LA MOROCCAN WEEK À ABU DHABI ? ON Y ÉTAIT

La 4ème édition de l’exposition Morocco In Abu Dhabi, qui a ouvert ses portes ce 18 avril 2019, se termine aujourd’hui, 30 avril : c’est au National Exhibition Center que l’excellence marocaine a posé ses valises culturelles, gastronomiques et architecturales. Forte des –très bons– chiffres de l’an dernier, cette édition a placé la barre encore plus haut, démontrant un savoir-faire toujours plus pointu et une véritable envie de surprendre les visiteurs, qu’ils soient émiratis, touristes de passage ou marocains exilés en mal du pays. Nous y étions et avons vécu trois semaines frénétiques, pleines de challenge, d’émotions et de beauté. Les coulisses, les temps forts, les photos… suivez le guide.


Le pavillon marocain

Plus grand, pensé différemment : cette année les visiteurs –et même les organisateurs- du pavillon du Maroc avaient les yeux écarquillés. Des allées aménagées rappelant le souk de Jamaâ el Fna (jusqu’aux rayons du soleil transperçant les bambous séchés qui servent d’ombrelles aux ruelles de la médina marrakchie), de vrais palmiers au cœur du patio : tout a été revu, en plus impressionnant. Et pourtant, l’intimité d’une maison marocaine, sa chaleur surtout, étaient toujours là. C’est que, nous explique Adil Lazrak, PDG de Capital Events – producteur délégué de cet événement commandité par le ministère du Tourisme et par l’Office national marocain du tourisme, “la bâtisse était plus majestueuse, mais elle n’était que l’écrin mettant à l’honneur les cultures vivantes du royaume”. Et d’ajouter : “Nous ne considérons pas, pour cette édition, qu’il y ait eu un changement d’approche conceptuelle. Rappelons-nous que le projet architectural n’est, par définition, que l’expression créative de notre parti pris stratégique, qui n’a pas changé depuis la genèse de ce projet: retranscrire toutes les facettes et toutes les émotions du Maroc en créant plus qu’une exposition, une expérience live. Avec une mise en scène maitrisée qui reflète le savoir-vivre singulier d’une culture ancestrale.”

Entrée principale du Pavillon

Espace moderne, architecture traditionnelle

C’est le cabinet Saïd Berrada Architects qui s’est vu confier la tâche d’imaginer ce nouvel espace de 3300m2 (contre 1800 l’an dernier). À l’instar des éditions précédentes, le challenge de transporter le visiteur au Maroc a été relevé. Mais cette fois-ci, le projet du pavillon marocain se veut une remise en question architecturale et une introspection conceptuelle, insiste Adil Lazrak. “Lors des précédentes éditions, nous avions placé le pavillon traditionnel, le riad, au centre. Autour de celui-ci gravitaient les activités annexes… Cette année, nous nous sommes rapproché le plus possible de la trame architecturale traditionnelle, en créant un vide central (patio/jardin) autour duquel s’articulait un plein : le bâtiment abritant les différentes ailes consacrées au programme. Avec une aile dédiée à l’artisanat, une autre à la mode, au design, à la gastronomie, un espace pour la cérémonie du thé et un autre pour la bibliothèque.  Autour, une circulation périphérique pour accéder aux espaces d’expositions. Le patio, conçu pour accueillir les différentes programmations artistiques, était donc au cœur du projet.” Il conclut : “Bien entendu, l’objectif originel du projet, à savoir la mise en valeur des différentes techniques d’ornement artisanal du Maroc (cuivre, bois sculpté, zellige et marbre), n’a pas été négligé. Toute la magnificence du savoir-faire de l’artisanat marocain était présentée.”


