L’INTERVIEW SUCCESS STORY D’ASSAAD BOUAB : “DIX POUR CENT M’A RAPPELÉ L’EFFET MAROCK”

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Impossible de (lui) résister. Assaad Bouab, c’est le parcours qui nous fait tous un peu rêver, les hommes comme les femmes. De Marock à la série Dix pour cent, cet acteur a su traverser les frontières, comme les écrans. Parce que c’est bien plus qu’une belle gueule. Loin des projecteurs, on a voulu savoir qui se cachait derrière ce talent multifacettes. La réponse dans cette interview success story, épisode 2.


Assaad Bouab ? Il est partout où on ne l’attend pas. Jusqu’à squatter Dix pour cent depuis la saison 2. Il y interprète le rôle de Hicham Janowski, un multimillionnaire que l’on a adoré détester. Alors que Netflix diffuse actuellement la 4e et ultime saison (ou pas ?) de la série française désormais culte, il est de passage au Maroc. L’occasion pour nous d’en apprendre un peu plus sur l’homme et l’artiste révélé en 2005, par Marock, le film “générationnel” de Laïla Marrakchi.

Le comédien, qui a grandi à Rabat mais a étudié au prestigieux Conservatoire de Paris enchaîne les seconds rôles dans des productions marocaines (Zaïna, cavalière de l’Atlas, Whatever Lola Wants) ou internationales (Indigènes, Rose et Noir, The bay of silence). Bref, le grand écran, il connaît. Tout comme le petit d’ailleurs, puisqu’il n’hésite pas à mélanger les genres en jouant dans plusieurs séries, dont Cannabis, Homeland ou Kaboul Kitchen. Mais savez-vous qu’il est aussi reconnu, au-delà de nos frontières, comme un pur produit des planches ? Oui, la scène, le théâtre, qu’il côtoie et affectionne depuis ses débuts. Allez, interview success story, acte II… action !

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Votre naissance, votre enfance ?

Je suis né à Aurillac dans le Cantal, mais mes parents vivaient déjà au Maroc à l’époque. J’ai grandi et passé toute mon enfance à Rabat. Comme je suis franco-marocain, je voyageais pas mal, pendant les vacances de Noël, mais aussi l’été, pour voir la famille, les cousins, les cousines… J’avais un tempérament assez agité, il fallait que je me dépense. Que je fasse plein de choses. J’ai toujours touché un peu à tout, même quand j’étais petit. Il y avait le foot, certes mais également le piano, pendant 10 ans. Puis plus tard, à l’adolescence, la guitare, pour jouer avec mon frère. Et les cours de théâtre, évidemment.


Vous aviez déjà envie de devenir comédien à cet âge-là ?

Pas du tout. Cette envie était peut-être en train de germer en moi mais je n’y pensais pas. Lorsque j’ai intégré mon premier cours de théâtre, en terminale au lycée Descartes, je trouvais ça génial, oui, il y avait un côté très joyeux là-dedans, mais l’idée d’en faire mon métier ne me traversait pas l’esprit. J’ai passé mon bac comme tout le monde et je me suis envolé pour entamer des études en éco gestion à Paris. Autant dire que ça n’a pas marché (rires) ! Les amphis, les cours… Désolé pour ceux dont c’est la passion, mais moi je m’ennuyais ferme. C’est là que je me suis petit à petit tourné vers autre chose et je me suis inscrit aux Cours Florent.


C’est le déclic de l’acteur ?

On peut dire ça comme ça. C’était surtout par mimétisme au départ. Un ami à moi s’était inscrit, un an auparavant, et m’en a parlé. Il pensait que ça allait me changer les idées. Et ça, ça a marché (rires)! Le théâtre, au début c’était quelque chose en parallèle de la fac, pour que mes journées soient plus “légères”. Je me disais: “ça va être drôle, on va bien rigoler”. Mais j’ai vite compris que c’était un métier très sérieux. Forcément, je me suis pris au jeu… J’ai commencé à chercher des textes, à vouloir jouer des scènes, donner la réplique. Puis, petit à petit, on a commencé à me parler du Conservatoire.


Le Conservatoire, une consécration pour un jeune aspirant comédien?

