UN CAFTAN 2021 SOUS LE SIGNE DU “ZMANI” POUR UNE MARIÉE AUTHENTIQUE-CHIC

shoelifer_caftan 2021

Oui, on a envie de faire la fête. Oui, on a envie de dire oui dans un décor de rêve. Et oui, on a toujours envie de se marier en caftan… Après plus d’un an à nous restreindre, chez Shoelifer, on s’est dit qu’il fallait plus que jamais miser sur l’authenticité et mettre en avant notre savoir-faire. Alors ce caftan 2021, à quoi ressemblera-t-il ?

Après avoir écumé Instagram, Pinterest, les défilés de Haute Couture Dior, Chanel, Valentino (pour ne citer qu’eux), la foudre nous a frappées. Depuis plusieurs mois nous usons nos claviers en vous poussant à consommer local, à célébrer la créativité et l’innovation. Mais quid de nos racines, de l’âme de nos tenues traditionnelles ? A-t-on encore envie de broderies indiennes ? De manches très (trop) près du corps ? De coupes droites qui ne mettent pas forcément en valeurs un corps qui n’a pas beaucoup bougé récemment ? De paillettes et de strass à outrance en lieu et place d’un zwak maâlem bien de chez nous et fait chez nous ? D’un terz rbati aux fils de soie multicolores, rehaussé de kitane fin ? Bref, le caftan 2021 de la rédac’  sera conçu dans les règles de l’art (en darija nous disons “ala hakkou ou trikou”). Coupe, tissu ou ornements, nous avons des envies de retour aux sources, d’esprit zmani (comprenez “ancestral”). Mais l’affaire n’est pas simple pour autant. Il ne s’agit pas de couper/coudre/ broder l’exacte copie d’un caftan exposé dans un musée. Et puis, vous le savez, “rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. Pour vous apporter l’inspiration, nous avons donc sélectionné quelques images d’archives que nous avons combinées à des pièces choisies dans les collections de nos créatrices préférées. À vous maintenant de créer votre moodboard avant d’aller voir celle ou celui qui créera le caftan de vos rêves. Bessaha !

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De la bahja sinon (presque) rien !

Comment ça, vous ne savez pas de quoi on vous parle ? Demandez-donc à vos grand-mères et mères. La bahja et la denyaja sont des brocards réalisés à la main, de façon traditionnelle. La famille Benchrif en a fait une marque de fabrique, à tel point qu’aujourd’hui, on parle de “Benchrif” quand on évoque ces tissages utilisés pour l’habillement mais aussi en déco. Ils ont peu à peu été abandonnés en raison de leur côté rigide mais aussi de leur style : ces brocards aux motifs floraux aux couleurs très (trop) vives ne plaisaient plus aux jeunes mariées. Et pourtant, il s’agissait –avec la jawhara et la tlija– des tissus les plus traditionnellement utilisés dans le trousseau de la mariée. Aujourd’hui, les tissages ont évolué, avec des versions plus fines, aux tonalités plus variées. Mais il s’agit toujours de brocards. On choisira donc une coupe de caftan assez près du corps pour éviter trop de plis et de volume aux hanches avec le ceinturage. En revanche, on préférera des manches larges (tellement plus chic) et une finition sfifa de taille classique (4 à 5 cm). Un exemple ? Manal Benchlikha, habillée dans son clip Niya par Sacha by Salima Chaieb. On adore l’idée d’une deuxième pièce du même brocard, dans une couleur complémentaire ou opposée : un manteau, une cape ou un selham, comme dans ce modèle réalisé par Lamia Lakhsassi. Princier !


Le zwak maâlem en volume s’impose !

Le zwak maâlem est un must dans la finition et l’ornementation de l’habit traditionnel marocain. Ce travail manuel est traditionnellement réalisé avec des fils torsadés, tressés et enroulés sur eux-mêmes. Nos artisans continuent aujourd’hui de le faire évoluer en associant différents tressages et techniques de perlage.

