BORE OUT : QUAND LE TRAVAIL VOUS ÉPUISE !

bore out

Vous vous ennuyez à mourir au bureau ? Peut-être souffrez-vous sans le savoir de bore out. Ce mal-être qui résulte d’une sous-charge de travail et d’un certain découragement peut faire beaucoup de dégâts. On vous en dit un peu plus sur le sujet.  

Tout le monde a entendu parler du burn out, ce syndrome d’épuisement professionnel qui est la conséquence d’une surcharge de travail et de stress… Mais le bore out, ça vous dit quelque chose ? Il s’agit d’une autre forme de pathologie qui découle dans ce cas d’un ennui profond. 

Manque de tâches intéressantes à faire (voire ingrates), absence de reconnaissance voire indifférence de sa hiérarchie, sous-sollicitation, désintérêt pour son travail, sensation d’être sous-évalué ou sous-utilisé, manque de perspectives d’évolution… Autant d’éléments qui peuvent engendrer une réelle souffrance au travail et des troubles dépressifs. Shoelifer fait le point sur ce mal insidieux pas toujours facile à détecter.  


Le bore out c’est quoi ? 

Ce terme est utilisé pour la première fois en 2007 par Rothlin et Werer (deux consultants suisses) pour désigner le déséquilibre entre la durée et le volume de travail effectué. Le bore out, qu’on pourrait traduire par “ennui pathologique” (et chronique) est un processus mental en plusieurs étapes qui peut conduire à des troubles anxieux.  

Dans le cadre professionnel, cela se traduit par une perte de motivation et un désengagement au travail, une anxiété accrue, une sensation d’isolement, etc. Sur le plan personnel, cette souffrance se manifeste par une fatigue physique intense, des troubles du sommeil, un sentiment de culpabilité. 

À noter que le bore out peut être aussi la conséquence d’une forme de harcèlement moral de la part de l’employeur. Une stratégie (sournoise) qui consiste à réduire progressivement la charge de travail d’un salarié pour le pousser à démissionner et donc éviter d’avoir à payer des indemnités de licenciement. 


Se tourner les pouces sur le lieu de travail, le quotidien de nombreux salariés  

D’après une étude Stepstone réalisée en 2008, ce syndrome toucherait 32 % des salariés en Europe. Au Maroc comme ailleurs, ce sujet est encore tabou car ce désœuvrement peut être interprété comme de la paresse. 

D’ailleurs, beaucoup de personnes sont touchées par le bore out sans le savoir ! Lila, ex-consultante en RP à Casablanca en a fait les frais : “Je consacrais peut-être deux heures dans une journée à faire des slides qui allaient alimenter une présentation commerciale. Et après, je ne faisais plus rien ! Mais rien du tout. Je tournais en rond en faisant semblant de travailler, en multipliant les pauses café. D’autant que dans ce milieu, les recommandations qu’on propose aux clients sont généralement peu suivies. En résumé, je travaillais très peu et pour encore moins de résultats. Et il en découle un vrai sentiment de vacuité et d’inutilité au travail… Alors oui, ce passage dans cette boîte a fait beaucoup de ravages en fragilisant ma confiance en moi, mais ça m’a permis aussi de changer de direction professionnelle. Grâce à un bilan de compétences, j’exerce enfin un métier épanouissant. 

Bilal, salarié d’un établissement public à Rabat, a dû s’armer de patience lorsqu’il a intégré son poste. “Dans l’administration, les lourdeurs hiérarchiques font partie du lot quotidien ! On dépend des instructions de son chef, sauf que celui-ci ne me confiait que quelques tâches sans intérêt, que je bouclais très rapidement. Au fil du temps, j’ai réalisé que ce zèle ne servait à rien et que mon chef me cantonnait toujours à la même paperasse inutile. Du coup, j’ai modifié ma stratégie et je retardais au maximum les rendus, ce qui n’avait pas l’air de l’émouvoir d’ailleurs. Et le reste du temps je m’occupais de mes mails, je regardais des films sur mon ordinateur. Je peux continuer à m’ennuyer au travail tout en percevant un salaire, mais cette situation est très épuisante moralement. C’est très culpabilisant d’être payé à rien faire.”


Alors comment on sort du cercle vicieux du bore out ? 

Dans un premier temps, il est important de bien identifier les symptômes de bore out évoqués plus haut. Ensuite, le meilleur moyen de sortir de ce désœuvrement est de communiquer avec sa hiérarchie. Prenez rendez-vous avec les RH ou votre manager pour en discuter et trouver des solutions (nouvelles tâches à faire, réorganisation de travail). 

Bien sûr, si la situation dure depuis longtemps, l’exercice est périlleux. Aborder la question de l’ennui au travail sans passer pour un fainéant(e) est un pari plutôt risqué. Mais ne dit-on pas que verbaliser ses maux est le premier pas vers la guérison ? 

À lire aussi :  5 COMPTES FEEL GOOD À SUIVRE SUR INSTAGRAM


Voici quelques pistes supplémentaires : 

Faire appel à un coach professionnel 

Un bilan de compétences vous permettra de faire le point sur votre situation, peut-être vous orienter vers un autre métier, plus en phase avec vos valeurs. 

Consulter un psychologue 

Le fait de suivre une thérapie ou de se confier à un professionnel qui va vous écouter sans jugement est déjà un grand pas en avant. Cette étape permet de sortir de l’isolement et surtout d’identifier les causes profondes de cet ennui. 

Faire du sport 

Pour combler le vide de vos journées, mieux vaut compenser en pratiquant une activité physique. C’est bien connu, le sport libère de l’endorphine (hormone du bonheur). Un bon moyen donc pour sortir de l’engrenage de stress et de fatigue lié au bore out. 

Pour en savoir plus sur le sujet : 

Christian Bourion, Le bore out syndrom, France, Albin Michel, 2016 

Léon-Patrice Celestin, Smadar Celestin-Westreich, Les faces cachées du burn-out, Interéditions, 2018 

Photo (c) : Plain Magazine

Fatima Haim

Après des études d’histoire et de journalisme, elle est tombée dans la marmite de la pub et de l’édition, un peu par hasard, en collaborant avec différentes agences. Une fois dissipé l’effet « potion magique », le journalisme la rattrape. Elle papillonne alors dans différents supports : FDM, Afrique Magazine, L’Officiel… Car en 2014, cette parisienne (d’adoption) s’était rendue à Casablanca pour y passer quelques jours. Elle y est encore! Toujours en quête d’air pur (et iodé), pour buller en terrasse ou se déconnecter à coups de longues marches.

Pas Encore De Commentaires

Les commentaires sont fermés

@shoelifer

Instagram