YUKA, L’APPLI QUI FAIT TREMBLER LES GÉANTS DE LA COSMÉTIQUE

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Lancée en 2017, l’application mobile française Yuka a réussi à modifier les habitudes de 21 millions de consommateurs dans le monde. Il suffit de scanner un produit, alimentaire ou cosmétique, pour connaître sa composition. Et donc savoir s’il est bon pour la santé. Un procédé qui a poussé de nombreuses industries à revoir leurs formules. Shoelifer vous en dit plus.

Rappelez-vous, en 2018 déjà, on vous parlait du phénomène Yuka. Un an à peine après son lancement, cette application mobile nous avait tapé dans l’œil. De par sa facilité d’utilisation, mais surtout pour son côté pratique. En scannant un produit grâce à son smartphone, l’application déchiffre instantanément sa composition. Elle lui attribue une note de 0 à 100 et le classe dans la catégorie « excellent », « bon », « médiocre » ou « mauvais ». Si le produit est mal noté, Yuka propose des alternatives plus saines. Dans le cas d’un produit alimentaire, l’application se base sur la qualité nutritionnelle, le taux d’incidence des additifs et sur sa dimension bio. Pour les cosmétiques, Yuka porte une attention particulière aux composants jugés dangereux pour la santé. Parmi eux, les sels d’aluminium, le phenoxyethanol, le butylhydroxytoluène ou encore le propylène glycol. Autant d’ingrédients réputés pour être des perturbateurs endocriniens, des allergènes, des irritants ou encore des produits cancérigènes. En seulement 5 ans, Yuka a réussi à changer les habitudes de nombreux consommateurs mais également celles des fabricants. Pour autant, certains professionnels dénoncent le manque de précision, et donc de fiabilité, de l’appli. 

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La révolution Yuka

Les chiffres sont édifiants. Selon une étude menée en 2019 par le cabinet Kimso, 94% des utilisateurs de Yuka ont cessé d’acheter certains produits mal notés sur l’application. Ils sont aussi 92% à reposer ces produits quand ils sont affublés d’une pastille rouge (synonyme de « mauvais »). Enfin, 83% d’entre eux ont décidé de consommer moins mais mieux. Et cela, que ce soit en France, en Belgique, en Suisse, en Allemagne, en Italie ou au Luxembourg. Même aux États-Unis, où la société s’est lancée en 2020 (en plein covid), le phénomène prend de l’ampleur. Le succès est tel qu’il a poussé de nombreuses entreprises à modifier les compositions de leurs produits. Notamment dans le rayon de l’alimentaire. Ainsi, en 2019, Intermarché avait annoncé le changement de 900 recettes de ses produits, afin de les rendre plus sains. D’autres grandes marques comme Nestlé, Unilever, Auchan ou encore Mondelez ont fait de même. Puis ce fut au tour des cosmétiques. Les consommateurs sont en effet de plus en plus soucieux des produits qu’ils utilisent. Surtout après qu’il a été démontré que certains composants peuvent être cancérigènes. La beauté durable devient donc la norme, poussant les entreprises à se mettre à la page en réinterprétant leurs formulations, dans le but de tendre à plus de naturalité. C’est le cas de quelques produits L’Occitane, Caudalie, Bioderma… À tel point qu’un bon score sur Yuka est aujourd’hui mis en avant par les marques dans leur communication. On se souvient du coiffeur David Lucas, qui nous présentait son nouveau shampooing poudre en insistant sur le fait qu’il était noté 100/100 par Yuka.

 


Quelles limites ?

L’utilisation quasi systématique de l’application a ouvert la voie à une toute nouvelle façon de consommer, reprise par de nombreux autres acteurs. Ces derniers mettent au point leur propre système de notation de façon objective, dans le but d’éclairer les consommateurs avant achat. C’est le cas de Sephora qui a mis en place une sélection Good for, regroupant une multitude de produits vegan, réputés bons pour nous et la planète. D’ailleurs, ce qui fait le succès de Yuka, c’est que celle-ci est totalement indépendante et procède à la notation de façon neutre. Ainsi, les marques n’ont pas la possibilité d’influencer le score final. Pour autant, certains professionnels et spécialistes mettent en gardent contre l’utilisation systématique de l’application. Notamment à cause de son manque de précision sur certains ingrédients, rendant son verdict parfois peu fiable. Dans les produits alimentaires par exemple, Yuka ne fait pas la différence entre le sucre naturel ou artificiel. Tout comme elle met dans le même panier un jus composé exclusivement de concentrés et une boisson 100% pur jus. Bien que plus naturelle, cette dernière peut obtenir une moins bonne note. 

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Le cas des produits de beauté

Du côté des cosmétiques aussi, quelques limites ont été relevées. Yuka va par exemple se baser exclusivement sur chaque composant, sans prendre en compte le fait que c’est le mélange de certains ingrédients qui peut être dangereux. Ainsi, un silicone seul n’aura pas beaucoup d’impact sur la peau. En revanche, la combinaison de trois silicones dans le même produit peut provoquer des allergies. La teneur des ingrédients n’est également pas mentionnée. Prenons le cas des sels d’aluminium. Ces derniers sont notamment utilisés dans les antitranspirants car ils permettent de réduire la production de sueur et de mauvaises odeurs. Bien qu’ils aient longtemps fait l’objet de polémiques, l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité des Médicaments) française a tout de même conclu que « sur la base des données disponibles, l’exposition ne peut être considérée comme présentant un risque cancérigène ». Même constat au niveau du Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs (le CSSC). Dans son rapport, celui-ci « considère comme sûre l’utilisation de l’aluminium dans les antitranspirants, les dentifrices et les rouges à lèvres dans les concentrations usuelles des formules commercialisées ». Ainsi, les quantités contenues dans les différents cosmétiques ne sont pas identifiées comme pouvant provoquer un effet toxicologique. Or, Yuka ne mentionne pas la quantité réelle de chaque composant. Attention aussi au fait que certains produits ont été reformulés, mais l’application n’a pas encore mis à jour les données sur son système.. 

 

Si l’application n’est pas parfaite, elle tend à s’améliorer. Depuis 2021, elle intègre un nouvel indicateur qui permet de rendre compte de l’impact environnemental des aliments. Surtout, elle a permis une réelle prise de conscience. Il est donc intéressant de l’utiliser dans le but d’en savoir plus sur ce que nous consommons, tout en gardant à l’esprit qu’elle présente certaines limites.

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Photo (c) : Mujer Hoy

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