HUMEUR : RÉSEAUX (ANTI) SOCIAUX

« Tu rigoles, je ne lui parle plus il ne m’a pas souhaité mon anniversaire sur FB ». 2017, cette époque formidable. Ceci est une chronique que vous avez probablement déjà lue, ou que vous avez écrite – sans le savoir – dans votre tête. Parce que bon, vous avez beau sacrifier votre salaire dans le dernier iPhone ou pire, un Samsung Galaxy (c’est pas un nom de glace franchement ?!), il y a des moments où la lucidité nous saisit aux entrailles, nos neurones cramés par les ondes WiFi se réveillent et houspillent notre stupidité.

Même hashtag, même moue boudeuse, même filtre

Oui, aujourd’hui, nos interactions IRL (comprendre in real life) sont conditionnées par les réseaux sociaux. Un non like d’une copine de la vraie vie sur votre dernier cliché posté, c’est le délit amical. Un ami ne vous follow pas sur Instagram, c’est le signe d’un complot qui se fomente à votre insu. Le verdict suprême de la tangibilité d’une amitié ? La date fatidique de l’anniversaire. Que celui ou celle qui ne se fend pas d’un message, qui prend exactement 5 secondes à taper et se borne souvent à un « HB ! », soit pendu sur la place publique. Peu importe les SMS et autres appels. À la limite un Facetime ou un WhatsApp call. Mais oublier de souhaiter un anniversaire au vu et au su de tout le monde (enfin de ceux qui sont connectés, les tribus d’Amazonie on s’en soucie de la même manière que Rihanna, du bon goût), c’est déclarer l’indifférence. Le mal du siècle. Passer inaperçu. C’est l’angoisse de la génération Z, XYW et BMW. Il faut se distinguer en faisant exactement pareil que tout le monde. Mêmes hashtags, même moue boudeuse, mêmes jambes entrelacées pour maigrir le cuissot, même filtre, même riad à Marrakech, même texte chiadé en caption Insta, même mine clownesque pour faire genre je me prends pas au sérieux mais je suis canon (évidemment sans make-up, même si c’est un nude qui prend deux heures à réaliser). Et ça marche. Le suiveur suit.

Mark Zuckerberg a exterminé le tberguig

Mais les réseaux sociaux, au-delà d’uniformiser le monde, ont une autre fonction révolutionnaire, c’est de t’apprendre des trucs que tu aurais aimé savoir EN VRAI. Une sacrée économie. Plutôt que d’appeler toute la famille, postons donc un avis de décès sur Facebook. C’est ainsi que tu apprends, alors que tu scrollais nerveusement zoomant sur les pores dilatés d’une « amie » qui ne maîtrise pas bien encore les filtres (mskina), que ton oncle/ grand cousin / père d’une amie est décédé. Oublié le téléphone arabe. Mark Zuckerberg a exterminé notre talent premier. Ses statuts ont zigouillé le tberguig. Est-ce risible ou terrifiant ? N’a-t-on plus le temps d’annoncer une nouvelle, joyeuse ou triste, individuellement ? Faut-il écrire sa peine en 140 caractères « Bibiche (le chien) s’en est allé. RIP. #royalcanin  #RT » ? Vous pondez une miniature ? Plus de faire-part de naissance, désuet et impérissable (parce que dans 30 ans, une fois ton cloud piraté, tu l’as légèrement dans le baba), une photo sur les réseaux sociaux (même si elle est récupérée par Pampers et la CIA) fait l’affaire. Et c’est là que votre tante éloignée apprend votre grossesse. Ça promet pour les retrouvailles de l’Aïd. #hchouma.
Trêve de plaisanteries. Entre impudeur, devoir d’expression exacerbé, manque total de savoir-être (et de savoir-vivre), les réseaux sociaux ont mis en lumière les travers de l’être humain. Le narcissisme (je ne vous apprend rien, Narcisse faisait un selfie, et il en est mort #CQFD) et, pire encore, le pouvoir de vous faire oublier ceux qui vous sont le plus proches tellement ils vous semblent à portée de clics. Je ne sais pas ce que vous en pensez, je vous laisse me répondre en MP.
#quoteoftheday.

Soraya Tadlaoui

Amoureuse de mode et d’(entre)chats, Soraya Tadlaoui a étudié à Paris la conception rédaction et la danse. Après une première expérience auprès du service de presse de Burberry, elle fait ses armes à la rédaction d’ABCLuxe, au Glamour, en tant que styliste photo auprès du Bureau de Victor agence de photographe, puis à L’Express.fr/Styles. En 2009, elle s’envole pour New York à la poursuite de ses deux passions, avant de tenter l’aventure casablancaise en 2011. Elle intègre alors la rédaction de L’Officiel Maroc. Depuis, professeur de danse, styliste, rédactrice freelance pour différents supports de presse, éditrice de contenus en communication éditoriale et rédactrice web pour le webzine nssnss.ma, elle surfe sur la tendance et sur les petites vagues de Dar Bouazza.

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