Déco : une vraie maison marocaine

C’est autour d’un rouge vermeil que la décoratrice d’intérieur Zineb El Amrani a imaginé la décoration de ce pavillon. Toujours dans un ton orientaliste mais contemporain, elle a apporté les touches qui viennent recréer à la perfection la chaleur des maisons marocaines. D’immenses rideaux en velours rappelant les couleurs des mosaïques (qui mariaient cette année le marron, le bordeaux et l’or), des assises larges et confortables en velours et panne de velours rouge finies de franges or –pour l’aspect rétro-chic– dans le patio central, des canapés tapissés de velours lamé imprimé cachemire dans la bibliothèque, des coffres, des miroirs imposants et fins, des tables et commodes en bois et laiton, des luminaires et coussins, et des vases débordant de roses rouges : l’espace a été imaginé comme un véritable intérieur.

L’espace bibliothèque, où l’on retrouvait les calligraphes.

Les sens en émoi

Dans cette maison-Maroc a régné une véritable ambiance de fête, comme on ne sait la faire que chez nous. Une fête magnifique orchestrée par Nabil Khalidi, directeur artistique musical de l’évènement. Huit troupes, toutes venues du Maroc, se sont succédées en plein cœur du patio, emplissant le pavillon de chants, de rythmes, d’émotions… On a pu entendre les Haddarates de Chefchaouen, du melhoun, de la guedra, des gnaoua, et, les plus attendus, à la fin de chaque journée, les Issaoua. Le tout magnifié par les lumières de l’alcôve centrale, dans une ambiance parfumée par le oud qui se consumait. Nouveauté de l’an dernier, les concerts sur la corniche étaient de retour cette édition 2019, avec toujours plus de succès. Deux soirées exceptionnelles, elles aussi pensées et dirigées par Nabil Khalidi, ont réuni pendant près de 3 heures des stars de la musique marocaine comme Saïda Charaf, Abderrahim Souiri, Douzi ou bien encore le Maalem Mustapha Bakbou. Le public a même eu la chance de voir Nabil Khalidi accompagner Derham sur scène.


Côté culture

C’était une nouveauté lors de l’édition précédente, l’espace designer. Un lien pour conjuguer l’histoire du Maroc au présent, et dévoiler un pan à part entière de l’excellence marocaine. Cette année, ont été présentées les œuvres de la Maison Meftah, de Jalil Bennani, de Yassine Hmichane, Bouchra Boudoua, Kanza Ben Cherif, Samir Chaoui, Nabila Lebbar et Samir Arfawi, Amina Agueznay avec les coopératives Ikhlass et Raja Fi Allah, Ghizlane Sahli, Moroccan Origin et Ghizlane Maghnouj Elmanjra. Mais également du design mode avec la marque Caidal ou bien encore l’installation de Yassine Morabite, diffusant, sur des écrans, la série de photos “Les Marocains” de Leila Alaoui. Côté accessoires, la marque de babouches Zyne a été exposée, ainsi qu’une dizaine de pièces d’exception, bijoux et objets de décoration du joailler casablancais Mounier et Bouvard. Mais pour comprendre le design et la création marocaine actuelle, il faut connaître son histoire : au fond du pavillon, dans un espace-musée sous la direction de la Fondation nationale des musées, des œuvres empruntées aux différents musées du Maroc ont apporté perspective et base historique aux visiteurs.

L’arrivée vers le Musée, de part et d’autres, les entrées des espaces designers.

Sans oublier les papilles

Une fois franchie l’entrée principale du pavillon, les deux premières ailes, à gauche et à droite, reproduisaient les allées d’une médina marocaine. L’aile est abritait les stands d’artisanat avec un ébéniste, un dinandier d’art, un bijoutier ou bien encore un potier. La seconde allée était quant à elle consacrée à la gastronomie marocaine : étals de roses séchées, verveine, camomille ou savon noir, un stand de fruits séchés, un autre d’olives, ainsi que les créations de dattes de la maison Two More. Quelques pas de plus emmenaient le visiteur dans un salon où était servi, tout au long de la journée, le thé traditionnel accompagné de petits gâteaux. Au centre de la pièce : une cuisine. Choumicha et la chef Zakia y ont officié tour à tour pour des cooking show live. Briouates, msemmen ou beghrir, les visiteurs assistaient à la réalisation des plats, avant de pouvoir les déguster sur place.


