce depuis plus de trois ans. J’y travaille à temps partiel, trois jours par semaine. Travailleuse indépendante comme l’écrasante majorité de mes consœurs, mon salaire, variable, est constitué de mes pourboires. Un pourboire va de 30 à 100 dirhams. Il varie selon la prestation et la générosité de la cliente. Je garde tout pour moi et ne reverse rien au propriétaire du hammam. Au cours d’une journée de travail qui commence à sept heures du matin et finit à minuit, je m’occupe en moyenne de quinze femmes. La plupart d’entre elles sont mes clientes. Elles me réclament.

Quelles sont vos astuces pour avoir une peau éclatante ?
Les femmes jeunes sont de plus en plus intéressées par les recettes traditionnelles à base d’ingrédients naturels. Pour une peau éclatante, je commence par un masque corporel à base de henné et de savon noir qui facilite le gommage. Je laisse poser cinq à dix minutes avant de rincer. Après je fais un gommage à l’aide du gant kessa. J’embraie avec un massage (c’est facultatif) avant de frotter le corps avec des citrons coupés en deux, en insistant sur les parties rugueuses : coudes, genoux, talons, etc. Le citron a une action gommante, mais il éclaircit également, et resserre les pores. Je termine par un grand rinçage. Une fois la cliente en salle de repos, je lui propose l’application d’un produit hydratant. Cela peut être un lait hydratant ou une huile. L’huile d’argan cosmétique, par exemple. On peut tout à fait reproduire ce rituel à domicile.

Quel rituel suivez-vous pour le visage ?
Ma recette fétiche pour le visage est le masque à l’argile blanche et au akkar el fassi (poudre de coquelicot). Je laisse poser dix minutes avant de rincer. Ce soin nettoie, hydrate tout en donnant bonne mine. A la sortie du hammam, les joues sont roses comme après l’application d’un blush. Je tiens cette recette d’une cliente. J’apprends beaucoup à leurs côtés et c’est ce qui me plaît dans ce métier.

Comment entretenir la peau du corps entre deux hammams ?
Une règle d’or : éviter d’utiliser le kessa et le réserver uniquement à la séance de hammam puisque des gommages répétés endommagent la peau. Il m’arrive souvent de voir des femmes dont la peau, surtout au niveau du cou et du décolleté, a été abîmée à force de gommages costauds et trop rapprochés dans le temps. Entre deux séances de hammam, je recommande l’utilisation de produits lavants doux. Comme le savon noir que l’on peut parfumer avec quelques gouttes d’huiles essentielles. Ou le savon d’Alep, que j’ai découvert récemment. Au début, on peut être incommodé par son odeur mais on finit par s’y habituer. Et le résultat est extraordinaire : la peau est toute douce, satinée. Enfin, une peau fraîchement lavée est une peau fragile. Il faut donc l’hydrater au moyen d’une huile d’argan cosmétique, d’un lait ou d’une crème.

Shoelifer Team

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