HUMEUR : MOI, L’ANNÉE 2022 ET LE BILAN DES CAUSES PERDUES

année 2022

J-30 avant l’année 2022. Vendredi soir, sur un bout de canap’ au détour d’une conversation, une accro du tarot me supplie d’accepter qu’elle fasse mon thème astral. Vous savez, histoire de faire le bilan de ma vie… et de mes emmerdes. C’est la troisième proposition de ce type que j’ai reçu cette semaine. C’est là que j’ai réalisé qu’il y avait un problème. Pourquoi me demander continuellement de trouver des réponses à des questions que je n’ai même pas posées ? Et pourquoi fin d’année rime obligatoirement avec inventaire ? L’humeur (exaspérée) du mois, c’est par ici.


Métaphysiques des tubes

J- 30. D’un côté, nous avons les psychothérapeutes, les retraites énergétiques, les voyages spirituels, le thème astral, le yoga, les ascendants, la numérologie, la méditation ou encore les coachs en développement personnel… De l’autre ? Deux ans de pandémie, des annonces sanitaires aux allures de coup du lapin, le décès de Virgil Abloh, des masques plus très frais qui grattent le nez et des piqures dans le bras. Ceci explique peut-être cela. Il n’empêche que, depuis quelques mois, je vois apparaître une foule d’apprentis chamanes dans mon entourage. Qui dégainent sans hésiter un discours new age assaisonné de savoir cosmique, déniché sur les méandres d’Internet et de la fibre optique. Le principal sujet du moment ? L’ horoscope 2022. Et tenez-vous bien : “Jupiter la bienfaitrice va traverser le signe du Poissons sur la roue du Zodiac”. C’est à dire ? “Qu’il faut se préparer à accueillir les énergies de l’année 2022. Que nos émotions vont se libérer, qu’après les révolutions initiées en 2021, le ciel nous apprend à nous reconstruire lentement, en veillant à repartir sur des bases solides”. Bref les fêtes de fin d’année ne sont pas encore passées que c’est déjà l’heure de faire le bilan. Fichtre. Et dire que tout ce que je souhaitais, moi, c’était de passer une bonne soirée.


Alors, amour, travail, ou finances pour cette année 2022 ? Heu, il reste un peu de vin ? 

J-27. Désormais, j’esquive les questions existentielles plus vite que mon ombre. C’est vrai, je commence à en avoir ma tasse de thé de ces bilans autocentrés, histoire, tu sais, d’accueillir la fin d’un cycle et de l’année. Accueillir la fin d’un cycle ? Vous croyez que le 1er janvier mes cheveux vont arrêter de tomber, que le virus disparaîtra comme par magie (s’il pouvait se tirer en emmenant ma charge mentale…) ou que mon compte en banque va commencer à se remplir tout seul ? Quant à l’introspection, merci, c’est tous les jours devant la glace. Et je dois dire qu’en ce moment je n’y vois pas un éclat particulier… Bref, vous l’avez compris, ma foi en l’avenir est aussi solide qu’une branche de brocoli trop cuite. Pourquoi ce crucifère ? Parce qu’il est mou et insipide. Et je vous préviens, la première qui me demande  d’être plus optimiste, je lui  fait manger du brocoli !  


Christmas’ spirit

J-25. A force de voir des décorations de Noël partout et de réentendre du Mariah Carey, ça a fini par arriver : j’ai pris “du recul”. Oui, oui, j’ai commencé à mettre mon irritabilité de côté, accepter mes erreurs, réaliser le chemin parcouru, décidé de manger moins gras, et tiens, tant qu’on y est, rependre le sport. Enfin, c’est ce que je pensais. Car toutes ces bonnes intentions ont volé en éclat au bout de 24h, lors d’une crise de nerf avec mon mec, qui a eu le malheur de casser la guirlande du sapin fraîchement décoré. Oui, c’est tout. Ma tante, témoin de la scène, m’a gentiment conseillé d’aller voir un psy et en a profité dans la foulée pour m’envoyer un lien YouTube de méditation guidée. “C’est très facile, tu verras”, m’a-t-elle dit avec un regard mi terrifié, mi choqué. Et si moi ça me fait du bien d’exploser de temps en temps et d’évacuer tout cette m**** accumulée ? Dans un sourire forcé, je l’ai remerciée. Promis, je vais tester.


Wait and see

J-24 avant l’année 2022. Quatrième soirée raclette en deux semaines, une humeur de chien, des billets d’avion à annuler, un découvert qui se creuse et un bouton que je n’arrive pas à cacher. Ajoutez à ça les fringales de chocolat à minuit passé (d’où le fameux bouton) et vous trouverez au bout du chemin une charge de graisse que je n’ai, cette fois, pas franchement envie d’assumer. Parce que le body positivisme, ça ne marche que quand tu es bronzée.


Houston, vous m’entendez ?

J.24. Mais le coup de grâce a peut-être eu lieu quand j’ai enfin décidé d’aller voir un psy après ma crise du sapin enguirlandé. Et qu’un chauffard en a profité pour me percuter à un stop. Je répète, à un stop. Je ne sais pas vous, mais moi, j’y ai vu un signe du destin. Quelqu’un aurait-il tenté d’entrer en contact ? Plutôt que de raconter mes petites misères à une inconnue ou trouver un sens à ma vie dans le marc de café, j’ai donc décidé de rentrer chez moi. D’ailleurs mes copines ne sont-elles pas mes meilleures psy? J’ai annulé mon rendez-vous avec un mensonge presque trop gros pour être vrai. Pas grave, à ce qu’il parait, l’ardoise de bad karma s’efface en fin d’année. Et si Jupiter pouvait faire la même chose pour mes kilos en trop, promis, j’arrête de critiquer. Bref, je suis repartie faire ce qui me fait le plus grand bien en ce moment : glander sans trop me poser de questions. L’année 2022 ? Advienne que pourra, qui vivra, verra. Et c’est finalement peut-être la meilleure des thérapies pour moi. 

 

Par Sarah Kroche. 

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