LES HORMONES : ARMES ANTI-ÂGE OU BOMBES À RETARDEMENT ?

Nutrition, sport et médecine esthétique composent l’arsenal de base des médecins anti-âge pour lutter contre le vieillissement prématuré. Mais certains n’hésitent pas à sortir l’artillerie lourde : la supplémentation en hormones. Des armes chimiques parfois efficaces, souvent dangereuses. Le point.

Lorsqu’on pense anti-âge, les hormones, ces substances chimiques biologiquement actives sécrétées par les glandes endocrines et jouant un rôle de messagers dans l’organisme, viennent souvent à l’esprit. Il est désormais admis qu’il existe un lien entre le vieillissement et la baisse des taux hormonaux. En effet, les hormones jouent un rôle central dans l’organisme. Elles règlent les fonctions des organes cibles, participant au bon fonctionnement de différents mécanismes : sommeil, croissance, reproduction, sexualité, métabolisme des graisses et du sucre et même l’humeur.
Résultat : la médecine anti-âge propose aux femmes (et aux hommes) l’administration d’hormones pour faire barrage au vieillissement. Comment ? En augmentant les valeurs hormonales afin d’obtenir des effets positifs sur le tonus, les performances cognitives et physiques, l’humeur, la libido ou encore la qualité de la peau.

Qu’est-ce que la médecine anti-âge ?
Pour celle qui ont raté le coche, la médecine anti-âge est une médecine préventive qui lutte contre le vieillissement accéléré (le vieillissement étant inéluctable) par le biais d’une prise en charge globale. Cependant, elle n’est pas une spécialité médicale à part entière. Ainsi, il n’existe pas d’internat formant les spécialistes de l’anti-aging. La formation est dispensée plutôt via des diplômes d’université, des formations complémentaires suivies par des généralistes, des dermatologues, des endocrinologues, etc. En France, la médecine morphologique et anti-âge a été reconnue par l’ordre des médecins en 2006 –bien après les Etats-Unis– lorsque la première formation interuniversitaire dédiée à la lutte contre le vieillissement a vu le jour. Et à notre connaissance, il n’existe pas encore de formation diplômante en médecine anti-âge au Maroc.

Comment se déroule une consultation chez un spécialiste de l’anti-âge ?
L’objectif du médecin anti-âge est d’aider ses patients à rester jeune plus longtemps et améliorer leurs capacités intellectuelles et physiques, grâce à une approche globale, qui va au-delà de la simple médecine esthétique (injections, peelings et autres), en s’intéressant aussi à l’équilibre nutritionnel et hormonal, ou encore à la gestion du stress. La consultation débute par un bilan complet de l’état général de la patiente, qui doit répondre à un questionnaire long et minutieux. Il s’agit de déceler des carences aux niveaux alimentaire et hormonal. Ensuite, le médecin pratique un examen clinique approfondi où, entre autres, la qualité des cheveux et de la peau est scrupuleusement examinée. La première consultation se termine par la prescription d’analyses médicales plus ou moins poussées mais toujours personnalisées. Une fois les résultats obtenus, le médecin anti-âge propose une stratégie anti-âge adaptée aux besoins de la patiente. Les différentes hormones qui faisaient fureur au début des années 1990 lors de l’essor de la médecine anti-âge aux Etats-Unis en font parfois partie. Certains praticiens en prescrivent, d’autres pas. Car la supplémentation en hormones est loin de faire l’unanimité au sein du corps médical. Sont-elles efficaces ? Ont-elles des effets indésirables graves ? Le point sur ces substances.

LA DHEA
De son vrai nom déhydroépiandrostérone, cette hormone produite par les glandes surrénales, est chargée de la protection de notre système nerveux central. Les biologistes la qualifient de « pro-hormone » puisqu’elle contribue à la fabrication d’autres hormones : elle sert notamment à la synthèse de la testostérone et des estrogènes.

Son intérêt en médecine anti-âge ?
Elle serait capable de ralentir le vieillissement musculaire et osseux, contribuer à une meilleure forme physique et protéger de certaines maladies cardiovasculaires.

Ses limites
Pour une grande partie de la communauté scientifique ses effets positifs n’ont pas été suffisamment démontrés chez l’Homme. A l’heure actuelle, les articles scientifiques publiés dans des revues à fort impact ne plaident pas en faveur de son utilisation à des fins anti-âge. En France, la prescription de la DHEA à des fins anti-âge est déconseillée, selon un rapport datant de 2001. De plus, la prise de cette hormone stimulerait les cancers hormonodépendants (sein, ovaires, etc.) et augmenterait les risques de maladies cardio-vasculaires chez certaines personnes. Elle est aussi considérée comme un dopant par l’Agence mondiale anti-dopage. Notons néanmoins que la DHEA est en vente libre aux Etats-Unis… depuis 1992.

