DATING APPS : L’AMOUR AU TEMPS DE LA DRAGUE 2.0

dating apps

Avouons-le, on a tous déjà été tentés d’installer une ou plusieurs dating apps. Car oui, à l’heure du shopping sur Insta et de la commande de repas en ligne, la drague, elle aussi, est à portée de smartphone. Shoelifer fait le bilan des applis qui cartonnent, témoignages à l’appui.  

Le swipe serait-il devenu le geste ultime de séduction ? En tout cas, sa simplicité radicale (un coup de pouce vers la droite, c’est un “oui”, vers la gauche, c’est un “non”), l’a rendu viral. La pandémie est aussi passée par là, faisant exploser le nombre d’adhérents des dating apps. On ne présente plus Tinder, le leader qui fêtait ses dix ans en septembre 2022. Les chiffres sont édifiants : plus de 50 millions d’utilisateurs à travers le monde, jusqu’à quatre milliards de swipes par jour…  En une décennie, environ 70 milliards de matchs ont eu lieu sur Tinder. Ça donne de l’espoir.

La folie des dating apps n’a bien sûr pas épargné le Maroc. Et en dix ans, l’offre s’est considérablement enrichie. Bumble, OkCupid, Fruitz… Aujourd’hui, il y en a pour tous les goûts, sans compter les applis de niche, à l’instar de inshallah.com ou mektoub.fr. Pariant sur les célibataires de confession musulmane, elles s’étendent peu à peu hors de France où elles ont vu le jour. Le love au bout du match ? Pour nous guider dans notre quête de l’âme sœur, on a trouvé le couple 2.0 parfait. Ils sont beaux, ils sont jeunes et ils s’aiment. Surtout, ils en connaissent un rayon sur ces nouvelles méthodes de séduction. Pour des raisons évidentes de confidentialité, nous les appellerons donc Monsieur X et Mademoiselle Y.


La plus smart : Bumble

Selon Monsieur X, Bumble est le nec plus ultra en matière de dating apps. “Bumble est disponible sans VPN depuis quelque temps au Maroc. Du coup, c’est encore un peu exclusif mais aussi beaucoup plus smart”. Pourquoi? Parce que l’appli est tournée autour d’un nouveau concept féministe encore faiblement exploré en matière de séduction 2.0 : ici, c’est la fille qui doit faire le premier pas.
D’ailleurs, derrière le concept, il y a une femme. L’ancienne cofondatrice de Tinder, Whitney Wolfe Herd, qui a quitté l’entreprise pour cause de harcèlement sexuel. Deux ans plus tard, elle lançait Bumble. Conséquence, à l’heure de #metoo, le service explose. Côté appli, les surprises ne s’arrêtent pas là. À chaque match, un compte à rebours est lancé. L’intéressée a donc 24h pour envoyer le premier message avant que le profil ne disparaisse à jamais dans les méandres d’Internet. “Ça met un peu de piquant…”, confirme Monsieur X.

Sourire, de la part de Mademoiselle Y, qui avoue : “J’ai failli ne pas le liker parce qu’il avait mis qu’il était “chat” et moi “chien”. Ou parce que je ne pensais jamais me mettre en couple avec un balance, c’est mon opposé… ”. Ce à quoi Monsieur X répond dans un clin d’œil : “C’est normal, les opposés s’attirent”. Qu’ils sont mignons.
Dans le monde des dating apps, Bumble fait aussi figure de branchée. Le profil sociologique : jeunes cadres dynamiques et jeunes femmes BCBG. 


La plus discrète : Happn

Pour ceux qui ne connaissent pas –ou peu–, Happn fait partie de ces dating apps qui permettent d’entamer la discussion avec toutes les personnes croisées dans un périmètre d’un kilomètre. Bref, ce sont des points de rencontres virtuels pour parler, ou plus si affinités. Concurrente de Tinder, cette appli pour la jeunesse connectée table sur la géolocalisation rapprochée pour appâter ses adhérents. Et les lieux de fréquentation deviennent des sortes de critères de sélection. Si vous croisez untel dans votre resto préféré, lors d’un festival que vous avez adoré, ou encore au cinéma… c’est peut-être que vous avez des choses à vous dire.

