LA HAUTE COUTURE, NOUVELLE SOURCE D’INSPIRATION DES SÉRIES ET DU CINÉMA ?

2024 a démarré avec pléthore de films et séries consacrées aux grandes figures de la haute couture. Nourris par la pop culture, ce sont désormais les couturiers qui font office de muses. La rédac’ décrypte ce phénomène. 

Pendant très longtemps, la haute couture –indissociable de la notion du luxe– a été perçue comme un milieu élitiste et ultra-fermé. Loin, très loin, du commun des mortels. Pour autant, la haute couture est étroitement liée aux grandes mutations économiques, sociétales et artistiques, notamment le cinéma. Au point qu’aujourd’hui elle inspire et s’inspire de la pop culture. 

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Haute couture + pop-culture = pop couture 

Selon le journaliste Marc Beaugé, fondateur du magazine de mode masculine L’Étiquette, la haute couture et les défilés se sont “démocratisés”, en tout cas ouverts au grand public. Il estime d’ailleurs que la pandémie du Covid-19 et les réseaux sociaux ont accéléré ce processus de démocratisation, à l’œuvre depuis la fin des années 1980. 

Mais auparavant, à l’aube de la révolution sociale quasi planétaire qu’a été Mai 68, c’est bien Yves Saint Laurent qui a transformé la haute couture en “pop-couture”, désireux “d’habiller la rue”. Et, au passage, de libérer les femmes. Trente ans après, c’est un défilé Yves Saint Laurent qui a ouvert la finale de la Coupe du Monde de football (1998) au Stade de France. La haute couture a donc fait un sacré chemin. 


Quand les figures de la haute couture deviennent des muses 

La dynamique insufflée par Saint Laurent a perduré dans le temps, reprise par Dior, Balenciaga, Louis Vuitton, Versace, Thierry Mugler ou encore Jean-Paul Gaultier, pour qui être populaire “permet de traverser le temps”. C’est d’ailleurs grâce au film Falbalas de Jacques Becker (1944), inspiré de la vie du couturier Philippe Clarence, que JPG a décidé de travailler dans la mode. 

Au point d’arriver un à plot twist dans les années 2010. Ce sont finalement les grandes figures de la haute couture qui ont commencé à inspirer les scénaristes et les réalisateurs en quête de personnages hors du commun. La tendance a commencé en 2006 avec le Diable s’habille en Prada, largement inspiré d’Anna Wintour, la célébrissime rédactrice en chef de la version américaine de Vogue. Ont suivi en 2014 deux biopics consacrés à YSL, respectivement réalisés par Jalil Lespert et Bertrand Bonello. 

La vision du grand public sur la haute couture a elle aussi évolué. D’une part, l’univers de la mode (et ses acteurs) rassemble tous les codes de la dramaturgie : pouvoir, glamour, génie créatif, tragédies et personnages romanesques. D’autre part, la haute couture n’a plus seulement été perçue comme un monde élitiste et/ou superficiel, mais bien comme un vecteur culturel à part entière. Avec ses nombreux savoir-faire artisanaux, ses codes et un authentique ancrage patrimonial. Au Maroc, par exemple, le caftan suscite un vif intérêt au royaume et dans le monde entier. 

En 2019, la saison 2 de la série d’anthologie American Crime Story a été consacrée à l’assassinat de Gianni Versace. Deux ans plus tard, la plateforme diffusait un biopic dédié à Maurizio Gucci, House of Gucci, dans lequel joue Lady Gaga (symbole ultime de la pop culture). 

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En 2024, un déferlement sur les écrans 

Plus récemment, la série The new look, diffusée sur Apple TV+ depuis février dernier, explore l’ascension de Christian Dior (qui détrône Coco Chanel) dans le Paris d’après-guerre. C’est cette série qui a exhumé un moment clé de l’histoire de la haute couture. Celui du Théâtre de la Mode, une exposition de miniatures initiée par la chambre syndicale de la haute couture parisienne en 1945, pour “relancer” la mode. 

À l’époque, les grands couturiers font face à une crise sans précédent : pénurie de tissus, exil de leurs clientèles, moral en berne. Ce qui a, au départ, été annoncé comme un événement “frivole” a attiré 100 000 visiteurs en France, puis 120 000 à Londres. Les plus grandes maisons y ont participé : Lucien Lelong, Elsa Schiaparelli, Pierre Balmain… En 2016, l’exposition “Le petit théâtre de Dior” en Chine était en partie un clin d’œil à cet événement historique. 

L’année 2024 a vu essaimer d’autres films et séries consacrées aux grandes figures de la haute couture. Dont une série-docu sur Canal+, intitulée Karl Lagerfeld : révélations. Le kaiser, disparu il y a maintenant 5 ans, arrive aussi sur Disney+ dans une série fiction intitulée Kaiser Karl, dédiée à son ascension et sa rivalité avec YSL. 

Depuis le 19 janvier, Disney+ diffuse également une série biopic sur Cristobal Balenciaga. Quant au cinéma, le réalisateur Kevin Macdonald a sorti un film sur la gloire et la décadence de John Galliano (Dior), The high and the low of John Galliano, sorti le 8 mars 2024. 

Autant de films et de séries, quasi unanimement adoubés par les spectateurs et la critique. La liste des figures de la haute couture étant encore très longue, sans doute faut-il s’attendre à une explosion de nouveaux biopics… 

Photo (c) : Disney+

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