RÉVOLUTION FÉMININE : LES CULOTTES MENSTRUELLES, LA NOUVELLE SOLUTION POUR LES RÈGLES ?

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Les règles ne sont plus un tabou et de nouvelles façons de les vivre plus sereinement existent. Après la cup, arrive ainsi la culotte menstruelle. Cette méthode de protection, pratique et surtout écolo, débarque – enfin – au Maroc. Et elle pourrait bien devenir une petite révolution féminine sous la ceinture. Peut-on lui faire confiance ? Quels sont ses avantages ? Comment la porter ? On fait le point avec Naïma Sedrati, gynécologue, et Yasmine Benhamou, créatrice de Madame Olympe, la première marque marocaine de culottes menstruelles.


Serait-ce la fin des tampons et des serviettes hygiéniques ? Peut-être bien. Et pour cause, les protections menstruelles “classiques” sont de plus en décriées depuis quelques années. Jugées néfastes pour l’environnement… mais pas seulement. En mars 2016, l’association 60 millions de consommateurs publie une étude qui indique qu’elles contiennent des résidus de substances toxiques. L’année dernière, c’est un rapport de l’Anses (agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui enfonce le clou : des traces de pesticides ont été détectées, à l’instar du glyphosate, un herbicide exclusivement fabriqué… par Monsanto. Résultat, près de 50 ans après les Etats-Unis (où la composition des produits des protections intimes est encadrée depuis les années 70), la France finit aussi par tirer la sonnette d’alarme.


Le mal est fait. Bien que ces moyens de protection soient jugés au demeurant “sans risque à long terme”, forcément, les consommatrices s’interrogent. Et cela encourage le développement de nouvelles alternatives plus “écolos”, notamment à l’étranger. Vous avez déjà certainement entendu parler de la cup ou des tampons en coton bio. Ces alternatives sont plus naturelles (souvent), pratiques (pas toujours), mais ne se sont pas pour autant révélées infaillibles puisqu’elles peuvent, comme les tampons classiques, entraîner le fameux syndrome du choc toxique (ou SCT). Une maladie infectieuse rare liée au port du tampon ou de la cup pendant plus de six heures. Bref, rien de rassurant.

Mais la dernière arrivée sur le marché, la culotte menstruelle, est sans risque. Cette protection à enfiler comme un sous-vêtement a débarqué il y a 6 ans environ aux USA. Adoptée en France depuis deux-trois ans, c’est la nouvelle protection “safe” qui monte petit à petit au créneau. Et chez nous aussi, puisqu’elle est désormais vendue au Maroc sous les traits de Madame Olympe. Une marque qui a fait le pari de commercialiser la première culotte menstruelle 100% marocaine.


Comment ça fonctionne ? Est-ce hygiénique ? Quid des fuites ? Yasmine Benhamou, créatrice du label Madame Olympe et le Dr Naïma Sedrati, gynécologue et chirurgienne à Casablanca, ont répondu à nos questions.

Le concept expliqué par Yasmine Benhamou, créatrice du label Madame Olympe

La culotte lavable Madame Olympe ressemble à s’y méprendre à un (joli) sous-vêtement, tout en remplaçant la serviette hygiénique classique grâce à un insert de tissu absorbant. Confortable, elle est confectionnée à partir de matières naturelles non traitées et elle est plus absorbante qu’une protection classique.

C’est suite à une allergie aux serviettes hygiéniques que Yasmine Benhamou, ancienne cadre dans l’évènementiel, installée à Casablanca depuis 9 ans, a décidé de développer sa propre gamme de culotte de règles. Elle nous raconte: “En cherchant une explication à mon problème, je me suis dit que c’était quand même fou qu’on mette encore des couches en 2020 ! J’ai commencé à entendre parler des culottes menstruelles, j’ai trouvé le concept génial, mais introuvable au Maroc. Je m’en suis fabriquée une, puis 2, puis 3 à la maison. Résultat ? Un vrai carnage ! J’ai fini par ramener les tissus techniques de l’étranger, et j’ai petit à petit amélioré mon prototype, de cul otte en culotte”. Enfin, en novembre 2020, avec l’aide de professionnels de la confection et du textile, les premières culottes menstruelles marocaines sont nées.


Comment ça marche ?

La culotte est composée de 4 couches. La doublure au contact de la peau est en coton pur : elle permet de drainer le sang vers l’intérieur et de rester au sec, sans sensation d’humidité. Vient ensuite la couche absorbante, en fibre végétale, ultra-absorbante, aux propriétés naturelles antibactériennes et anti-odeurs. Puis arrive un tissu imperméable et respirant, qui agit comme une barrière contre les fuites. Enfin, le revêtement extérieur est en lycra, histoire de sortir du cliché de la culotte de règles en coton à la Bridget Jones.


Ecologique, la culotte menstruelle ?

