HUMEUR : LA DÉTOX, LA BALANCE ET MOI

2020. Oui, oui, bonne année, la santé, la réussite, tout ça. On connaît la chanson. Mais là, tout de suite, je n’ai pas envie d’évoquer la nouvelle année. Je vous parle de mon nouveau poids. Acquis en une semaine de festivités, comme un petit –gros– cadeau des tout derniers jours de 2019. 

Je sais à quoi vous pensez : aux fameuses résolutions. Eh bien, non ! Loin de là, même. Après tout, nous sommes à l’air du body positive, du “au diable le bikini body et de “l’important c’est d’être bien dans sa tête”.

Et c’est justement là que le vrai problème se pose. Dans ma tête. Il se trouve que j’ai tellement mangé qu’elle est pleine, elle aussi. Mes idées flottent parmi les îles de bûches au nougat, mes pensées se noient, ne parvenant pas à se maintenir à flot sur les coquilles d’huîtres.  De très loin cependant, j’entends une petite voix, enfermée dans une pièce (construite en blinis) de mon inconscient. Elle répète: “Ils essaient de t’avoir, résiste, résiste!”

Le grand complot

Au matin du 1er janvier, la voix est devenue plus explicite : “Tu vois pas que tout ça est fait exprès ? Que c’est un piège pour te faire culpabiliser ? Te mettre au régime et te faire souffrir ?”

Je ne sais pas si la brume matinale (de mes pensées) a été dissipée par un grand café chaud, mais tout était soudain très clair. C’est vrai ! Nous sommes victimes d’un énorme complot. On nous fait croire que du réveillon de Noël au réveillon du 31 décembre, tout est culinairement permis, rien n’est grave. Alors, on profite de cette petite appropriation culturelle pour s’en mettre plein la panse, en se disant que ce n’est qu’un intermède festif. Mais ce sont tout de même huit jours d’excès intensifs, pendant lesquels, à tout bout de champ, on s’exclame : “Oh ça vaaaa… c’est les fêtes !”

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Et après ? On est censé se réveiller le premier jour de l’année avec des envies de quinoa et concombre? Si, si, on nous a entraîné dans une spirale infernale et là, aux premières lueurs de 2020, on nous brandit le drapeau de la détox. Mais non, qui que vous soyez, ça ne se passe pas comme ça. Les choses ne sont pas si simples. Ainsi, hasard (ou coup du sort) de mon calendrier personnel, il se trouve que le 2 janvier, c’est l’anniversaire de ma mère. Rebelote : petit déjeuner copieux, suivi par un repas de famille gargantuesque avec gâteaux aux mille et une calories. Mais le complot ne s’arrête pas là. Car elle pointe le bout de sa fève, elle est juste là… ça y est, c’est la galette des rois !

Et c’est loin d’être fini. Dans les supermarchés, les invendus de chocolats de Noël sont en promo afin de trouver enfin preneur. Les pauvres ! Qui aurait le cœur de les abandonner à un sort incertain ?
D’ailleurs, en parlant de chocolat, de calendrier et de supermarché, on verra très vite apparaître, dans les rayons, les œufs de Pâques. Et oui, ce serait bien trop facile sinon.
Entre-temps, au mois de février, il y aura eu la Chandeleur et ses crêpes recouvertes de pâte à tartiner, de confiture ou de banane flambée.
Bref, le constat –de la balance– est sans appel, des puissances sont à l’œuvre, inflexibles et sans pitié.

La résistance s’organise

Cette cabale désormais mise à jour, que faire ? À ma droite, le petit ange de la sagesse susurre “avec de la volonté, on peut tout, il suffit de vouloir résister”. À ma gauche, le diablotin, qui m’a l’air bien plus avisé, hurle “Céder! Il faut céder! On n’a qu’une vie et il n’y a pas assez de gourmandises sur terre pour toute une vie!”. Et d’ajouter, plus calmement: “Tu te vois regarder Love Actually lovée dans ton plaid, à grignoter des baies de goji? À ce prix-là, je préfère des chips à la truffe noire”. Il marque un point.

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Bon, on va commencer par faire taire ces deux voix, pour éviter l’internement. Mais me mettre délibérément en détox, c’est non, je passe mon tour. C’est l’hiver, j’ai froid, j’ai besoin du réconfort apporté par toutes ces délicieuses calories. La solution, parce qu’il y en a une, c’est de peser le pour et le contre et de prendre une décision objective. Ça c’est une résolution à suivre en 2020.

Un exemple ? Le chocolat. Certes, il me prend par les sentiments. Les “pour”, on les connaît, pas besoin de les énumérer. En revanche, en pensant à la liste des “contre”, il y en a un qui me vient assez facilement : il s’appelle docteur Sninates. Dès demain matin, il va me délester de quelques milliers de dirhams pour remettre en état ma bouche, qui commence à ressembler à Verdun en 1917. Il faut ensuite ajouter le dermato qui va me prescrire moult crèmes et médicaments, quand ma peau aura l’aspect d’un tableau de bord d’A380. La balance (pas le pèse-personne, hein) commence à pencher sérieusement. Ensuite, en tirant un peu sur le cheveu, il y a l’aspect écologique. Pourquoi ? Eh bien dans un paquet de 500g de Schoko-Bons, il y a 86 bonbons, chacun enrobé dans un morceau de plastique…

Enfin, et c’est ma résolution principale, celle qui pèse –sans mauvais jeu de mots– le plus lourd : j’ai décidé d’écouter mon corps. L’écouter, avant qu’il se manifeste, bruyamment, via une crise de foie. Vraiment l’écouter, afin de l’entendre chuchoter. Si vos papilles sont le cœur, votre corps entier est la raison. Donc voilà comment va se passer 2020 : on va se mettre en détox des détox en tout genre et viser l’équilibre entre de bons moments gustatifs un corps en bonne santé. Une santé qui, faut-il le rappeler, ne dépend pas forcément d’un chiffre sur une balance.

Farah Nadifi

C’est d’abord à une carrière d’avocate que Farah aspire, après avoir eu son bac à Marrakech. Rapidement, néanmoins, sa passion pour la mode la rattrape. Née à Paris où elle vit jusqu’à ses 14 ans, elle baigne dans ce milieu : sa mère fait carrière dans le retail de luxe. Après être passée chez YSL, Salvatore Ferragamo, Giorgio Armani ou encore Miu Miu, elle est approchée pour diriger le premier flagship de luxe à Casablanca : la boutique Fendi. Elle la dirige quatre ans avant de devenir acheteuse pour Gap et Banana Republic. Mais au bout de 10 ans de carrière dans le retail, elle se lance dans une nouvelle aventure en s’essayant à l’écriture. C’est avec Sofia Benbrahim qu’elle collabore d’abord, pour L’Officiel Maroc, puis Shoelifer, en tant que journaliste mode et lifestyle.

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