Au début, je ne savais même pas ce que c’était (rires). À cette époque, j’ai 19 ou 20 ans et je commence à me dire “pourquoi pas?”. Il y a trois auditions à passer pour pouvoir y entrer. La première année, je n’ai pas réussi les trois. Mais je n’ai pas lâché et l’année d’après, c’était bon. J’ai quitté la fac et me suis mis à travailler pour devenir comédien. Le cursus est exigeant. C’est un rythme de travail assez intensif entre le jeu, le chant, la danse, la Commedia dell’arte, l’histoire, l’escrime… Il faut être perméable, tout absorber. J’ai adoré! Cette envie de jouer a été titillée, nourrie, réveillée par les autres étudiants, par les gens que je rencontrais, les professeurs aussi, qui nous font partager leur motivation et leur passion. Deux ans après mon entrée, j’ai eu la chance de passer une audition pour le film Marock de Laïla Marrakchi. Vous savez, dans ce métier, on dit toujours qu’il y une part de chance, celle de se trouver au bon endroit au bon moment. Même si ça ne suffit pas, évidemment. Sami Bouajila (son ami avec qui il partage l’affiche dans Indigènes ou Hors-la-loi , ndlr) m’a toujours dit que c’est par le travail que les choses avancent. Que c’est comme cela que ça paie. J’ai toujours suivi ce conseil.


Avez-vous ressenti une certaine jalousie à l’époque ?

Oui, quand j’ai obtenu l’entrée du Conservatoire, par exemple. Les élèves qui ne l’avaient pas eu, c’est malheureux, mais leur première réaction a été “pourquoi lui ?”. Mais ça, cela existe dans tous les métiers du monde. Il faut se protéger. Ne jamais se comparer.


Comment avez-vous vécu la célébrité après Marock ?

Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. Le film est sorti pendant que je faisais ma troisième année au Conservatoire. C’est quand je suis revenu voir mes parents, quelques temps plus tard, que j’ai compris qu’il avait eu un impact, et que du coup, je commençais à avoir une petite notoriété. Et les projets se sont enchaînés. Pendant Marock, j’ai pu auditionner pour Zaïna, cavalière de l’Atlas, puis pour Indigènes… Tout ça en parallèle avec d’autres pièces de théâtre et séries télévisées.


Jusqu’à la série Dix pour cent en 2016 ? Vous la connaissiez déjà ?

J’ai regardé en une nuit la saison un ! Un fan de la première heure ! Pour l’audition, j’étais hyper stressé. On arrive transpirant, on ressort transpirant, on n’a pas le temps de se calmer (rires). C’est la plus grande difficulté peut-être. Faire du trac un moteur… C’est ce que je ressens aussi tous les soirs au théâtre : l’hyperventilation, le cœur qui bat, le besoin d’aller pisser toutes les 3 minutes (rires). Je me souviens aussi que pour l’audition j’avais acheté une oreillette bluetooth, afin d’interpréter Hicham. Je me souviens encore de la tête de Camille quand elle m’a vu avec (rires) ! Finalement, j’ai été choisi et ça s’est vraiment bien passé. Je vous avoue que c’était assez intimidant de jouer avec ceux qui étaient au départ mes personnages préférés dans la série, comme Andréa, alias Camille Cottin. Mais les acteurs qui étaient là depuis la première saison m’ont tous accueilli avec bienveillance, ils m’ont fait une place.


Un vrai boost pour votre carrière ?  

Oui, ça m’a rappelé l’effet Marock au Maroc. C’est la première chose que je fais en France qui a cet impact-là. Je me souviens encore d’un monsieur dans la rue avec une grosse barbe blanche qui m’a reconnu: “Oh Dix pour cent, je vous ai vu, bravo, bonne continuation” m’a-t-il dit en me serrant la main. J’étais hyper touché. C’est très encourageant de savoir qu’on a égayé la soirée de quelqu’un… Aujourd’hui, on me propose pas mal de choses, Dix pour cent a vraiment été une opportunité sur ce point-là, tout comme Netflix d’ailleurs. Par exemple, là je vais dans quelques jours en Angleterre pour jouer la suite d’une mini-série adaptée d’un roman : The poursuit of love d’Emily Mortimer sur BBC One. Merci Dix pour cent et merci mon agent aussi qui me la proposée ! Il mérite bien son cachet lui aussi (rires).