Si, aux Etats-Unis, les marques les plus connues utilisent un tissu ultra-absorbant souvent composé de nanoparticules d’argent –très polluantes–, en Europe, les culottes sont généralement confectionnées en coton/spandex. Au Maroc, Madame Olympe des tissus traités sans matière chimique nocive, du 100% coton au contact de la vulve, et aucun produit synthétique, ni dérivé de plastique. De plus, la culotte est faite pour durer dans le temps (environ 4 ans), ce qui limite son impact sur l’environnement. Quand on sait qu’au cours de sa vie une femme jette en moyenne entre 100 et 150 kg de serviettes, tampons et applicateurs (selon le livre Flow: The Cultural Story of Menstruation aux éditions St. Martin’s Griffin), c’est sûr, on y réfléchit à deux fois. Pour finir, la culotte est fabriquée au Maroc. Un argument de taille pour Yasmine qui confie: “La plupart des marques françaises produisent soit au Maroc, soit en Tunisie. Ce serait quand même assez ironique que ces culottes soient confectionnées ici, exportées en France, puis réimportées au Maroc à un prix européen. Sans parler de l’empreinte écologique.


L’avis de la doc’, Naïma Sedrati, gynécologue chirurgienne diplômée de la Faculté de médecine de Paris V-VI

C’est un concept intéressant, et une bonne alternative écologique. C’est une solution saine puisqu’elle est conçue pour absorber les règles avec des matériaux plus naturels que les protections jetables que l’on connaît. Mais également avec moins ou carrément pas de produits chimiques ajoutés, comme du parfum et autres, ce qui est très important. Elles sont de surcroît aussi confortables et jolies qu’une lingerie normale. Sur le plan médical, à ce jour on ne connaît aucune contre-indication à ce type de produits, dès lors que les utilisatrices respectent les conditions de port. À savoir ne pas les garder plus de 12h et ne jamais attendre la sensation d’humidité qui provoque les irritations et augmente le risque de champignons et de mycoses. Ce qui est sûr aussi, c’est qu’elles nécessitent une petite période d’apprentissage pour les adapter à son flux.”


Petite guide pratique des culottes Madame Olympe:

  • Les modèles : Il y en a deux. La culotte Olympe noire “classique”, idéale pour tous les jours ou pour traîner sous la couette, et la Gloria, taille haute, avec plumetis sur le côté, un peu plus sexy, et plus gainante.
  • Les flux : Pour l’instant, deux types d’absorption sont proposés. Flux moyens et flux abondants. Les culottes “flux moyens” sont préconisées pour le début et la fin du cycle (elles peuvent absorber l’équivalent de deux serviettes), les “abondantes”, elles, absorbent l’équivalent de 4 serviettes.
  • Le lavage : Une seule règle à respecter: rincer la culotte à l’eau froide ou tiède (surtout pas chaude, cela ferait “cuire” le sang) jusqu’à ce que l’eau devienne claire. Après, il y a deux écoles. Celles qui préfèrent la laver à la main avec un savon normal, (en évitant les savons gras type savon de Marseille ou savon d’Alep qui peuvent obstruer les pores absorbants du tissu), et celles qui préfèrent la mettre en machine. Il faut alors la laver à 30° avec le linge délicat, sans adoucissant, sans détachant, sans eau de Javel, juste avec une lessive classique. Puis on laisse sécher à l’air libre (jamais de sèche linge ou de radiateur qui endommagerait la partie imperméable).
  • Le temps : si on change habituellement de serviette toutes les 4h ou plus, les culottes menstruelles permettent de rester au sec entre 10h à 12h minimum.
  • Combien en acheter ? Cela dépend du flux et de la fréquence de lavage. En moyenne, il est recommandé d’avoir 4 ou 5 culottes pour être vraiment à l’aise.
  • Et sinon, côté odeurs ?  Il n’y en a pas ! C’est souvent le contact du sang avec les matières synthétiques qui engendre des odeurs désagréables. Bien sûr, cela dépend aussi de chaque femme, certaines ayant un sang au Ph très acide, d’autres non.
  • Le prix : à partir de 240 DH la culotte, 450 DH le pack de deux.

 

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Photo © Khouloud Chiguer Photography.

Charlotte Cortes

Une fois son master de l’ESJ Paris en poche, c’est entre la capitale française et sa ville de cœur, Casablanca, que Charlotte fait ses premières armes. Quotidiens d’informations, radio, post-production télévisuelle… touche-à-tout, cette journaliste mue par le désir d’en apprendre toujours davantage rejoint diverses rédactions (Metro, Atlantic Radio…) avec le désir de se frotter à différents médias. C’est à son retour au Maroc en 2015, que le lifestyle s’impose à elle, tout naturellement. Une évidence qui la pousse à intégrer le lifeguide Madame Maroc, dont elle deviendra rédactrice en chef trois ans plus tard. Depuis, elle écume les belles adresses du royaume à la recherche constante de nouveaux labels et autres hot spots. Aujourd’hui, c’est à Shoelifer qu’elle prête sa plume et son enthousiasme pour gérer la programmation du webzine. Ne vous y trompez pas, sous ses airs affairés cette pétillante brunette ne rêve que de danses endiablées, de plages désertes et… de bons plans mode, évidemment.

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