Et au Maroc ? “Il y a peu de monde sur Happn je trouve. Des étrangers surtout, des touristes de passage… Mais elle est plus compliquée et surtout il n’y a pas la possibilité de swiper”, nous indique Monsieur X. Mademoiselle Y ne voit pas les choses de la même façon. Pour elle, le discours est sans appel : “Happn c’est pour les michtos. Sur cette application, beaucoup viennent du Moyen-Orient. Du coup, ça plaît à pas mal de filles.” Si on n’a pas pu vérifier l’info, on veut bien la croire.

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La plus connue : Tinder

Dix ans déjà que cette application bouscule les codes de la séduction digitale à travers le monde. Souvenez-vous, après les versions laptop de Meetic (pionnier du genre, sorti il y a 21 ans) ou Adopte un mec, la drague avait fini par s’inviter sur nos mobiles. Tinder, c’est une interface ludique qui permet de faire défiler des profils d’un mouvement du doigt (le fameux swipe) et de “liker” à sa guise les photos les plus désirées. Objectif ? Entamer la conversation en cas d’attirance commune. Si l’appli s’inscrit comme LA référence du genre pour tous les âges, elle est pourtant victime de sa mauvaise réputation.

Pas rentable? Assise à côté de lui, Mademoiselle Y fronce les sourcils. Car oui, même si ces deux-là se sont rencontrés via une appli, aborder le sujet de la séduction mobile reste toujours un exercice périlleux. “J’allais sur Tinder comme on allait sur Insta. C’est la société de consommation dans toute sa splendeur, tu zappes les profils comme si tu étais au marché”, explique-t-il. Et malgré tout ce qu’on peut en dire, Tinder reste la plus commune des dating apps dans le royaume. Plus de profils, plus de chances de rencontrer l’âme soeur ? 


Et tant d’autres… 

Les dating apps fonctionnent, alors le marché s’étend toujours plus. Certaines proposent des rencontres communautaires, comme Grindr qui s’adresse à la communauté gay. Il y a aussi Feeld, un espace virtuel pour les personnes souhaitant vivre des expériences intimes particulièrement osées. Fruitz, lancée en 2017 et rachetée par Bumble en 2022, parie sur la franchise. Un utilisateur explique : « À l’aide de petits fruits symbolisant son envie du moment (la cerise Fruitz pour du sérieux, le raisin pour un date sans prise de tête…), tu peux trier plus facilement, et ne pas perdre ton temps avec des gens qui sont dans un autre mood que le tien. Mais bon, ça ressemble beaucoup à Tinder en plus ludique. Et je pense qu’il y a moins d’utilisateurs au Maroc”.

Mais le marché ne s’arrête pas là. Une jeune Marocaine installée à Paris et curieuse de nature détaille : “Au Maroc, aujourd’hui, on a accès à toutes les applis. Mais il n’y a pas encore beaucoup d’utilisateurs dessus. OkCupid par exemple, ça ne se peuple que petit à petit… ” Le pari d’OkCupid est pourtant tentant : à grand renforts de questions auxquelles on répond au fur et à mesure de l’utilisation – jusqu’à plusieurs centaines – on est renvoyé vers des profils avec qui les affinités sont toujours plus précises. 

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L’avenir du flirt et le risque de la “dating fatigue

La drague par appli est-elle l’avenir du flirt ? Les avis divergent. Mademoiselle Y ne se serait par exemple jamais inscrite sans le confinement. Son truc, ce sont les vraies rencontres à l’improviste. Monsieur X, lui y a trouvé son compte. Il explique : “La vie est de plus en plus digitalisée, on bosse de plus de plus tard, on a moins le temps de faire des rencontres”.
Tous nos interlocuteurs s’accordent sur un point : pour les femmes, il peut être plus délicat de se montrer sur des applications au Maroc. “La peur du regard de l’autre, de tomber sur une connaissance… et d’être jugée”, nous dit-on. Alors, c’est parfois via la messagerie d’Instagram qu’on passe, l’air de rien, pour signifier un crush.

Et si les dating apps tâchent de se renouveler et continuent d’investir en publicité, c’est qu’elles craignent un phénomène de désertion. Une forme nouvelle de mélancolie amoureuse, qui éloignerait les utilisateurs des sites. En cause, la pression que cela peut représenter, les dates sériels qui s’avèrent décevants ou la peur de finir accro. Car les chercheurs l’ont prouvé : le swipe est addictif. Notre cerveau nous envoie des décharges de dopamine (l’hormone du bonheur) à chaque match, chaque visage croisé qui nous plaît… 

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