Des caftans, encore des caftans, toujours des caftans

Ils restent l’une des attractions star de la semaine du Maroc. Cette année, ce sont trois espaces distincts qui leur ont été dédiés. Avec une première : un véritable atelier de couture et de broderie a été monté. Des artisanes venues du Maroc y ont travaillé afin que les spectateurs, toujours plus curieux de notre habit traditionnel, puissent comprendre l’habileté et la minutie nécessaires à la réalisation des caftans et de leurs ornements. C’est aussi dans cet espace que le thème du mariage, avec la représentation de 3 caftans aux inspirations et références différentes était à l’honneur. Ensuite, dans deux allées, les caftans travaillés traditionnellement conversaient avec des techniques et broderies modernes.

De gauche à droite: Myriam Bouafi, Souad Chraibi pour Renata Couture et Siham Sara Chraibi.

La mise en scène, contemporaine, opposait des mannequins placés sur des estrades en marbre à des scènes de vie stylisées par les soins de l’équipe de Shoelifer. Zineb Joundy, Lamia Lakhsassi, Rabéa Telghazi Salmeron, Houda Serbouti, Meriem Bouafi, Frédérique Birkemeyer, Houria & Yasmina Benyahya, Naïma Bennouna & Zineb Lyoubi Idrissi, Loubna & Samia Guessous, Siham Tazi, Meriem & Leila El Hajouji pour Rafinity, Siham Sara Chraibi, Souad Chraïbi pour Renata Couture et Zinès Couture, Badia Tazi, Zineb Britel pour Zyne, Kenza Bennani pour New Tangier, Rhita Sebti, Kenza By Kenza, Maison du Linge by Sofia Lazrak Bennouna et Mounier et Bouvard ont ainsi fait partie de l’aventure, pour l’exposition comme lors des défilés quotidiens. Car, comme les années précédentes, tous les soirs, au sein du patio, dix mannequins venus du Maroc ont présenté les pièces de nos créateurs. Plus de détails à suivre dans un prochain article, promis !

De gauche à droite: Zyne, New Tangier et Badia Tazi.

Le résumé en chiffres

C’était la quatrième édition de ce pavillon marocain, quatrième édition à laquelle Shoelifer participait pour la partie mode et caftans. Chaque année, malgré les photos et les vidéos, il nous semble difficile de rendre l’ampleur de cet évènement hors-norme. Alors voici une illustration en chiffres.

Quatre corps de métier (entre bois, zellij, marbre et cuivre) ont travaillé des jours et des nuits entières pour réaliser le pavillon. En tout, 108 artisans étaient sur le pont. Il a fallu 21 jours de montage, soit 250 heures, pour mettre sur pied ce riad plus vrai que nature. Le zellij qui couvrait les surfaces de l’entrée, de l’alcôve centrale, du patio et des chemins qui menaient aux différentes ailes, comprenait plus de 2,1 millions de pièces, dont 26.000 couleur or.

Zellij et minaudière Badia Tazi.
Farah Nadifi

C’est d’abord à une carrière d’avocate que Farah aspire, après avoir eu son bac à Marrakech. Rapidement, néanmoins, sa passion pour la mode la rattrape. Née à Paris où elle vit jusqu’à ses 14 ans, elle baigne dans ce milieu : sa mère fait carrière dans le retail de luxe. Après être passée chez YSL, Salvatore Ferragamo, Giorgio Armani ou encore Miu Miu, elle est approchée pour diriger le premier flagship de luxe à Casablanca : la boutique Fendi. Elle la dirige quatre ans avant de devenir acheteuse pour Gap et Banana Republic. Mais au bout de 10 ans de carrière dans le retail, elle se lance dans une nouvelle aventure en s’essayant à l’écriture. C’est avec Sofia Benbrahim qu’elle collabore d’abord, pour L’Officiel Maroc, puis Shoelifer, en tant que journaliste mode et lifestyle.

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