HUMEUR : MOI, MES COMPLEXES, LE SUMMER BODY ET LE SYNDROME DU VILAIN PETIT CANARD

summer body

Miroir, miroir, qui aura le plus beau summer body cet été 2022 ? “Certainement pas toi avec cette cellulite incrustée et ce visage grassouillet”, je me réponds face à la glace, au bord de la crise de nerfs. Et pour cause, mon reflet et moi, nous entretenons depuis toujours une relation hautement perverse narcissique. Pas d’échappatoire, devant le miroir, le verdict est toujours sans appel : moche je suis et moche je resterai. Comment guérir du syndrome du vilain petit canard et arrêter de me faire du mal ? Et surtout pourquoi ce penchant pour l’autodénigrement ? L’humeur (psycho) du mois, c’est par ici. 


Le petit oiseau va sortir

Petite déjà, je me cachais dès que ma mère sortait un appareil pour me photographier. Pas moyen de prendre un cliché digne de ce nom. Face à l’objectif, ma seule alternative était de m’adonner à des grimaces et autres pitreries diverses. Plus tard, le toc est resté. Quand mes copines sortent le grand jeu pour la picture Instagram officielle de la soirée, je reste là, sueur au front, à me demander quel profil me va le mieux. Bien sûr, impossible de trancher, je finis toujours par me retrouver avec une bouche tordue, un œil excentré et un bras bien trop épais à mon goût. Bref, pour la photo de l’année, on repassera. Évidemment, cette peur de l’objectif n’est que la partie émergée de l’iceberg : la partie immergée étant mon rapport à mon image. Cheveux, corps, symétrie, poils et finitions : au quotidien tout est scruté, analysé et jugé par un regard laser sans pitié. Alors, le summer body ? C’est un Graal que j’échoue à atteindre chaque été. Mais cette année, j’ai décidé de m’offrir des vacances : oui, à partir d’aujourd’hui je me mets à m’aimer. Les autres suivront.


Le début de la fin 

Ce n’est pas faute d’avoir déjà essayé de m’accepter telle que je suis, avec ce que Dieu m’a donné. Amen. Mais il faut dire que depuis ma plus tendre enfance, les films hollywoodiens et autres magazines ont gravé dans mon cerveau des images de bouches ourlées et de crinières dorées de sirènes. De mon côté, ma tignasse, c’était plutôt la cambrousse, si vous voyez l’effet. Sans parler de mes BFF qui ont eu la bonne idée de naître avec des yeux verts ou bleu azur et de me laisser avec un sentiment de vilain petit canard abandonné. Vous l’avez compris, au cours de ma vie, mes complexes et ces images de perfection ont souvent pris le dessus sur ma raison. C’est comme si chaque détail mal-aimé de mon apparence s’affichait en version XXL. Front trop grand, bouche trop fine, yeux tombants, orteils démesurés ou encore nez “de sorcière”… La liste est non exhaustive.  Ajoutez à ça les cheveux blancs, et le summer body jamais au point. Bref, ma plus grande critique, mon ennemie la plus vache, c’est moi.


“Je ne suis pas folle, vous savez”

Ce dénigrement intempestif a eu, bien évidemment, de nombreuses répercussions sur mon comportement au fil des années. Notamment cette manie de vérifier dans tous les miroirs que je croise si mon apparence est “okay”. Fenêtres de voitures et vitres de magasins compris. Il y a aussi cette grimace que je ne peux pas m’empêcher de faire devant la glace (un genre de duck face imperceptible) ou encore cette façon de mettre la main devant ma bouche dès que je souris (jaunes, vous ne voyez pas que mes dents sont jaunes ?). Sans parler de cette obsession que j’ai de passer ma main dans mes cheveux afin de les lisser par la simple force de mes doigts – ou de mon esprit. Mission impossible. Je peux citer également le fait que je sois mal à l’aise au moindre compliment. Ou encore que quand un mâle de l’espèce humaine me drague (oui, oui, cela arrive parfois), ma première pensée est qu’il doit certainement débarquer tout droit de Berrechid. Bref les traumatismes, comme ma cellulite, ont la peau dure. 


The show must go on

Autant vous dire que l’arrivée de l’été annonce toujours la redescente aux enfers de ma self-esteem. Et l’ouverture d’une guerre sans merci entre mon summer body rêvé et mes complexes détestés. Mais je ne sais pas vous, cette année, il est arrivé plus tôt que prévu l’été… J’étais encore en train de récupérer de mes excès de fin d’année, que paf ! Nous étions déjà en juillet ! Damn it. Résultat, bidon bedonnant, bras flageolants et teint cireux : les virées bronzettes à la plage ressemblent à des parties de cache-cache avec moi-même. Évidemment, pour rattraper le coup, j’ai tenté cette technique absolument inefficace : m’affamer. Sans succès. Car après la première soirée mondaine face au sunset casablancais je me suis jetée sur un burger. Classique. Ce qui a eu pour effet de me donner envie de pleurer sur mon sort, la bouche pleine de ketchup. Tout y est passé, mon poids, mon nez, mes yeux… Quand BAE m’a trouvé sur le sol de la cuisine dégoulinante de larmes, il a fini par me demander si je ne devais pas consulter. Un psy. C’est là que j’ai compris que je devais changer.


FIN

Il m’a certes fallu un peu d’aide pour passer le cap, que dis-je, la péninsule de mes complexes et de ce rapport malsain à mon image. Du coup, je n’ai pas hésité à consulter un coach en développement personnel. J’ai aussi recommencé à prendre du temps pour moi et me bichonner. Au programme, petites (en douceur) et soins beauté qui font du bien. La base, histoire de juste booster ma beauté intérieure, vous voyez. Je pratique aussi désormais l’autovalorisation avec détermination : face à ma glace le matin je me dis “oui c’est moi et c’est très bien comme ça”. À force, je finis presque par y croire… Alors certes, ma cellulite n’a pas disparu, mon summer body n’a pas encore pointé le bout de son nez et mes cheveux continuent de jouer à la guitare électrique. Mais je peux vous dire que cette nouvelle assurance m’a donné cette certaine aura que je recherchais. Car finalement, être sûre de soi et accepter ses défauts, c’est toujours ce qui rend une femme plus belle et désirable, vous ne croyez pas ? Ça marche aussi pour les hommes, d’ailleurs. Je vous laisse méditer. Avant de conclure : bon été toute cellulite dehors, mesdames, et avec vos poignées d’amour, messieurs. Car la vie est trop courte pour se prendre la tête avec son maillot de bain. Et puis, tout le monde le sait, à la fin de l’histoire, le vilain petit canard se transforme en cygne. Et toc.

 

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