FAKE NEWS : QUAND LES RÉSEAUX SOCIAUX MANIPULENT NOTRE CERVEAU

Si l’on a de plus en plus tendance à s’informer sur les réseaux sociaux, ces derniers sont aussi l’eldorado des fake news. Une désinformation qui ne doit rien au hasard, bien au contraire. Shoelifer vous explique tout.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, jamais autant de fake news n’avaient circulé sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas Shoelifer qui le dit, mais Thomas Huchon, journaliste d’investigation et spécialiste des réseaux sociaux. Dans le viseur de cet expert 2.0, le réseau social X (anciennement Twitter), dont les ajustements décidés par son propriétaire, Elon Musk, ont contribué au déferlement de fake news. Parmi celles-ci : un prétendu bombardement sur une église de Gaza. Ou encore la vidéo d’un supposé enfant israélien retenu dans une cage par le Hamas (faux et re-faux). La rédac’ n’est pas en capacité d’établir une liste exhaustive tant le phénomène de désinformation est immense. Mais elle vous invite chère lectrices et lecteurs à prendre du recul, quelles que soient vos sensibilités.


L’astroturfing 

Pourquoi ? D’abord parce que le flux incessant d’informations et de fake news sur les réseaux sociaux génère un chaos informationnel et émotionnel. Pensez donc à préserver votre intellect et votre santé mentale. Et surtout, évitez d’être manipulé. Car les réseaux sociaux (et les GAFAM qui y sont liées) sont des as de la manipulation de masse. En réalité, les opérateurs créent des environnements toxiques et hostiles en intégrant l’intelligence artificielle (IA), pour maximiser le niveau d’engagement des internautes.

Pour que cela fonctionne, il suffit de deux ingrédients. D’abord, exploiter le biais cognitif négatif de l’être humain. Nous avons tendance à privilégier l’information qui transmet un danger (instinct de survie oblige). Un exemple concret. Au moment de la découverte d’un vaccin, un titre annonce qu’il est efficace à 90%, mais qu’il peut rendre stérile. À coup sûr, vous retiendrez la seconde partie du message. Vous serez même tentés d’en savoir plus (coucou les requêtes sur Google, etc.). 

 

C’est à cet instant précis, que les réseaux sociaux déploient leurs algorithmes, leurs bots et leurs trolls pour vous inonder d’informations et de fake news à ce sujet. Et, in fine, créer un phénomène de masse faussement spontané. Dans le jargon 2.0, cela s’appelle l’astroturfing. En gros, de la propagande à des fins publicitaires, économiques ou pire, politiques. Vous le savez sûrement déjà, la Russie est passée maître en la matière. Son objectif ? Déstabiliser le reste du monde, rien que ça. 

À l’inverse, les réseaux sociaux peuvent utiliser des algorithmes non pas pour limiter les fake news, le harcèlement, le manque de sincérité, mais pour invisibiliser certains utilisateurs. C’est notamment le cas avec Instagram (1 milliard d’utilisateurs) et son fameux “shadow ban”. Il touche extrêmement souvent les comptes féministes ou liés aux droits civiques des minorités, comme le démontre l’enquête de Numérique Investigation. Et même les artistes

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La rumeur va plus vite 

Selon une étude réalisée il y a un an par l’Integrity Institute, un centre de recherche américain, X et TikTok sont les champions de la fake news. Plus 373 millions de personnes utilisent X au quotidien (chiffre avril 2023). Quant à la plateforme chinoise, elle comptera bientôt 2 milliards d’utilisateurs, majoritairement des jeunes 15-25 ans. Or une étude réalisée par la société NewsGard en 2022, démontre que 20% des vidéos publiées sur TikTok contiennent des fake news. Or, une fake news est relayée six fois plus vite qu’une vraie information en règle générale. Sur X, une fake news a 70% de chances en plus d’être retweetée en cascade. Pourquoi ? Parce qu’une fake news fait réagir nos émotions au quart de tour, et impacte plus fortement nos followers. Tout cela est donc lié (aussi) à l’activation de notre système de récompense.

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Sensibilisation et volonté politique 

En tant que consommateur quotidien des réseaux sociaux, il est donc primordial de prendre du recul. Et d’utiliser son cerveau  pour ne pas être induit en erreur par une fake news. Il suffit juste d’analyser la légitimité de la source et l’authenticité d’une photo ou d’un contenu. Repérer les éventuelles incohérences. Se référer à des sources d’informations fiables / sérieuses, les multiplier et les confronter. Suivre des journalistes ou des ONG qui sont sur le terrain. Faire la distinction entre ce qui relève de l’affect, de l’émotion et la réalité des faits. Et parfois, tout simplement accepter “qu’on ne sait pas”. 

Mais pour qu’un vrai changement s’opère, encore faut-il une véritable volonté politique de la part des États et des GAFAM. Et très certainement de nouveaux algorithmes…

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