LA TESTOSTERONE
La testostérone est l’autre hormone qui fait beaucoup parler d’elle. Hormone stéroïdienne, elle est essentiellement produite par les testicules et les ovaires, ainsi, que, dans une moindre mesure, par les glandes surrénales. Les hommes en secrètent 10 à 20 fois plus que les femmes. Le taux de cette hormone baissant avec l’âge, certains ont eu l’ingénieuse (et fructueuse) idée de proposer des cures de supplémentation. Aux Etats-Unis, ces cures cassent la baraque. Cette hormone est surtout prescrite aux hommes, mais pour certains spécialistes de l’anti-aging, cette hormone aurait des effets bénéfiques chez la femme, notamment au niveau du contrôle du poids corporel, de la santé cardio-vasculaire, de la mémoire, du dynamisme, de la qualité des os et de la gestion du stress.Cependant, les traitements hormonaux substitutifs de la ménopause prescrits aux femmes (par les gynécologues) auraient des effets similaires. Ce qui explique sans doute que l’engouement pour la testostérone est beaucoup plus important chez les hommes.

Son intérêt en médecine anti-âge ?
C’est l’hormone qui favorise, entre autres, le développement des muscles, du désir sexuel, et… de l’agressivité. Sur les forums fréquentés par les habitués de l’hormone, tous les intervenants se disent en « super forme », « ayant des pensées claires », « débordant d’énergie », « un corps ferme » et avec une libido « digne d’un trentenaire ». Combien sont-ils à en prendre ? Ils étaient au moins 1,3 million en 2010 et 2,3 en 2013 aux Etats-Unis. Voilà qui promet des soirées torrides dans l’Upper West Side…

Ses limites
La FDA, l’agence américaine du médicament, vient de tirer la sonnette d’alarme : la supplémentation en testostérone est jugée inutile dans le cadre d’un protocole anti-âge. Pire, elle pourrait induire des accidents cardiaques et vasculaire-cérébraux. En attendant, outre son utilisation à des fins de dopage sportif, elle continue pourtant d’être prescrite aux Etats-Unis dans le cadre de traitements anti-âge. Mais pas en France, où sa prescription est strictement encadrée. Pareil au Maroc, où son utilisation dans un protocole anti-âge est interdite. Cela dit, les détournements sont toujours possibles…

L’HORMONE DE CROISSANCE
C’est l’autre hormone qui fait fureur outre-Atlantique. Dans les hauteurs surplombant West Hollywood ou les quartiers bobos de Silver Lake, c’est l’expédient chimique à avoir dans son armoire à pharmacie pour se (re)faire une plastique de rêve.

Son intérêt en médecine anti-âge ?
Cette hormone joue un rôle dans la croissance, mais pas seulement. Elle participe à la reproduction cellulaire et la fabrication des muscles. En médecine anti-âge, elle est utilisée pour contrecarrer la fragilité associée au vieillissement mais aussi pour… améliorer le métabolisme : mieux utiliser les sucres et brûler ses graisses façon turbo. D’où son succès auprès de certaines adeptes de la taille 0!

Ses limites
La liste des effets secondaires fait littéralement peur : diabète irréversible, hypertension artérielle et pathologies cardiaques, entre autres joyeusetés. Mais si, au Maroc comme en France, son utilisation est strictement encadrée, il est néanmoins possible de s’en procurer, notamment sur le Web ou parfois même, dans certaines salles de fitness rbaties… Avec le mode d’emploi pour se l’injecter.

L’OCYTOCINE
C’est l’hormone du moment ! Elle a été détournée de son usage initial récemment. Celles qui ont vécu un accouchement programmé ont déjà eu affaire à elle… C’est l’hormone injectée en perfusion afin de déclencher le travail et de provoquer des contractions de l’utérus.

Son intérêt en médecine anti-âge ?
L’ocytocine est appelée l’hormone de l’allaitement et le corps médical la surnomme « l’hormone de l’attachement » ou même « hormone de l’amour ». Elle est produite naturellement par le cerveau. Les candidates à l’anti-âge se voient prescrire une version synthétique de l’ocytocine pour le « bien-être », le « plaisir » et… la « sociabilité » qu’elle procurerait. De plus, en 2014, une équipe de l’Université de Californie à Berkeley a étudié l’effet de l’ocytocine sur la santé des souris âgées. Le résultat de l’étude montre que l’injection de l’ocytocine permettait de régénérer les muscles des vieux rongeurs. Autant d’éléments qui expliquent l’engouement de la recherche et de la médecine anti-âge pour cette hormone.

Ses limites 
L’utilisation de l’ocytocine dans le cadre d’un protocole anti-âge n’a été approuvée ni par la FDA aux Etats-Unis ni par les autorités équivalentes en Europe. Son efficacité et son innocuité font actuellement l’objet de tests et recherches. Malgré cela, l’ocytocine reste très souvent prescrite pour lutter contre les effets du temps, comme l’a été la DHEA au début des années 1990. Et ce, même au Maroc, où elle est parfois détournée de ses indications thérapeutiques officielles.

Shoelifer Team

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