HUMEUR : MA SHOPPING ADDICTION, LA FAST FASHION, LE METAVERSE ET MOI

metaverse

Dans la vie, les vêtements ont une importance capitale. Enfin, surtout dans la mienne. Mais si rêver de la garde-robe parfaite frise parfois l’obsession, il faut avouer que dans la jungle de la mode, je commence à perdre tous mes repères. De la prise de conscience écolo à la fashion metaverse, mon rapport aux fringues est de plus en plus…compliqué. Mais jusqu’où ira mon addiction ? L’humeur (tiraillée) du mois, c’est par ici. 

C’est ainsi depuis que je suis toute petite. Vous savez, quand le mot metaverse n’existait pas et que la mode se découvrait sur des magazines oubliés sur la table de chevet… A l’époque, la moindre jupette vue sur Elle, une petite barrette dans un Minnie Mag stimulait déjà mes neurones. D’ailleurs, la robe préférée de ma Barbie est encore gravée dans ma mémoire. Conséquence, aujourd’hui mon passe-temps favori tourne autour de 8 petites lettres : shopping. Des adresses de dépôt-vente aux bons plans mode Instagram, en passant par les sites de e-commerce, tous les moyens sont bons pour assouvir ma fashion quest. Et tel un loup affamé dans la jungle urbaine, je passe au radar les tenues de mes congénères, guettant le moindre vêtement qui me plaît. Ici, une jupe au plissé parfait, là une veste en tweed gris chinée, plus loin une veste rouge carmin qui donne des allures d’amazone péruvienne. Bref, rien n’a stoppé ma recherche du look parfait.


Il y a 3 mois et 15 jours

Le jour où j’ai décidé de reprendre ma vie en main. Ou plutôt que j’ai pensé à celle de la planète, de vie. Et par la même occasion, au bien-être de mon porte-monnaie. Car après des années à dépenser mon salaire en vêtements et accessoires de mode, j’ai décidé d’arrêter le massacre. Stop. Une prise de conscience après avoir regardé un reportage à la TV. Qui m’expliquait par A plus B les impacts de la fast fashion sur notre environnement. Basique mais terriblement efficace. Saviez-vous par exemple que l’industrie du textile est devenue aujourd’hui la seconde plus polluante au monde ? Ou encore que la fabrication d’un seul tee-shirt nécessitait l’équivalent de 70 douches ? Et je ne vous parle même pas des travailleurs qui sont exploités dans des usines au Bengladesh pour une paye annuelle qui représente mon budget Glovo de la semaine. Bref, c’est décidé, fini les achats mal pensés, les pantalons au rabais, les tissus en polyester, les colis envoyés depuis l’autre bout du monde et les effets de mode. Il était temps de revoir mes priorités.


Il y a un mois

Bien tenté. Il a suffi d’une petite déprime pour que je me jette sur le premier site de vêtements en ligne croisé. Vous savez, histoire de retrouver la joie de vivre et de sélectionner un panier plus important que mon budget vacances de l’année… Damn it ! Est-ce grave, docteur ? Quitte à être punie pour mes péchés, autant être bien habillée non ? Enfin, le shopping, n’est-ce pas avant tout un moyen de sublimer le quotidien ? Au bout d’une heure de tergiversations, j’ai fini par retrouver la raison. Supprimé, mon panier à la taxe carbone digne d’une raffinerie de pétrole. Au chaud, mes deniers je garderai. Depuis, les paniers fictifs que j’annule au dernier moment sont une sorte de diversion : Sarah, 1, les sites de vente en ligne, 0. Juste pour me redonner des forces. 


Il y a deux semaines

J’ai replongé. Oui, face à un grand panneau qui m’appelait en m’annonçant les “soldes” en lettres lumineuses, j’ai eu un moment de faiblesse. Une frénésie m’a prise et j’ai commencé à arpenter le magasin de haut en bas comme une furie possédée. Résultat, une addition salée et un taux de culpabilité à l’avenant. Mais ça ne m’a pas arrêté. J’ai filé à la maison planquer mes précieux paquets avant l’arrivée de Bae. Puis, comme une espionne du KGB ou une droguée cachant sa came, j’ai commencé à couper toutes les étiquettes… Ne vous moquez pas, je sais que vous savez. Et hier, ça n’a pas loupé. En apercevant mon pull tout neuf, Chéri m’a demandé: “C’est nouveau ça non ?”. Ce à quoi j’ai répondu, l’air de rien : “Ça ? Non ça fait des années que je l’ai, je ne sais pas pourquoi je le sors jamais”.  Sarah 0, le shopping in real life, 1.


Aujourdhui 

Dans ce combat quotidien, il y a un nouvel adversaire que je n’avais pas prévu : la fashion metaverse. Vous savez, cet univers digital parallèle développé par Mark Zuckerberg censé nous faire vivre notre meilleure vie à coup d’avatars super connectés. Une nouvelle dimension qui n’a pas tardé à attirer les grands noms de la fashion sphère. En 2019 déjà, Nicolas Ghesquière, à l’instar de Valentino ou Jacquemus, signait une skin pour un jeu vidéo connu Aujourd’hui le géant sud-coréen Zepeto, lancé par Naver Z Corp donne la possibilité à ses utilisateurs de se fringuer à l’envi sur la plateforme digitale. Louboutin, Ralph Lauren, Gucci et même l’enseigne Zara s’y associent, tandis que Dior ou Nars y proposent des cosmétiques virtuels. Etre stylé en 3D ? Un marché en pleine expansion dans lequel la nouvelle génération risque bien de laisser quelques plumes. Ainsi, dans quelques années, le must de la tendance consistera à arborer les dernières chaussures à la mode, vêtue d’un jogging, affalée sur son canapé. Vous y comprenez quelque chose, vous ? Je vous rassure, moi non plus.


Le futur

À force de m’imaginer boire des cocktails en hologramme dans ma robe pixélisée, j’ai fini par retrouver mes esprits. Et penser un peu à cette terre. Pour ça, j’ai trouvé la solution : acheter plus intelligemment. Aussi simple que ça. Privilégier des marques de petits créateurs, des sacs indémodables et iconiques dans lesquels investir, des pièces qui durent dans le temps, que je pourrais transmettre, un jour, à mes enfants. Car si mon addiction au shopping ne peut être complètement éradiquée, la notion de transmission, avec des vêtements que l’on peut toucher et sentir sous ses doigts, pourra peut-être donner l’envie du beau et de la mode respectueuse aux prochaines générations. Metaverse ou pas, la fashion qui n’a pas de prix finalement, c’est sûrement celle-là.

Par Sarah Kroche. 

Photo (c) The Next Cartel.

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Professionnels de la mode et du luxe, ils sont journalistes, stylistes ou photographes et surtout aguerris de longue date à l’exercice du style et de la création. Ils ont participé à la genèse de ce site et collaborent au quotidien, avec fraîcheur et non sans esprit critique, à forger son caractère. Découvrez la petite famille de Shoelifer.

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