ÊTRE UN INFLUENCEUR MAROCAIN AUJOURD’HUI, C’EST QUOI EXACTEMENT ?

influenceur marocain

Créateur de contenu, entrepreneur, marketeur digital, instagrameur, youtubeur … Vous vous êtes déjà demandé ce que ça signifiait d’être un influenceur marocain aujourd’hui? Pour le découvrir, on a rencontré quatre personnalités parmi les plus suivies chez nous. Asmaa El Arabi, Saâd Abid, Douja Belkhayat ou encore Joseph Ouechen lèvent le voile sur leurs activités et leur stratégie de présence sur les réseaux. Instructif

Dans la dernière édition du dictionnaire français Larousse, on pouvait enfin découvrir la définition d’un influenceur : “Personne qui, en raison de sa popularité et de son expertise dans un domaine donné, est capable d’influencer l’opinion publique et les pratiques de consommation des internautes par les idées qu’elle diffuse sur un support interactif”. 

Et désormais, on parle également de marketing d’influence. Un marché qui en 2022 devrait représenter 15 milliards de dollars. Du coup, au Maroc, l’administration fiscale se lance aux trousses des influenceurs et de leurs revenus. Mais, derrière cette activité lucrative (ou pas), on trouve souvent à boire et à manger. Créatifs passionnés, artistes engagés, intagrameuses ou encore youtubeuses mode, beauté, lifestyle, cuisine et on en passe… Tout le monde veut faire de l’influence, rêvant d’invitations et autres collaborations fructueuses avec des marques. Sauf que la réalité est différente. Il n’est pas toujours évident de comprendre ce nouveau métier et ses subtilités. Qui sont les influenceurs marocains? Et gagnent-ils vraiment leur vie grâce à leur présence sur les réseaux? Humoriste, influenceur lifestyle, photographe ou aventurier, la rédac’ revient sur le parcours de quatre personnalités très différentes. En commençant par préciser que trois d’entre elles sont d’abord des artistes de métier qui ont gagné leurs galons auprès de leur audience avant de développer leur influence. 


Joseph Ouechen : l’influence à travers le métier de photographe

J’ai conscience que je peux les inspirer et avoir un certain impact

Artiste autodidacte venant des quartiers populaires de Casablanca, Joseph Ouechen s’est fait repérer en 2013, grâce à son blog et son compte Facebook, par l’agence de mannequinat Elite, installée à l’époque au Maroc. En tant que pionnier de la photographie de rue, il est ensuite rapidement contacté par des magazines marocains puis étrangers (Elle USA, New York Magazine) et enfin par de grandes marques internationales (L’Oréal, Chanel…). Parallèlement, il crée son compte Instagram, véritable vitrine de son travail artistique. Aujourd’hui, plus de 35.500 abonnés y suivent ses publications. 

Je ne me considère pas comme un influenceur marocain. Mais, comme mon audience est constituée de jeunes ayant un niveau culturel élevé ou au contraire, de jeunes souhaitant sortir des quartiers, j’ai conscience que je peux les inspirer et avoir un certain impact”, nous dit le photographe. C’est pourquoi, il accepte les collaborations avec des marques (Infinix Mobility, La Poste Maroc ou encore La Fédération Marocaine de Football) uniquement si elles collent avec ses valeurs artistiques et sa ligne éditoriale, déclinées autour du self-made et du développement personnel. Et lorsqu’il collabore avec une marque ou une institution, le relai sur ses réseaux sociaux fait en général partie du package. Joseph ne monétise donc pas directement son influence, même si les outils de communication 2.0 sont devenus indissociables de son métier. Quant à sa stratégie de publication ? Il dit n’en avoir aucune ! 

@josephouechen
https://josephouechen.com


Asmaa el Arabi (The Tberguig) : l’humour sur les réseaux

“C’est un vrai challenge de trouver un terrain commun entre l’histoire d’une marque et l’humour. Cela me permet d’explorer de nouveaux sujets et situations

Ne lui dites surtout pas qu’elle est influenceuse ou créatrice de contenu ! “Je n’aime pas ce terme. Je me considère comme une humoriste dans le sens où je suis passionnée et déterminée à susciter le rire chez les autres.” nous confie Asmaa el Arabi. À peine créé, et alors qu’elle est encore en dernière année d’école, son compte The Tberguig fait parler de lui. Ses personnages caricaturaux et les situations absurdes qu’elle met en scène séduisent autant le grand public que les marques, qui ne tardent pas à la plébisciter. Face à son succès, l’humoriste se professionnalise. Elle créé l’agence Silsila Agency, à travers laquelle elle structure ses partenariats et propose aux entreprises d’écrire des scénarios et storytellings pour raconter leur histoire. 