On peut aussi utiliser le zwak maâlem en volume (aussi appelé brid), pour s’inspirer du collier des mariées d’antan, orné de perles et de cristaux comme sur ce caftan signé Rabea Telghazi Salmeron. On aime l’idée d’accentuer son côté graphique en l’associant à une sfifa de même couleur sur le devant du caftan. Autre coup de cœur, repéré cette fois chez Myriam Bouafi : le zwak maâlem, parfaitement exécuté sur un beau broché de soie, orne le devant du caftan mais aussi le col et les épaules. De quoi sublimer votre port de tête.


La sfifa makhzania fait son retour !

En finition, le kitane, fin tressage, avait quelque peu supplanté la sfifa, plus large et donc plus imposante. Cette dernière peut aller jusqu’à 10 cm de large : c’est tout de même beaucoup, on vous l’accorde ! Salima Chaieb a trouvé la parade et joue la carte du trompe-l’œil en accolant la bande dorée du sari tout le long de la finition sfifa. Résultat ? La silhouette de Manal (encore une fois dans son clip Niya) s’en trouve allongée. Zhor Raïs, quant à elle, superpose deux bandes de sfifa, qu’elle décale légèrement au niveau du col et de la longueur du caftan. Ainsi placées à côté l’une de l’autre, elles paraissent former une bande à la fois large et volumineuse, sans pour autant alourdir le tombé de la pièce. La reine des ciseaux réalise même cette prouesse sur un col légèrement ondulé pour plus de douceur et de romantisme.

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On réinvente terz ntaâ  

Terz ntaa est une broderie traditionnelle représentant des motifs floraux orientaux, souvent agrémentés d’oiseaux, notamment le paon. Son aspect royal et romantique a fait de cet ornement la broderie de prédilection des mariées de la région de Fès. Auparavant, ce travail de maâlem était souvent réalisé sur de larges caftans de velours et demandait des mois de travail. En version plus moderne, on optera pour une coupe légèrement évasée dans un tissu plus fluide. Et pourquoi ne pas oser orner de terz ntaa le devant et le bas du caftan, et même la dernière partie des manches, en all-over ? Comme sur le caftan imaginé par Fouzia Naciri, dont on aime le côté “mille et une nuits” tout en délicatesse. Sur un velours ou une matière plus épaisse, osez des motifs plus imposants, réalisés à la manière du maâlam, comme chez Myriam Bouafi Couture.


On s’inspire du plastron brodé de la labsa el kbira

La labsa el kbira (la grande tenue) est la tenue de mariée juive marocaine traditionnelle. On la reconnait à son plastron et au bas de la jupe chargé de sfifa et de travail maâlam. Si notre labsa el kbira peut paraître passée de mode, elle est néanmoins une inspiration de taille pour les caftans version 2021. Notamment son plastron que l’on réinterprétera en mixant allègrement les techniques d’ornementation, comprenez broderies au fil d’or, perlage, brid et zwak maâlem. On a ainsi repéré dans la dernière campagne du joaillier Mounier et Bouvard, ce caftan au plastron riche, brodé et orné de zwak maâlem, rehaussé de mlakia et de kitane et agrémenté de cristaux : un parfait exercice de style. Chez Myriam Bouafi Couture, le plastron se modernise avec un travail de maâlem graphique réalisé avec du kitane et des broderies fines rehaussées de sequins. La pièce du bas est également retravaillée d’applications de tissu fixé avec de la broderie, accentuant ainsi l’aspect moderne de la tenue. On dit “Oui” !

Par Widad Anoua.

Widad Anoua

Diplômée en 2009 en design de mode à Esmod Paris, Widad travaille ensuite dans des studios de création de la capitale française. Mais quand elle rentre au Maroc, c’est en tant que journaliste –mode, of course– et styliste pour des magazines féminins : L’Officiel Maroc, Illi Magazine, Femmes du Maroc et Shoelifer. En parallèle, elle est sollicitée par des enseignes de luxe et de joaillerie dans le cadre du développement de leur image de marque. En 2019, elle réalise son rêve et lance enfin sa propre marque de prêt-à-porter unisexe et écoresponsable, WA_thebrand.

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