Avez-vous peur parfois d’être enfermé dans un type de rôle ?

Oui ça arrive souvent. On te prend pour la même chose : tu sais faire ça, on aime, et on veut faire pareil. J’essaie au maximum de varier les rôles, les projets, et les langues aussi. Tragédie, comédie, film historique, cinéma, séries tv, théâtre… Chaque projet m’apporte beaucoup, même si le théâtre a une place particulière dans mon cœur. C’est là que j’ai commencé à grandir et je ne l’ai jamais perdu de vue. Il me permet de chercher des choses au fond de moi. De répéter les scènes 90 fois, chaque fois d’une manière différente… Après, la télévision et le cinéma, c’est un peu la même chose pour moi, ce n’est pas projeté au même endroit, c’est tout. Toutes ces choses me nourrissent et font que je suis l’acteur que je veux être.


Votre avis sur l’avenir du cinéma marocain ?

Je trouve que c’est très prometteur ! Comme l’ESAV (l’École Supérieure des Arts Visuels) de Marrakech, par exemple. Qui forme déjà de grands et talentueux réalisateurs, des chefs op’, des ingénieurs du son… Il y a plein de choses qui se font.


Un conseil à donner à nos futurs acteurs ?

Je vais reprendre la phrase de mon ami Sami (Bouajila, ndlr) : “Il n’y a que le travail qui paie.” Les soirées, se montrer, c’est bien, cela fait partie du jeu, mais ce n’est pas tout. Ce n’est pas que “moi, ma gueule et ma voix et ça fera l’affaire”. Non, il faut questionner le texte, le personnage. Ne pas avoir peur de sortir de sa zone de confort et ne pas se reposer sur ce que l’on sait faire.


Des projets à venir ?  

Après l’Angleterre, mon frère (Younes Bouab, acteur et scénariste, ndlr) a écrit un scénario il n’y a pas longtemps et nous aimerions bien en faire quelque chose. En ce moment tout est instable, c’est difficile de faire aboutir les projets, donc on croise les doigts. Sinon j’ai toujours cette envie de créer une école de théâtre, ici au Maroc. Enfin, mon souhait le plus cher est que les théâtres rouvrent. J’étais censé jouer Le dernier jour du jeûne de Simon Abkarian au Théâtre de Paris et je n’ai pu faire que 4 dates avant la pandémie. C’est très frustrant. J’espère être reprogrammé début 2022, si tout cela est derrière nous.


Sinon la question a un million dollars : êtes-vous célibataire ?

(Rires). Non je suis marié, mais je ne vous en dirais pas plus.


L’autre question à mille dollars : confirmez-vous une saison 5 de Dix pour cent selon la rumeur qui coure actuellement ?  

Alors ne je suis au courant de rien concernant une éventuelle suite de Dix pour cent. Vraiment je le jure!

Assaab Bouab actuellement sur Netflix dans la saison 4 de Dix pour cent.

Photo(c) Mehdi Triqui.

 

Charlotte Cortes

Une fois son master de l’ESJ Paris en poche, c’est entre la capitale française et sa ville de cœur, Casablanca, que Charlotte fait ses premières armes. Quotidiens d’informations, radio, post-production télévisuelle… touche-à-tout, cette journaliste mue par le désir d’en apprendre toujours davantage rejoint diverses rédactions (Metro, Atlantic Radio…) avec le désir de se frotter à différents médias. C’est à son retour au Maroc en 2015, que le lifestyle s’impose à elle, tout naturellement. Une évidence qui la pousse à intégrer le lifeguide Madame Maroc, dont elle deviendra rédactrice en chef trois ans plus tard. Depuis, elle écume les belles adresses du royaume à la recherche constante de nouveaux labels et autres hot spots. Aujourd’hui, c’est à Shoelifer qu’elle prête sa plume et son enthousiasme pour gérer la programmation du webzine. Ne vous y trompez pas, sous ses airs affairés cette pétillante brunette ne rêve que de danses endiablées, de plages désertes et… de bons plans mode, évidemment.

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