L’INTERVIEW SUCCESS STORY DE KENZA BARRADA, CRÉATRICE DE LA MARQUE DE BIJOUX KASHA BALI

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Tout quitter pour s’installer à Bali, c’est déjà une aventure. Y concevoir sa marque de bijoux et la positionner à l’international, c’est un vrai défi. Le challenge n’a pas effrayé la jeune Casablancaise Kenza Barrada. En 5 ans seulement, sa marque Kasha Bali s’est fait une place à Miami, Singapour ou encore Londres et Paris. Retour sur une success story divinement féminine. 


Partie à Bali pour échapper à un destin qui semblait tracé d’avance, Kenza Barrada y fait une rencontre fortuite qui la pousse à dessiner ses premiers bijoux, un peu par hasard. Mais la chance n’est pour rien dans son succès, qui s’est construit petit à petit, grâce à sa seule volonté. Aujourd’hui installée à Miami, Kenza Barrada n’a pas fini de faire parler d’elle : Vanity Fair, Vogue, et même We Love Buzz… Ses créations originales sont plébiscitées par les plus grands. De l’évidence aux difficultés qu’elle a dû surmonter en passant par ses sources  d’inspirations, la jeune casablancaise (32 ans) livre avec humilité et simplicité l’histoire de Kasha Bali.


Si vous deviez résumer votre parcours en quelques mots…

J’ai fait mes études supérieures dans le marketing du luxe et je me suis ensuite dirigée vers l’hôtellerie de luxe. Sauf que très vite, une petite voix s’est fait entendre, qui me disait que quelque chose n’allait pas. Que je ne pouvais pas, à 26 ans, avoir derrière moi les années les plus excitantes de ma vie. J’ai eu beau essayer de la faire taire, rien n’y faisait. Alors j’ai tout quitté pour m’installer à Bali. Un jour, en me baladant sur la plage, j’ai rencontré Agous, qui avait un atelier de bijoux mais plus aucune commande. Pour l’aider, j’ai fait quelques croquis et lui ai demandé de les réaliser. Et là, bonne surprise : ils étaient magnifiques. Du coup, je les ai vendus sur le marché le dimanche, ce qui m’a permis d’avoir une petite activité en plus. J’ai continué, et j’ai commencé à voir que ça prenait. Je réinvestissais donc tout ce que je gagnais dans la production de nouveaux bijoux… Un an après, en 2017, j’ai développé mon premier site internet et à 28 ans, j’ai monté ma marque : Kasha Bali.


“Mes bijoux sont assez imposants, comme une sorte d’armure
qu’on mettrait avant d’aller au combat ou de signer un traité de paix.”


Comment décrire Kasha Bali et vos bijoux ?

Kasha Bali c’est mon bébé, mon histoire. Mes bijoux sortent tous de mon imagination et retranscrivent mon parcours de femme. Ils sont donc assez imposants, comme une sorte d’armure qu’on mettrait avant d’aller au combat ou de signer un traité de paix. On peut dire que ce sont des bijoux de caractère, à mon image et à celle des femmes qui les portent. Et surtout, ils sont intemporels, inclusifs et abordables (entre 75 et 225 dollars).


Inclusifs, c’est-à-dire ?

Ils sont ajustables et modifiables. Deux amies ayant des silhouettes totalement différentes peuvent se partager un bijou sans souci. C’était important pour moi cette polyvalence, qui permet d’inclure toutes les femmes.


“Je ne veux pas copier les tendances du moment.”


Quelles sont vos inspirations ?

Toutes mes créations sortent de mes tripes. Je ne veux pas copier les tendances du moment. J’ai donc tout un processus de création. Pour chaque collection, je me rends à Bali. Et je médite pour voir ce qui me vient. De manière très instinctive, mes créations sont considérablement inspirées par les cultures africaines. Il peut aussi y avoir des touches grecques ou celtes. Car j’aime célébrer la culture de l’autre et ne pas m’enfermer dans un registre.