“C’est un vrai challenge de trouver un terrain commun entre l’histoire d’une marque et l’humour. Cela me permet d’explorer de nouveaux sujets et situations.” nous raconte la jeune femme. Aujourd’hui, son travail sur les réseaux sociaux représente 90% de son activité et elle est suivie par plus de 445.000 abonnés. Si elle enchaine les collaborations et les sketches personnalisés, Asmaa est également sollicitée pour faire des lives et évènements privés pour des entreprises et des institutions, ou encore des premières parties de spectacle. Mais plus qu’un tremplin, Instagram est pour elle un outil essentiel lui permettant de s’exprimer quotidiennement et de nouer un lien avec le public. 

@asmaaelarabi


Saâd Abid : la création de contenu comme vecteur de message

Je ne pense pas être un influenceur. Plutôt un inspirateur, enfin, j’espère

Surfeur (deux titres de champion du Maroc), militant pour la préservation de l’environnement, directeur d’agence de communication et d’événementiel, créateur de contenu… Saâd a plusieurs cordes à son arc. En 2007, il créé sa chaine YouTube afin de promouvoir le Maroc et ses régions en mettant en avant sa passion pour les sports extrêmes et le dépassement de soi. Puis, c’est le tour de Facebook, Instagram, Tik Tok : Saad développe des outils de communication dont il se sert également pour relayer les actions de son association Bahri, œuvrant pour la protection de l’environnement. En 2018, il parcourt le monde et regroupe 26 stars mondiales pour soutenir la candidature du Maroc à l’organisation du futur mondial de football. Avec le mouvement Maymkech 2026, Saâd fait le buzz (même à l’étranger) tout comme lorsqu’il intègre les Forces Armées Royales durant l’exercice African Lion 2021. Mais aujourd’hui, même s’il comptabilise 122.000 followers sur sa chaine YouTube et 141.000 sur Instagram, Saâd ne vit pas de son influence. “Je ne pense pas être un influenceur. Plutôt un inspirateur, enfin, j’espère.” nous dit-il en rigolant. Ses revenus, il les doit à son agence de communication et d’événementiel. Des collaborations, il avoue en refuser plus qu’il n’en accepte. “J’ai été contacté par plusieurs marques qui souhaitaient faire du greenwashing sur mon dos. Je préfère rester intègre que de gagner plus d’argent”. La création de contenu, oui mais s’éloigner de ses valeurs, non. Pour Saâd, l’indépendance prime sur le reste.

@saadabidofficiel
Sa chaine Youtube 


Douja Belkhayat : l’influence comme métier

Aujourd’hui, plus qu’une influenceuse, je me qualifie davantage d’entrepreneuse digitale. De la stratégie au contenu, je fais tout, toute seule. Et c’est bien plus fatiguant que la banque”

En matière d’influence, Douja est l’une pionnières au Maroc. En 2011, alors qu’elle travaille dans le secteur financier et qu’Instagram n’est est qu’à ses balbutiements, elle ouvre un compte pour partager ses passions, ses looks et ses bons plans beauté. “À l’époque, c’était simplement mon échappatoire. Je n’avais aucune stratégie !” nous confie-t-elle. Sa communauté grandit petit à petit et des marques comme Eucérin ne tardent pas à la contacter. “Ces marques m’ont demandé de parler plus en détails d’elles et de leurs produits auprès de ma communauté, moyennant une rémunération.” En 2017, grâce à ces nouveaux revenus, elle quitte son emploi à la banque et se consacre à plein temps à son nouveau statut d’influenceuse. Aujourd’hui, son compte Instagram compte 545.000 abonnés et Douja multiplie les collaborations (en toute transparence). Cela génère même 80 à 90% de ses revenus. Le complément est assuré par son agence de conseil avec laquelle elle développe des campagnes d’influence pour les marques. Concrètement ? Elle les aide à trouver les créateurs de contenu correspondant à leur image et imagine avec eux les stratégies pour mettre en avant leur image et produits. “Aujourd’hui, plus qu’une influenceuse, je me qualifie davantage d’entrepreneuse digitale. De la stratégie au contenu, je fais tout, toute seule. Et c’est bien plus fatiguant que la banque.” nous confie Douja.

@doujablk


Être influenceur marocain… Pas si évident ? 

Au Maroc aucune enquête n’a été menée sur l’attractivité du métier d’influenceur. Mais en Angleterre, 17% des jeunes de moins de 17 ans indiquent que le job de leur rêve est d’être youtubeur ou vlogueur (blogueur vidéo). Pour autant, nombreux sont les déçus. Pour espérer percer, quelques règles s’imposent: un contenu thématisé de qualité, de la créativité, de la régularité, de la transparence et un vrai engagement envers sa communauté. Et même avec toutes ces qualités, peu d’influenceurs arrivent, comme Douja, à en vivre à 100%. En France, ils sont seulement 15% à y arriver. Car une fois la notoriété acquise, il faut encore la convertir. Nombre de clics, taux de conversion, call to action ou nombre d’achats générés, les marques bénéficient d’une palette d’outils pour évaluer leur collaboration avec les influenceurs. Au final, il faut donc rappeler que c’est un  travail stressant… qui n’est pas pour tout le monde. 

 

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