Elles ont entre 9 et 13 ans et sont déjà adeptes des tutos TikTok. Copiant les influenceuses beauté en vogue, ces jeunes filles dépensent leur argent de poche en sérums hydratants, crèmes anti-âge ou encore maquillage. Un phénomène alarmant lorsque l’on sait que la majorité de ces produits ne sont pas adaptés aux peaux jeunes. On vous en dit plus.
Impossible que vous soyez passés à côté, tant le sujet défraie la chronique en Europe et outre-Atlantique. Voilà plusieurs mois que des pré-adolescentes de 9 à 13 ans dévalisent les rayons cosmétiques à la recherche des soins repérés dans les tutos TikTok de leurs influenceuses beauté fétiches. Elles se filment ensuite devant leur miroir en train de reproduire la même routine skincare, tout en parlant de leurs peines de cœur, leurs voyages ou encore de l’école. Brume hydratante, toner, sérums, crèmes, base et maquillage, tout y passe. Le phénomène est tel qu’on les surnomme aujourd’hui les Sephora Kids. Le hashtag dédié a déjà récolté plus de 530 millions de vues sur TikTok.
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Un phénomène mondial
Cette tendance de tutos TikTok “Get ready with me” (prépare-toi avec moi) ou les “skincare routine” reproduits par des pré-adolescentes est née aux États-Unis. Parmi les précurseurs, on retrouve notamment North West, la fille de Kim Kardashian et de Kanye West, ainsi que sa cousine Penelope, fille de Kourtney Kardashian. Dans une vidéo publiée en 2022 (aujourd’hui supprimée), North West, alors âgée de 10 ans, expliquait les différentes étapes de sa routine beauté quotidienne, composée entre autres d’un masque en tissu et d’un soin pour les lèvres. Le phénomène a ensuite pris de l’ampleur et s’est accéléré. Si bien que de plus en plus de jeunes filles se sont prises au jeu et ont commencé à partager leurs propres tutos TikTok.
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Mais avant cela, elles partent à la recherche des produits cosmétiques en vogue, entre copines ou accompagnées de leurs mamans. Parmi les références les plus plébiscitées par la jeune génération, on retrouve celles des marques Typology, Rare Beauty ou encore Drunk Elephant. Des produits onéreux puisqu’ils tournent autour de 70 euros le pot de crème. Pour autant, le prix ne semble pas être un frein.
Aux États-Unis, en Angleterre, en France, en Espagne et même en Suède, de plus en plus de vendeurs travaillant chez Sephora ont remarqué l’augmentation d’une clientèle toujours plus jeune. Dans une vidéo publiée au début du mois de mars, une chanteuse de country américaine s’amuse à compter le nombre d’enfants dans une boutique de cosmétiques. Elle s’arrête à 12 mais explique qu’elle est entourée de plusieurs groupes de pré-ados occupés à tester divers produits et qu’elle ne peut même pas approcher le rayon consacré à la marque Drunk Elephant.
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Les marques ont bien compris l’enjeu de ce phénomène et n’hésitent pas à miser sur des stratégies marketing reposant sur des packagings colorés, limite enfantins. Selon le portail en ligne allemand Statista, le marché cosmétique ciblant les pré-ados représente déjà 380 millions de dollars dans le monde tandis qu’une croissance annuelle de 7,71% est prévue jusqu’en 2028. Pour preuve, de plus en plus de ces jeunes expliquent ne plus pouvoir se passer de leur routine skincare et makeup. Elles confient même se lever plus tôt pour avoir le temps de la faire avant d’aller à l’école.
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Les dermatologues tirent la sonnette d’alarme
Cette tendance pourrait prêter à sourire si elle n’était pas aussi inquiétante. Les professionnels de la santé ne voient pas d’un très bon œil cette tendance, notamment les dermatologues. Car bien souvent, les Sephora Kids ne se contentent pas d’acheter un simple soin hydratant mais se tournent vers des sérums et crèmes anti-âge ainsi que sur de multiples articles de maquillage.
Destinés aux adultes, ces produits contiennent généralement de l’acide hyaluronique, du collagène, du rétinol, de la niacinamide, de la vitamine C, des AHA (acide citrique, glycolique…), des BHA (acide salicylique) ou encore du bakuchiol. Des actifs puissants, destinés à traiter des problématiques liées aux peaux matures comme la déshydratation, l’apparition de rides et ridules, les taches pigmentaires, le relâchement cutané, le teint terne, etc.
Appliqués sur des peaux jeunes, plus délicates et sensibles aux irritations, ils peuvent provoquer de nombreuses réactions cutanées. Par exemple des allergies, des intolérances voire des brûlures s’ils sont photosensibilisants. Notamment le rétinol qui ne convient pas à tous et doit généralement suivre un procédé d’application très précis.
Enfin, une exposition trop précoce aux produits chimiques contenus dans ces cosmétiques, comme certains conservateurs et émollients, peut également perturber le système hormonal de ces jeunes filles. Et ne parlons pas des problèmes d’estime de soi que développent ces enfants qui, dès l’âge de 9 ans, ressentent le besoin de corriger des “défauts”.
Quelles solutions ?
Pour enrayer ce phénomène, une chaîne de pharmacies suédoise, Apotek Hjärtat, a notamment imposé une limite d’âge de 15 ans minimum pour la vente de certains cosmétiques. Sur cette liste, on retrouve les produits anti-âge contenant des acides AHA et BHA, ainsi que les vitamines A (rétinol) et C. Pour se les procurer en dessous de cette limite d’âge, l’adolescent doit pouvoir présenter un certificat médical qui en justifie son utilisation.
D’autres enseignes essaient de responsabiliser les parents. Car bien souvent, ils encouragent ces pratiques et se filment avec leurs enfants. C’est le cas de la marque de cosmétiques Khiel’s qui a dénoncé le phénomène des Sephora Kids dans une campagne publicitaire. Elle explique que la période de l’enfance passe vite et que les jeunes ne doivent pas perdre leur temps avec ces tutos TikTok. Pour le moment, deux visuels ont été partagés et d’autres devraient suivre. En espérant que le message résonne auprès du plus grand nombre.
Photo (c) : Vogue