La spiritualité est très importante pour vous…

Oui, je suis partie à Bali, suite à un rêve, en quête de moi-même. C’était comme un appel et ma vie là-bas a été comme une évidence. J’étais prête à me battre, et je ne pourrais expliquer pourquoi. Puis c’est encore une fois dans un rêve que mon grand-père m’est apparu, il m’a dit d’entreprendre. Et quelques jours après, je rencontrais mon futur chef d’atelier sur la plage… Je ne dis pas que tout a été facile. Au contraire, sur mon chemin, j’ai dû affronter mes peurs et mes angoisses. Mais au passage, j’ai rencontré ma force, mon courage, ma détermination et ma créativité. Vous savez, je n’ai jamais pris un cours de dessin !


Comment ce parcours se reflète-t-il dans vos bijoux ?

Dans mon histoire comme dans celle des bijoux Kasha Bali, il y a toujours cette dimension spirituelle. Toutes mes créations sont travaillées à la main et essentiellement avec du cuivre traité. C’est un métal qui a des bienfaits pour l’utérus et le cœur. Et comme je crois en la lithothérapie, je fais attention au choix des pierres et minéraux utilisés. Chaque bijou a donc des vertus particulières et un chemin holistique singulier. Si je n’avais pas eu ce parcours, la marque n’aurait pas eu la même empreinte…


“J’ai tout fait sans financement. Je gardais chaque sou pour le réinvestir.
Il y a eu des nuits blanches, des peurs, des larmes même.”


En tant que jeune entrepreneure, quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Imaginez : je suis partie seule, à 26 ans, à l’autre bout du monde. Je ne parlais pas la langue, je n’avais pas d’argent de côté. J’ai tout fait sans financement. Je gardais chaque sou pour le réinvestir. Quand vous êtes auto-entrepreneur, le problème c’est que si ça ne marche pas, vous n’avez rien à manger à la fin du mois. Il y a eu des nuits blanches, des peurs, des larmes même, mais je sentais que c’était mon aventure et je n’ai rien lâché. J’aime mon parcours et je ne le changerais pour rien au monde. C’est dans la prise de risques qu’on voit de quoi on est capable. Et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui, j’apprécie chaque petite victoire ou succès.


“On n’a pas besoin de faire de la médecine ou de la finance
pour gagner sa vie et être épanoui.”


On ne vous a pas beaucoup encouragée à vos débuts ?

Au Maroc, on ne valorise pas assez la créativité et c’est dommage. On n’a pas besoin de faire de la médecine ou de la finance pour gagner sa vie et être épanoui. Alors forcément, mon parcours fait peur ! On devrait donner davantage confiance aux jeunes qui veulent se lancer. Et se concentrer aussi sur les domaines de l’intuitif, de l’émotionnel ou même de l’énergétique et pas que sur le matériel.


C’est pour cela que vous avez choisi de vous installer à Miami ?

Encore une fois, c’est l’univers qui a choisi (rires). J’ai vu une opportunité et je l’ai saisie. Comme toujours, j’y suis allée au culot. Mais il est vrai qu’aux États-Unis, il y a cette culture de l’entrepreneuriat et de la méritocratie. La créativité et la prise de risque y sont valorisées. Avec le recul, je me dis que c’était la bonne décision stratégique, au bon moment.


Mais en ce moment, vous êtes au Maroc…

Oui tout a changé depuis quelques mois ! Mais je vois les choses du bon côté. Du coup, j’ai pris le temps d’être au Maroc et d’asseoir ma marque ici, car c’est quand même mon pays ! On a ouvert une boutique pop-up sur la corniche à Casablanca. Les retours sont excellents, plusieurs points de vente ont passé des commandes, comme l’espace créateurs Shaymine à Casablanca ou encore les boutiques Chabi Chic à Marrakech. Kasha Bali devrait continuer à être présente au Maroc, même après mon départ.


Une petite exclu sur la prochaine collection alors ?

Justement, l’inspiration est berbère ! Enfin, ma sœur me dit que c’est plus extraterrestre que berbère (rires). Le challenge était de célébrer mes origines tout en gardant la patte de Kasha Bali. Donc, ne vous attendez pas à de l’argent, on reste dans le doré et toujours avec un style très moderne.


Question fatidique : si vous ne deviez porter qu’un seul bijou…

Pas facile… J’en change au gré de mes humeurs. C’est-à-dire tout le temps. Je dirais une bague ou des boucles d’oreilles. Après, décider d’un modèle, impossible ! Ce sont mes créations, je les aime toutes.

 

Photo © DR

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