SHOWROOM SAINT-LOUIS : LA TRADITION DU CRISTAL S’INSTALLE À CASA

Saint-Louis. Un nom qui évoque la verrerie des rois de France, des pièces en cristal au savoir-faire unique. Le 7 décembre dernier, la prestigieuse cristallerie a ouvert un showroom à Casablanca. Elle s’est associée à Nuances Maisons pour lancer un espace de 90 m2, exclusivement dédié aux luminaires et qui s’adresse surtout aux professionnels (architectes et décorateurs). À l’occasion de la soirée d’inauguration, nous avons rencontré le PDG de Saint-Louis, Jérôme de Lavergnolle, qui nous a présenté ce nouvel écrin et évoqué l’ADN de la maison. Interview, photos et vidéo de la soirée.

Saint-Louis évoque la Haute Couture du cristal. Comment une manufacture aussi prestigieuse se réinvente-t-elle pour rester toujours aussi créative ?

Cela fait 432 ans que ça dure ! On parle quand même d’une manufacture qui est installée sur le même site depuis 1586. Quand les gens me posent la question « c’est quoi le style Saint-Louis ? », je réponds qu’il n’y a pas de style spécifique, mais il y a des « codes Saint-Louis », un mélange de tradition et d’innovation, qui évoluent au fil des rencontres avec des designers. Et chaque année nous sortons deux collections : celle de septembre est destinée à l’animation de nos collections existantes, tandis qu’en janvier on est dans quelque chose de totalement nouveau. Par exemple, la collection créée l’année dernière par le designer Noé Duchaufour-Lawrence, qui s’est inspiré des codes de la forêt et du bois. Nous, ce sont les designers qui nous inspirent. Ils arrivent avec leurs idées et nos artisans sont là. Nous leur laissons toujours une grande liberté. Tout ce que je leur demande c’est de passer du temps à la manufacture pour sentir, échanger, observer. Pour qu’ils s’imprègnent de l’histoire de Saint-Louis et imaginent quelque chose de différent en se servant de nos codes : couleur, gravure, etc.

Comment Saint-Louis évolue et innove ?

Certains lustres peuvent paraître très classiques. Mais d’un même produit, on peut faire quelque chose d’extrêmement contemporain. Par exemple, je vais faire des branches en flanelle, mettre des abat-jours noirs, enlever les chaînes et du coup, j’aurais un lustre totalement différent. La grande force de Saint-Louis est la capacité à customiser. Les consommateurs ne sont pas seulement là pour acheter, ils ont envie qu’on leur propose quelque chose de personnalisé. Et Saint-Louis leur offre cette possibilité.

Le savoir-faire des ouvriers ou la technique de soufflerie ont-ils évolué au fil des siècles ? 

Ce qui a évolué, c’est la fabrication du cristal. Par le passé, il était essentiellement fabriqué dans des fours à pots, dans lesquels on faisait brûler du bois. Aujourd’hui, les fours fonctionnent au gaz et à l’électricité. Nous avons aussi des fours à bassin pour que le cristal coule en continu. Il faut savoir qu’on n’arrête jamais un four. Si on l’arrête il est mort ! Les deux sites prioritaires en Moselle pour EDF sont l’hôpital de Metz et la Cristallerie Saint-Louis ! Néanmoins, la fabrication du produit fini reste très artisanale, sur la partie cristal, on souffle aujourd’hui comme on soufflait dans le 19e siècle.

Des artistes et designers de renom tels que Paola Navone ou encore Noé Duchaufour-Lawrance ont également contribué au succès de la marque. Avez-vous sélectionné de nouveaux talents pour les prochaines collections? 

Chaque année nous travaillons avec de nouveaux designers ou avec des experts. En septembre prochain, nous allons sortir une nouvelle collection Cocktail avec trois jeunes, qui sont de vrais pros de la mixologie et qui font partie de l’Experimental Club, un groupe qui a des bars un peu partout dans le monde. Ils ont l’expérience et le savoir-faire pour nous dire comment doit être un verre de cocktail et quelles caractéristiques il doit avoir. De même, il y a deux ans quand nous avons sorti la collection Twist, des verres de dégustation, j’ai fait appel à Gérard Margeon, un expert du vin qui est aussi chef sommelier chez Ducasse. Ces compétences ou ces sensibilités externes, on les confronte au savoir-faire verrier pour le faire évoluer. Quant à l’élargissement des gammes et l’animation des collections existantes, nous travaillons plutôt en interne.

Aujourd’hui le luminaire prend le pas sur l’art de la table. Comment expliquez-vous cela ?

Parce que les habitudes de consommation évoluent. Aujourd’hui les tables d’apparat se font plus rares parce les usages sont moins formels. On s’oriente donc sur des usages qui vont permettre de maintenir notre collection comme le cocktail, l’œnologie, l’art du thé, etc. Ou alors on propose le mix & match : un gobelet de couleur pour l’eau et un verre à pied pour le vin, par exemple. Mais si les gens hésitent à mettre 120 euros dans un verre, ils mettent plus volontiers 4000 euros dans une lampe.

Il s’agit du premier showroom  Saint-Louis en Afrique. Pourquoi avoir choisi le Maroc ?

Il y a au Maroc une tradition du cristal en même temps qu’une vraie histoire avec Saint-Louis, il était donc totalement légitime pour nous de s’y implanter. En particulier à Casablanca, la capitale économique du pays : nous avons déjà ici un certain nombre de partenaires qui vendent nos produits ‑comme Nuances Maisons ou Fenêtre Sur Cour‑, mais uniquement dans le domaine de la table et de la décoration. D’où l’idée de ce showroom pour développer le luminaire. Car pour acheter un lustre on a besoin de visualiser le produit. Nous avons d’ailleurs développé une appli qui permet à nos clients de customiser eux-mêmes leur luminaire, et même de le visualiser chez eux… Pour revenir à la question, on commence petit à petit en Afrique, mais en privilégiant les projets et non l’implantation directe. Le Maroc est une priorité pour nous, avant de nous renforcer au Moyen-Orient.

Un coup de cœur en particulier, parmi toutes les collections qui ont jalonné l’histoire de Saint-Louis ?

C’est compliqué de répondre. Mais j’ai un coup de cœur pour la collection de photophores d’Émilie Colin Garros & Philippe Lemaire. Et j’aime beaucoup la collection Matrice de Kiki Van Eijk que je préfère en version cuivrée plutôt qu’en version nickel.

Comment imaginez-vous Saint Louis dans 100 ans ?

Il faut globalement imaginer ce que le monde sera dans 100 ans. Je l’imagine comme une marque de son temps, dans son temps. Et probablement plus connectée.

Découvrez la vidéo de la soirée

 

Fatima Haim

Après des études d’histoire et de journalisme, elle est tombée dans la marmite de la pub et de l’édition, un peu par hasard, en collaborant avec différentes agences. Une fois dissipé l’effet « potion magique », le journalisme la rattrape. Elle papillonne alors dans différents supports : FDM, Afrique Magazine, L’Officiel… Car en 2014, cette parisienne (d’adoption) s’était rendue à Casablanca pour y passer quelques jours. Elle y est encore! Toujours en quête d’air pur (et iodé), pour buller en terrasse ou se déconnecter à coups de longues marches.

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